samedi 5 mars 2016

Teen Titans : 1980-1981 (Panini Comics ; mars 2006)

En 2006, Panini Comics sortaient, dans leur collection Archives DC, le premier de deux tomes consacrés aux New Teen Titans de Marv Wolfman et George Pérez du début des années quatre-vingts. Ce recueil contient le "DC Comics Presents" #26 (octobre 1980) et les #1-8 de "The New Teen Titans" (novembre 1980 à juin 1981).
Il s'agit de la troisième mouture de l'équipe depuis la création du titre en 1964. C'est aussi un redémarrage à zéro, la série précédente ayant été arrêtée en 1978. Wolfman est au scénario, Pérez au dessin ; Curt Swan (1920-1996) illustre le #5. Dick Giordano (1932-2010) encre le "DC Comics Presents" #26 et Romeo Tanghal la plupart des autres numéros à l'exception du #3, encré par Frank Chiaramonte (1942-1983) et du #6 (Pablo Marcos).

New York. Robin se trouve devant le siège des laboratoires STAR, où une prise d'otages est en cours. Il s'élance vers l'entrée de l'immeuble, mais il est victime d'un bref malaise. Lorsqu'il se ressaisit, Wonder Girl (Donna Troy) est à ses côtés et l'invite à la réunion des Titans. Vaguement inquiet, Robin ne reconnaît ni le cadre, ni Cyborg, ni Starfire, les membres de l'équipe qui lui sont présentés. C'est alors que Raven entre en scène et informe les jeunes gens d'un danger ; un savant a découvert un autre univers et ouvert un portail d'où s’est échappé un dangereux protoplasme...
Une semaine après ces événements, Richard Grayson vient de faire le même cauchemar récurrent. Alors que, perturbé, il s'interroge, Raven apparaît dans sa chambre. Elle informe le jeune homme que des forces occultes sont à l'œuvre et que la situation exige la formation de l'équipe des Jeunes Titans. Elle le charge de réunir le groupe. Raven demande aux Titans d'intervenir dans un conflit entre extraterrestres : la princesse Kordiand'r (Starfire) s'est échappée des geôles gordianiennes et s'est réfugiée sur Terre, mais les esclavagistes sont à sa poursuite...
Plus tard et ailleurs, la RUCHE convoque Deathstroke le Terminator. Les représentants de l'organisation criminelle lui offrent un contrat sur la tête des Jeunes Titans. Deathstroke accepte, mais les parties ne parviennent pas à se mettre d'accord sur les modalités de paiement. La situation dégénère et la RUCHE tente d'abattre Deathstroke. Celui-ci réplique à sa façon, mais sans savoir qu'il a été manipulé...

Wolfman met en scène de jeunes super-héros réunis par Raven, une énigmatique sorcière, qui fait d'eux le dernier rempart contre les plans du démon Trigon. Si les intrigues imaginées par l'auteur sont captivantes, la caractérisation des personnages est remarquable. Raven, fille de Trigon, est une tragédie à elle seule, mais parvient à faire des Titans une équipe. Robin s'émancipe de Batman et va s'imposer comme leader du groupe. Cyborg, aigri, accuse son père d'être responsable de l'accident qui lui à fait perdre son humanité. Starfire est une extraterrestre que ses parents ont dû céder à des esclavagistes ; elle qui tente de s'adapter aux meurs humaines. Kid Flash est un jeune homme impulsif qui aspire à la normalité et qui éprouve des sentiments pour Raven. Wonder Girl, sœur adoptive de Wonder Woman, s'interroge sur ses origines. Changelin est un riche héritier qui tente de cacher une angoisse permanente derrière des plaisanteries puériles. Le ton de l'ensemble est relativement sombre, adulte, et la présence d'une certaine forme d'érotisme est surprenante pour l'époque.
Les dessins de Pérez, d'un classicisme superbe et intemporel, sont tout simplement parfaits. Les personnages sont particulièrement soignés et leurs visages sont expressifs (Raven en pleurs !). L'épisode dessiné par Swan est très (très) légèrement en dessous.

La traduction de Jérémy Manesse est plutôt réussie ; elle a le mérite de ne pas être littérale. La forme négative est cependant trop souvent omise et la relecture a malheureusement laissé filtrer plusieurs fautes (de mode ou d'accord, entre autres).

Ce recueil est une petite perle. C'est dans ces pages qu'ont été créés les personnages de Cyborg, Raven, Starfire ou Deathstroke - excusez du peu. Ces épisodes sont donc à découvrir de toute urgence, surtout le #6, "Dernier Sang" ("Last Kill"), qu'il ne faut pas hésiter à qualifier de véritable chef-d'œuvre de la bande dessinée super-héroïque. Une intégrale des aventures réalisées par Wolfman et Pérez serait bienvenue.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. Ainsi donc, me voilà arrivé à ce premier tome des Teen Titans que tu mentionnais avoir lu dans un commentaire sur Wonder Woman par Perez. J'avais fini par me lancer dans leur relecture (je les avais lus en VF lors de la première édition en français). Le début est assez massif avec des textes très copieux, et un pathos tout aussi massif. Mais les dessins de Perez restent enchanteurs, et j'ai découvert que je me suis vite attaché aux personnages, à leur histoire personnelle, au point de ne plus ressentir le poids des textes dès le tome 3 VO. Je n'avais lu le tome 2 que cinq ans après le tome 1.

    La conclusion de mon commentaire de l'époque pour le tome 1 qui contient le DC Comics presents 26, et les épisodes 1 à 8 :

    La découverte de ces premiers épisodes a dû être un choc pour les lecteurs de l'époque. Les auteurs mettent en scène une équipe de jeunes (identification plus facile pour les lecteurs), prenant leur autonomie, affrontant des adultes, faisant de leur mieux pour trouver leur identité malgré leur (très) lourde ascendance. Effectivement le scénariste est un peu bavard, les dessins peuvent devenir un peu trop denses. Il y a quelques sauts dans l'intrigue qui laissent songeur. Pourquoi est-ce que l'organisation HIVE ne réapparaît pas après le deuxième épisode ? À quoi a servi l'affrontement contre la Justice League ? Pourquoi les Fearsome Five n'achèvent pas les Titans quand ils gisent inconscients devant eux ? Il y a une ou deux notions dépassées, comme l'idée de réussir à utiliser 90% de son cerveau, au lieu des 10% (valeur communément admise à l'époque, ayant été prouvé erronée depuis). Ce recueil s'adresse au lecteur qui veut approfondir sa culture comics. S'il est rebuté par le mode narratif un peu pesant, 3 étoiles. S'il arrive à s'en accommoder, 4 étoiles pour la découverte de ce que cette série pouvait avoir de si singulier.

    Le commentaire entier :

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    1. Tu vois, je n'avais pas été affecté par ce mode narratif "un peu pesant" ; je ne l'avais pas perçu comme ça.
      Je garde un excellent souvenir de ces numéros ; il me tarde de les relire.

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    2. Je suis parvenu au tome 7 de la réédition VO, c'est-à-dire les épisodes 42 à 48. J'ai trouvé que la narration par les dialogues et les cartouches de texte va en se fluidifiant avec une densité d'informations plus importantes, tout en conservant le même volume de texte. Il me faut toujours une fois et demie à deux fois plus de temps pour lire un épisode de cette série, par rapport à un épisode d'une autre série de superhéros de la même époque. Autrement dit, la lecture est plus agréable, même si plus lente.

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