"La Mort de Captain Marvel" ("The Death of Captain Marvel" en VO, dans le "Marvel Graphic Novel" #1 de 1982) est une histoire complète qui aura connu plusieurs éditions en France ; LUG, en juin 1983, SEMIC, en mars 1993 (le nº23 de la collection Top BD, couverture en carton souple, sujet du présent billet), Panini Comics, en juillet 2011, dans la collection "Best of Marvel", et Hachette, en décembre 2016 dans la collection "Marvel Comics".
En 1982, Jim Starlin (connu pour être le créateur de Thanos et le scénariste de "Cosmic Odyssey") reçoit de Marvel l'opportunité de produire une histoire indépendante avec le droit d'y "tuer" un personnage important. C'est ainsi que la "Mort de Captain Marvel" devient le premier "roman graphique" de Marvel. L'album est (presque) entièrement réalisé par Starlin : scénario, dessin, encrage. Steve Oliff réalise la mise en couleur.
Captain Marvel (Mar-Vell) se trouve sur Titan, un satellite de Saturne abritant une société avancée dirigée par le demi-dieu Mentor, secondé par son fils Éros. Mentor est également père de Thanos, tué et changé en pierre par Warlock lors de leur dernier combat. Marvel, tout en observant le paysage stellaire, commence le récit de sa vie depuis qu'il a quitté Kree-Lar. Il se remémore la découverte de la Terre lors d'une mission d'espionnage avec sa bien-aimée, Una, et son ennemi, le colonel Yon Rogg. Il se souvient de son attachement progressif à la Terre et à ses habitants, de la trahison de Yon Rogg et de la mort d'Una. Il revoit l'instant où il devint le protecteur cosmique de la Terre et où Éon lui accorda le pouvoir de conscience cosmique. Évoquant ses combats contre divers tyrans, il ressent à nouveau la lassitude qui l'a amené à se retirer sur Titan. Éros, souhaitant l'informer de l'arrivée imminente, le surprend et lui demande pourquoi il enregistre ses mémoires à ce jeune âge, mais Marvel répond machinalement et met fin à la conversation.
Mentor, Éros et Marvel se rendent sur l'arche de Thanos ; Marvel leur narre le dernier combat de Thanos. L'imposant titan est toujours pétrifié. Mentor estime que le châtiment est mérité, mais il refuse d'abandonner ce qui reste de son fils. La conscience cosmique de Marvel lui fait alors déceler une menace ; des créatures criant au sacrilège fondent sur eux. Elles sont mises en déroute par Marvel et ses amis. Interrogeant l'un d'eux resté conscient, ils comprennent que leurs assaillants, qui se présentent comme les enfants de Thanos, lui vouent un culte et attendent sa résurrection dans l'espoir d'une vie nouvelle. Furieux, Mentor les chasse tous, lorsque Marvel est pris d'une violente quinte de toux...
Starlin met en scène l'émouvante et inéluctable déchéance d'un guerrier qui a combattu les tyrans dans tout l'univers, qui côtoie les demi-dieux, et qui est aujourd'hui terrassé par la maladie. Marvel est sans ressources ; ses pouvoirs sont inutiles. Starlin dépeint la variété des émotions face à la nouvelle : la révolte pour Rick Jones, la joie pour les Krees, l'incompréhension pour la plupart, ou l'impuissance pour certains, car tous cherchent un remède, les super-héros scientifiques en premier lieu. Hélas, le Dr Strange, Reed Richards, Tony Stark, Henry Pym et Henry McCoy, bien que travaillant de concert, sont rapidement confrontés aux limites de leurs connaissances ; un comble. Parmi les scènes fortes, il faut noter, entre autres, la visite de la délégation Skrull et l'intervention de Thanos, qui aide Marvel à accepter la mort. Car c'est lui-même que Marvel devra combattre, en acceptant sa mort imminente.
Starlin n'est pas le meilleur dessinateur de sa génération ; les visages de Thor ou de Captain America en couverture en témoignent. Les visages masculins se ressemblent trop. Il aurait fallu un Neal Adams pour hisser ces planches au rang de chef-d'œuvre. Mais l'artiste fait montre d'une indéniable science du découpage et soigne ses personnages ; Captain Marvel apparaît progressivement diminué, les yeux cernés et les traits tirés. Notons la couverture, une variation sur le thème de la Pietà de Michel-Ange, où la Mort remplace la Vierge, et Mar-Vell le Christ. Quant au dos de couverture, c'est là qu'est le vrai épilogue, avec les héros réunis autour du tombeau de Captain Marvel, composition dont émanent silence et atmosphère de recueillement.
Cette histoire aurait pu être moins condensée, certes, mais la réussite est incontestable. C'est un récit brillant, un incontournable écrit pour un personnage attachant. Ah, si seulement Panini Comics publiaient une intégrale des aventures de Captain Marvel...
