"Le Mercenaire" est une série de bande dessinée créée et réalisée (scénarisée, illustrée, encrée et mise en couleur) par l'artiste espagnol (catalan) Vicente Segrelles. Elle a d'abord été publiée en Espagne à partir de mars 1981, dans le premier numéro du journal "Cimoc", sous le titre "El Mercenario". En France, elle a été publiée dans le magazine Circus, qui appartenait aux éditions Glénat. C'est chez Glénat que paraîtront les treize tomes de cette série médiévale fantastique (qui peut être, hélas, considérée comme finie), entre 1982 et 2004.
"La fortaleza" est le titre VO de ce cinquième tome, sorti en VF sous le titre "La Forteresse", chez Glénat, en 1991. Il n'a connu qu'une édition. C'est un album de quarante-cinq planches.
Dans le tome précédent, le Mercenaire sauve un jeune enfant d'un sacrifice organisé par la Secte de la lumière. Mais les deux fugitifs tombent sur une escouade de soldats de Claust, l'alchimiste renégat. L'intervention de Nan-Tay empêche les sbires de Claust de procéder à une exécution sommaire. Leur présence faisait partie d'une machination ourdie par l'alchimiste, qui a envoyé un commando faire exploser l'entrée du cratère afin que la Cité soit condamnée par la montée des eaux et que ses habitants n'aient d'autre choix que de remonter à la surface, où des soldats les attendront. La cité peut être débloquée par une explosion, mais seule une mèche courte est disponible, condamnant celui qui l'allumera. Le garçonnet, à l'insu de tous, se sacrifie en mettant le feu à la poudre, sauvant ainsi la Cité.
Le Grand Lama préside un conseil de la Cité du cratère. À ses côtés, sur l'estrade, se trouvent le Mercenaire et le frère Arnoldo de Vinci. Le Grand Lama souligne que cela fait un moment que Claust laisse la Cité tranquille. Cependant, d'après les dernières nouvelles, il a fait construire une forteresse où il a fait entreposer de la poudre et des munitions afin de dominer la région et d'intimider les pays voisins. Ces informations proviennent de Nan-Tay, qui s'est infiltrée dans la forteresse. Le Grand Lama expose les deux options qui s'offrent à la communauté. Rétablir l'équilibre en armant les voisins pour leur permettre de riposter à Claust n'en est plus vraiment une, car la situation dégénérerait en une guerre qui amènerait, entre autres, la destruction de la Cité. Nan-Tay aurait identifié le point faible de la forteresse : ses soupiraux. Pour le Grand Lama, il faut exploiter cette faille ; un bateau ancré au large crachera une charge explosive par l'un des soupiraux, détruisant ainsi la cible. Le Grand Lama laisse la parole à Arnoldo, le maître armurier ("le meilleur du monde", précise plus tard le Grand Lama au Mercenaire). Arnoldo, réputé pour ne pas parler à la légère, explique à l'assemblée que le plan retenu exige un immense effort de tous...
Cette fois-ci, le Mercenaire dirige ce qui ressemble à une opération suicide dans une intrigue où le scénario des "Canons de Navarone" aurait été inversé. La préparation de l'expédition est passionnante et la tension monte doucement. Pour les besoins de l'intrigue, Segrelles crée un nouveau personnage récurrent, le frère Arnoldo de Vinci (le clin d'œil est évident, d'autant que l'on a tendance à oublier que Léonard de Vinci a servi comme ingénieur militaire, pour les Vénitiens, puis pour les Florentins). Segrelles n'hésite pas à renforce la crédibilité du scénario avec des représentations de schémas techniques. L'auteur met - encore une fois - la nature érotique du personnage de Nan-Tay en évidence, tandis que Claust, grâce à une conclusion spectaculaire, prend encore de l'ampleur en tant que super-vilain de la série et n'a presque plus rien à envier à des crapules telles que l'empereur Ming de Flash Gordon.
Bien que Segrelles ait tendance à abuser de la narration décompressée, ses dessins sont magnifiques. Regardez la seconde case, où le conseil est somptueusement mis en images et notez la perspective, qui renforce l'atmosphère de solennité, les jeux d'ombre et de lumière ainsi que le vitrail. La troisième planche offre une admirable illustration de la forteresse, avec un travail sur les dégradés de couleur qui donne encore davantage de réalisme à l'ensemble. Le style de l'artiste est remarquable, notamment dans les planches du bombardement de la forteresse par la "canonnière".
Il avait fallu attendre près de quatre ans après "Le Sacrifice". Après "La Forteresse", une histoire très solide (la traduction est perfectible, hélas), Segrelles retrouvera un rythme de publication plus régulier. La suite est contée dans "Le Rayon mortel" (1994).
Cette fois-ci, le Mercenaire dirige ce qui ressemble à une opération suicide dans une intrigue où le scénario des "Canons de Navarone" aurait été inversé. La préparation de l'expédition est passionnante et la tension monte doucement. Pour les besoins de l'intrigue, Segrelles crée un nouveau personnage récurrent, le frère Arnoldo de Vinci (le clin d'œil est évident, d'autant que l'on a tendance à oublier que Léonard de Vinci a servi comme ingénieur militaire, pour les Vénitiens, puis pour les Florentins). Segrelles n'hésite pas à renforce la crédibilité du scénario avec des représentations de schémas techniques. L'auteur met - encore une fois - la nature érotique du personnage de Nan-Tay en évidence, tandis que Claust, grâce à une conclusion spectaculaire, prend encore de l'ampleur en tant que super-vilain de la série et n'a presque plus rien à envier à des crapules telles que l'empereur Ming de Flash Gordon.
Bien que Segrelles ait tendance à abuser de la narration décompressée, ses dessins sont magnifiques. Regardez la seconde case, où le conseil est somptueusement mis en images et notez la perspective, qui renforce l'atmosphère de solennité, les jeux d'ombre et de lumière ainsi que le vitrail. La troisième planche offre une admirable illustration de la forteresse, avec un travail sur les dégradés de couleur qui donne encore davantage de réalisme à l'ensemble. Le style de l'artiste est remarquable, notamment dans les planches du bombardement de la forteresse par la "canonnière".
Il avait fallu attendre près de quatre ans après "Le Sacrifice". Après "La Forteresse", une histoire très solide (la traduction est perfectible, hélas), Segrelles retrouvera un rythme de publication plus régulier. La suite est contée dans "Le Rayon mortel" (1994).
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
J'ai l'impression qu'avec cet album le scénario gagne en ambition, en particulier par le choix stratégique à adopter. Effectivement le clin d’œil à Léonard est rigolo... mais ce n'était pas une tortue ninja ? :)
RépondreSupprimerOui, et c'est un peu pareil avec "Le Rayon mortel", qui m'a rappelé "Les Canons de Navarone".
SupprimerQuant à Leonardo, je crois que tu confonds avec un joueur de l'AC Milan :-) .