lundi 17 avril 2017

"Captain America" : L'Intégrale 1971 (Panini Comics ; février 2015)

Le cinquième tome de l'intégrale Panini Comics consacrée à Captain America comprend les douze numéros de la série "Captain America" de 1971, du #133 de janvier au #144 de décembre. Chaque épisode compte dix-neuf planches, sauf le #143 (trente-cinq), pour un total approchant les deux cent cinquante planches.
Les scénarios des numéros #133 à 141 ont été conçus par Stan Lee. Au #142, Lee passe le flambeau à Gary Friedrich, qui finira l'année, mais ne restera pas longtemps sur le titre. Gene Colan (1926-2011) dessine jusqu'au #137, à l'issue duquel il laisse le poste de à John Romita. Romita dessine les épisodes restants ; il n'illustre que le premier chapitre du #144, laissant la seconde moitié à Gray Morrow (1934-2001). Outre Romita, Dick Ayers (1924-2014), Tom Palmer, Bill Everett (1917-1973), Tony Mortellaro, George Roussos (1915-2000) et Joe Sinnott participent à l'encrage.
Il s'agit ici de la première édition de ce tome ; de cette intégrale, seul le premier a été réédité pour l'instant. La couverture, signée Romita Sr, est adaptée de celle du #143, de novembre 1971.

Fin 1970, Steve Rogers lutte contre la déprime et parcourt son pays à moto. Il en revient plus positif. En 1971, MODOK conçoit une créature dont le but est d'assassiner Captain America. Le Vengeur et le Faucon mettent ensuite fin aux agissements d'un gang de racketteurs. Puis, alors qu'il présente le Wilson au SHIELD, un scientifique, le Dr Gorbo, procède à une dangereuse expérience, affaire qui amène Captain America à faire face à l'Homme-Taupe. À leur retour, le Faucon, qui veut se faire un nom, s'en prend à l'Araignée. Après cela, Rogers rejoint la police afin d'enquêter sur de mystérieuses disparitions ; ses investigations le mènent sur la piste de la Gargouille grise, qui veut s'emparer d'un élément chimique ultra-destructeur. Mais à Harlem, la colère monte et des activistes afro-américains, menés par un étrange leader cagoulé, préparent leur révolution dans la violence. Plus tard, le SHIELD passe devant le président Nixon pour discuter budget.

1971 n'est pas un grand cru. Certains épisodes ont un goût de déjà-vu ; le Bulldozer du #133 rappelle le Cyborg du #124 (avril 1970). Le #135 est une variation sur le thème du Dr Jekyll et Mr. Hyde. Lee introduit néanmoins de nouveaux éléments. Rogers se réconcilie avec Sharon Carter ; les femmes jouent un rôle important, cette année-là. Le Faucon est plus présent aux côtés de Captain America, dont il devient le frère d'armes. Lee donne un code à presque chaque manœuvre acrobatique du duo (la "7", la "K", "opération L", "plan D", etc.), renforçant le côté infantile de dialogues qui n'en ont pas besoin. Cette camaraderie est rapidement entachée d'une certaine rivalité, surtout par les non-dits. Le scénariste évoque les troubles raciaux de façon timide et conservatrice. La communauté afro-américaine est nourrie d'une rage aveugle et revancharde qui l'empêche de réaliser qu'elle est manipulée. Face à eux, Captain America incarne un héros empathique et tempéré, ce qui permet à la série de rester politiquement correcte. L'emblème au poing levé (ici, le poing est rouge) au dos des combinaisons fait référence au Black Panther Party, et le titre du #143, "Power to the People", évoque la chanson de John Lennon du même titre (le simple est sorti en mars 1971). Mais lorsque Marvel veut évoquer le féminisme, l'hommage du dernier numéro (la Force féminine du SHIELD) tourne au grotesque.
Le style fluide et expressif de Colan (la diversité des physionomies de ses personnages est remarquable) fait place à celui de Romita, nettement plus classique, plus fini et moins sombre. Romita, dont il est dit qu'il a défini le style Marvel Comics pour des générations de lecteurs. La surprise vient de la seconde moitié du dernier épisode, illustrée par Morrow d'une façon très réaliste qui a conservé tout son modernisme.

Aucune continuité du côté des traducteurs, puisqu'il y en a deux : Thomas Davier et Laurence Belingard. Plusieurs traducteurs, cela signifie également plusieurs styles. De plus, la relecture (s'il y a eu relecture) a laissé passer des fautes de grammaire.

En 1971, "Captain America" est une série à la peine et qui a dû mal à se renouveler. Lee, à bout d'inspiration, a la bonne idée de passer la main. Colan quitte le titre, qui devra attendre encore quelques mois avant de retrouver un tandem artistique stable.

Mon verdict : ★★☆☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Présence07 juillet

    A priori des épisodes que je n'ai pas lus, ou alors ils n'ont laissé aucune trace dans ma mémoire. C'est toujours intéressant de constater comme tu le fais remarquer que les équipes créatrices n'étaient pas vraiment plus stables à cette époque que maintenant. De même ton commentaire me fait m'interroger sur ce que Stan Lee pouvait percevoir du mouvement des Black Panthers, s'il pouvait en avoir une compréhension plus approfondie que les informations télévisées et les journaux.

    Ta mention de Richard Nixon me fait me souvenir que Steve Englehart avait été un peu gêné aux entournures pour conclure Secret Empire, du fait du décalage de plusieurs mois entre l'écriture de son scénario et la parution du comics. En fait il ne savait pas trop comment et quand conclure pour ne pas être trop en décalage avec des événements (l'issue du procès de Nixon) ne devant survenir que plusieurs mois plus tard.

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  2. Oui. En fait, j'ai surtout trouvé cette vision des "Black Panthers" très moralisatrice, finalement.
    J'ai malgré tout trouvé cela plus fin et moins caricatural que le propos bourrin d'O'Neil et Adams avec Green Lantern et Green Arrow.

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