Mon verdict : ★★★★★
En 1982, Jim Starlin (connu pour être le créateur de Thanos et le scénariste de "Cosmic Odyssey") reçoit de Marvel l'opportunité de produire une histoire indépendante avec le droit d'y "tuer" un personnage important. C'est ainsi que la "Mort de Captain Marvel" devient le premier "roman graphique" de Marvel. L'album est (presque) entièrement réalisé par Starlin : scénario, dessin, encrage. Steve Oliff réalise la mise en couleur.
Captain Marvel (Mar-Vell) se trouve sur Titan, un satellite de Saturne abritant une société avancée dirigée par le demi-dieu Mentor, secondé par son fils Éros. Mentor est également père de Thanos, tué et changé en pierre par Warlock lors de leur dernier combat. Marvel, tout en observant le paysage stellaire, commence le récit de sa vie depuis qu'il a quitté Kree-Lar. Il se remémore la découverte de la Terre lors d'une mission d'espionnage avec sa bien-aimée, Una, et son ennemi, le colonel Yon Rogg. Il se souvient de son attachement progressif à la Terre et à ses habitants, de la trahison de Yon Rogg et de la mort d'Una. Il revoit l'instant où il devint le protecteur cosmique de la Terre et où Éon lui accorda le pouvoir de conscience cosmique. Évoquant ses combats contre divers tyrans, il ressent à nouveau la lassitude qui l'a amené à se retirer sur Titan. Éros, souhaitant l'informer de l'arrivée imminente, le surprend et lui demande pourquoi il enregistre ses mémoires à ce jeune âge, mais Marvel répond machinalement et met fin à la conversation.
Mentor, Éros et Marvel se rendent sur l'arche de Thanos ; Marvel leur narre le dernier combat de Thanos. L'imposant titan est toujours pétrifié. Mentor estime que le châtiment est mérité, mais il refuse d'abandonner ce qui reste de son fils. La conscience cosmique de Marvel lui fait alors déceler une menace ; des créatures criant au sacrilège fondent sur eux. Elles sont mises en déroute par Marvel et ses amis. Interrogeant l'un d'eux resté conscient, ils comprennent que leurs assaillants, qui se présentent comme les enfants de Thanos, lui vouent un culte et attendent sa résurrection dans l'espoir d'une vie nouvelle. Furieux, Mentor les chasse tous, lorsque Marvel est pris d'une violente quinte de toux...
Starlin met en scène l'émouvante et inéluctable déchéance d'un guerrier qui a combattu les tyrans dans tout l'univers, qui côtoie les demi-dieux, et qui est aujourd'hui terrassé par la maladie. Marvel est sans ressources ; ses pouvoirs sont inutiles. Starlin dépeint la variété des émotions face à la nouvelle : la révolte pour Rick Jones, la joie pour les Krees, l'incompréhension pour la plupart, ou l'impuissance pour certains, car tous cherchent un remède, les super-héros scientifiques en premier lieu. Hélas, le Dr Strange, Reed Richards, Tony Stark, Henry Pym et Henry McCoy, bien que travaillant de concert, sont rapidement confrontés aux limites de leurs connaissances ; un comble. Parmi les scènes fortes, il faut noter, entre autres, la visite de la délégation Skrull et l'intervention de Thanos, qui aide Marvel à accepter la mort. Car c'est lui-même que Marvel devra combattre, en acceptant sa mort imminente.
Starlin n'est pas le meilleur dessinateur de sa génération ; les visages de Thor ou de Captain America en couverture en témoignent. Les visages masculins se ressemblent trop. Il aurait fallu un Neal Adams pour hisser ces planches au rang de chef-d'œuvre. Mais l'artiste fait montre d'une indéniable science du découpage et soigne ses personnages ; Captain Marvel apparaît progressivement diminué, les yeux cernés et les traits tirés. Notons la couverture, une variation sur le thème de la Pietà de Michel-Ange, où la Mort remplace la Vierge, et Mar-Vell le Christ. Quant au dos de couverture, c'est là qu'est le vrai épilogue, avec les héros réunis autour du tombeau de Captain Marvel, composition dont émanent silence et atmosphère de recueillement.
Cette histoire aurait pu être moins condensée, certes, mais la réussite est incontestable. C'est un récit brillant, un incontournable écrit pour un personnage attachant. Ah, si seulement Panini Comics publiaient une intégrale des aventures de Captain Marvel...
Je l'ai lu lors de sa première sortie en VF (et relu depuis en VO) : un souvenir inoubliable.
RépondreSupprimerStarlin n'est pas le meilleur dessinateur de sa génération. - C'est vrai, mais en même temps il a réussi le mariage de Jack Kirby et Neal Adams, avec une bonne sensibilité pour le space-opéra. Je suis un lecteur enamouré de Starln, et donc des plus partials. :)
Je préfère Starlin scénariste à Starlin dessinateur.
SupprimerIl n'empêche que la relecture de cette histoire après toutes ces années à été un petit bonheur.