"Superman : Lex Luthor" est un album cartonné de cent vingt pages sorti chez Panini Comics en février 2006. C'est le premier tome de leur collection DC Icons. En VO, cette mini-série a été publiée en cinq numéros (mars-septembre 2005) sous le titre "Lex Luthor: Man of Steel". C'est une histoire qui peut être lue indépendamment de toute continuité. À ce jour, il s'agit de la seule édition en version française ; cet album n'a pas encore été réédité.
"Lex Luthor" a été réalisé par le scénariste Brian Azzarello et le dessinateur Lee Bermejo. Ils avaient déjà travaillé ensemble sur "Joker" (2008). Outre "100 Bullets", Azzarello a été, entre autres, scénariste de "Superman: For Tomorrow" (2005) et plus récemment de la série "Wonder Woman" (2012-2014). Bermejo, lui, a entièrement conçu l'album "Batman: Noël" (2011). La mise en couleur est de Dave Stewart, le coloriste aux neuf prix Eisner.
Metropolis. Le soleil se couche. Luthor se trouve dans son bureau, au dernier étage du gratte-ciel futuriste qui abrite le siège social de son entreprise, LexCorp. Il observe l'évolution du chantier de la Tour des sciences de Metropolis dans le crépuscule en laissant voguer son imagination. Le flot de ses pensées est interrompu par Stanislaw Levin, un homme d'entretien. Les deux hommes discutent un instant. Le fils de Levin, Joey, sèche les cours de sciences. Luthor s'engage à lui offrir une invitation à l'inauguration de la Tour s'il obtient une bonne note en sciences.
Mona, l'assistante personnelle et maîtresse de Luthor, entre dans la pièce. Luthor invite Levin à sortir. Mona a récupéré les images d'un satellite espion qui a enregistré l'une des dernières interventions de Superman. Lex et Mona s'interrogent sur ce qu'ils savent de l'Homme d'acier. Mona quitte ensuite le bureau elle aussi ; elle doit représenter LexCorp à un bal de charité et y faire une donation. Luthor reste seul, son esprit obnubilé par Superman.
Il est tiré de son introspection par un appel d'Elias Orr, un mercenaire qui travaille pour lui. Orr est en Tchétchénie, où il est parvenu à tirer le docteur Sasha Federov des griffes d'un groupuscule terroriste. Luthor promet à Federov que lui et sa famille seront en sécurité à Metropolis. Ce que Federov, éminent spécialiste en génétique, ignore, c'est que Luthor a tout prévu...
Il est tiré de son introspection par un appel d'Elias Orr, un mercenaire qui travaille pour lui. Orr est en Tchétchénie, où il est parvenu à tirer le docteur Sasha Federov des griffes d'un groupuscule terroriste. Luthor promet à Federov que lui et sa famille seront en sécurité à Metropolis. Ce que Federov, éminent spécialiste en génétique, ignore, c'est que Luthor a tout prévu...
L'originalité de l'histoire d'Azzarello est qu'elle est narrée du point de vue de Lex Luthor. Le scénariste nous plonge dans la psyché tourmentée du génie criminel. Luthor déborde autant de charisme que de cynisme. L'auteur piège le lecteur en jouant sur la sympathie que peut susciter le personnage, mais l'inventeur et entrepreneur finit par être rattrapé par ses ignominies, son absence de scrupules et ses victimes. Superman n'apparaît que relativement peu. L'Homme d'acier tel qu'il est perçu par Luthor est distant, effrayant, surhumain, et son omnipotence est plus évidente que jamais.
Les dessins de Bermejo sont épatants. Son style est très réaliste, sans être figé ; l'artiste parvient à rendre les physionomies particulièrement expressives. Son Superman, souvent représenté avec, dans les yeux, la lueur rouge de son rayon optique, en impose vraiment. Le soin que Bermejo a accordé aux détails des costumes de Superman et Batman est également remarquable. Le déroulement de l'action est très lisible.
La traduction a été confiée à Laurence Belingard. Son travail manque de soin ; plusieurs fautes sont à dénombrer (orthographe, conjugaison, accord, genre), sa traduction est parfois trop littérale et la forme négative est souvent omise. Ajoutons à tout cela que "Chechnya" n'a même pas été traduit par Tchétchénie (énorme !). Enfin, "Toyman" est ici traduit par "le Joueur" - un choix quand même peu inspiré.
Le "Lex Luthor" d'Azzarello et Bermejo a quelque chose de profondément tragique. Luthor est un génie, un être brillant au-dessus du commun des mortels. C'est un visionnaire, un créateur et un innovateur qui aurait relégué Steve Jobs en division d'honneur. Luthor aurait pu être encore bien plus, mais il a fallu, dans son envie de voir l'humanité s'élever, que son esprit soit gangrené par une rancœur abyssale à l'égard de Superman. La tragédie de Luthor, c'est celle d'un génie gâché qui a fait pencher le personnage du mauvais côté - sans espoir de rémission ni de rédemption.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
J'avais également beaucoup aimé ce portrait de Luthor : manipulateur, cynique, cruel, violent et totalement égocentrique, avec des motivations compréhensibles et acceptables.
RépondreSupprimerJ'avais également bien aimé le travail sur les couleurs qui expriment cette sensation de zone crépusculaire où le bien et le mal sont inextricablement liés et l'âme ne dispose pas de boussole facilement lisible.
Superbes interprétations par Bermejo de Superman (dont la composante extra-terrestre est formidablement magnifiée), de Bruce Wayne (Bermejo réinvente brillamment son aspect playboy). Un excellent souvenir de lecture.
J'avais préféré ce "Lex Luthor" au "Joker" des mêmes ; je l'avais trouvé plus novateur et bien plus inspiré.
SupprimerTout pareil que toi : Joker m'avait paru facile et superficiel.
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