"Le Jugement" est le douzième tome de la série "XIII". Cet album cartonné de quarante-six planches est sorti chez Dargaud en septembre 1997 ; c'est la suite de "Trois Montres d'argent".
La série a été créée par Jean Van Hamme (au scénario), incontournable scénariste de la bande dessinée franco-belge, coauteur de "Thorgal", "Lady S." ou "Largo Winch" - s'il ne faut citer que quelques-unes de ses œuvres - et William Vance (au dessin), illustrateur de séries importantes, telles que, entre autres, "Ringo", "Bob Morane" ou "Bruno Brazil". Assez curieusement, ces deux géants devaient au départ collaborer sur "Bruno Brazil". Vance est malheureusement atteint de la maladie de Parkinson ; il a dû se retirer il y a quelques années.
À l'issue de "Trois Montres d'argent", les révolutionnaires du Costa Verde défont ce qu'il reste des troupes présidentielles. L'ambassadeur des États-Unis informe alors XIII qu'il est attendu au pays sur ordre du président Sheridan. Le général Ben Carrington, chef d'État-Major des armées, aurait perdu la tête.
Retour en arrière. Un hélicoptère de l'armée amène Sheridan au Pentagone. Il est accompagné du secrétaire d'État à la Défense, Patrick Donnelly. Les deux hommes sont accueillis au Pentagone par le général Benjamin Carrington et son successeur, à la tête de l'État-Major des Armées, le général James Elroy Wittaker. Carrington, ayant atteint l'âge limite, doit passer la main. Le quatuor se rend à la salle des codes du Pentagone, où ils vont se transmettre les clés de la riposte nucléaire. L'événement est largement couvert par la presse. Tandis que la plupart des journalistes râlent que ces cérémonies protocolaires manquent décidément d'imprévu, l'un d'eux pointe le doigt vers un hélicoptère en approche. Les professionnels de la presse craignent un instant un attentat et les services secrets ont déjà dégainé. L'hélicoptère amorce un virage et revient vers les journalistes : c'est Carrington qui est aux commandes et il leur adresse un signe amical. Carrington n'est-il pas censé se trouver au quatrième sous-sol du bâtiment ? Les hommes du président se précipitent vers la salle des codes. L'officier du service secret qui porte la mallette les informe que personne n'est sorti. Un amiral accepte de leur ouvrir la porte de la salle. À l'intérieur, le secrétaire d'État à la Défense, Donnelly, et le général Wittaker gisent inanimés au sol. Le désordre qui règne dans l'endroit indique qu'il y a eu lutte.
Plus tard, XIII, Jones, le vice-président et d'autres hauts-fonctionnaires sont en réunion de crise à la Maison-Blanche. Non seulement Carrington a enlevé le président, mais il a en outre modifié les codes de lancement des missiles nucléaires américains...
Cet album est sans aucun doute le sommet de ce premier cycle, qu'il referme de façon presque parfaite. "Le Jugement" est vraiment la conclusion que méritaient ces douze premiers épisodes et rattrape un "Treize contre Un" décevant. Van Hamme ne ménage pas le lecteur et ne lui épargne aucun rebondissement, aucune surprise, aucun drame. Le scénario est impeccable, solide et cohérent, riche en action et en retournements de situations, avec quelques moments vraiment forts (la scène de la grenade ou encore Carrington au chevet de sa fille). Au début de l'album, plutôt que de multiplier les cartouches, l'auteur utilise, de façon originale, les commentaires d'un journaliste en direct pour livrer les quelques explications nécessaires sur le protocole de passation des codes de l'arme nucléaire. Le dosage entre narration, action et dialogue est, une fois n'est pas coutume, irréprochable. Le personnage du général Wittaker n'est pas sans rappeler un certain Colin Powell - hypothèse à confirmer. Intrigue principale et tragédie familiale se rejoignent pour de bon en fin de volume.
"Le Jugement" contient les ingrédients nécessaires pour que Vance s'éclate. Véhicules (hélicoptère On Board Marine One, Cessna A-37, Humvee, etc.), scènes d'action à foison, paysages variés... L'artiste soigne ses personnages et apporte variété aux physionomies. Il alterne découpage classique, aéré, et planches serrées avec inserts. La lisibilité est parfaite. La planche sans paroles avec Carrington et Kim est touchante.
Cet album clôt magistralement le premier cycle, qui sera en fait véritablement conclu avec "The XIII Mystery : L'Enquête". Van Hamme et Vance vont finalement accepter d'étirer la série afin que Dargaud puisse continue à exploiter le juteux filon.
Mon verdict : ★★★★★
Cet album clôt magistralement le premier cycle, qui sera en fait véritablement conclu avec "The XIII Mystery : L'Enquête". Van Hamme et Vance vont finalement accepter d'étirer la série afin que Dargaud puisse continue à exploiter le juteux filon.
Mon verdict : ★★★★★
Barbuz
En lisant tes commentaires, je me suis demandé si tu avais lu les tomes de la série au fur et à mesure de leur parution, ou si tu t'es plongé dans la série alors que plusieurs tomes étaient déjà parus.
RépondreSupprimerJe n'ai jamais suivi cette série de façon régulière. J'avais déjà lu des tomes ici et là, mais ai décidé de reprendre la lecture à zéro pour alimenter mon blog.
SupprimerPourquoi cette question ?
Je suis curieux de nature, et en plus je me souviens que j'avais lu les premiers tomes de manière rapprochée, mais j'avais vite perdu le fil des modifications rétroactives découlant des révélations à la chaîne sur des pans d'amnésie de XIII. Du coup j'étais bien incapable d'apprécier la cohérence du parcours personnelle du personnage. Visiblement, tu n'as pas l'air d'être confronté à la même difficulté.
RépondreSupprimerC'est également une difficulté pour moi, quand il s'agit d'une série comics au long cours. J'en lis 2 ou 3 tomes pour me faire une idée. Si elle me plaît, je laisse les volumes s'accumuler afin de pouvoir en lire 3 ou 4 de manière rapprochée, mais j'ai alors oublié une partie de l'intrigue initiale.
Je lis en moyenne deux albums tous les deux mois.
SupprimerBien que ce rythme soit "correct", je ne te cache pas que garder le fil de toutes les identités et se souvenir de tous les noms que le personnage a portés n'est pas évident.
Et j'ai cru comprendre que ça se compliquait dans le second cycle...