"Le Pays qâ" est le dixième tome de la série "Thorgal". Il est sorti aux éditions Le Lombard en avril 1986. C'est aussi le deuxième volume du "Cycle de Qâ" ou "Cycle du pays qâ", le troisième de la saga (cinq parties). Les événements qui s'y déroulent font suite à l'album "Les Archers" (septembre 1985).
L'histoire a été écrite par Jean Van Hamme, qui reste le scénariste de la série jusqu'en 2007, date à laquelle il se retire. La couverture, les dessins, l'encrage ainsi que la mise en couleurs ont été réalisés par Grzegorz Rosiński, qui est toujours dessinateur de la série. L'album compte quarante-six planches.
Dans "Les Archers", Thorgal rencontre Kriss de Valnor, avec qui il fait équipe au tournoi de tir à l'arc d'Umbria. Thorgal met fin à la compétition et partage la prime avec Tjall-le-Fougueux et Argun Pied-d'Arbre, au grand dam de Kriss. Elle vole alors le magot et fuit avec Sigwald. Mais les Calédoniens, à qui ils ont dérobé une gemme sacrée, sont sur leurs traces. Ils tuent Sigwald et acculent Kriss dans un cromlech. Thorgal sauve la vie à la jeune femme et leur échappe. Kriss s'enfuit de son côté, tandis qu'Argun et Tjall accompagnent Thorgal sur son île.
Quatre hommes armés aux mines patibulaires traversent la forêt enneigée jusqu'à une clairière, sans un mot. Ils s'arrêtent en silence et observent, dissimulés, Jolan, Argun Pied-d'Arbre et Muff le chien. Argun est en train d'apprendre la science du tir à l'arc à Jolan. Le garçonnet, bien que très appliqué, ne parvient pas à atteindre la cible, et ce malgré plusieurs essais. Il ne semble pas croire en lui, mais Argun continue à l'encourager.
Plus loin et au même moment, à la ferme, Aaricia informe Tjall que le repas sera bientôt prêt. Ce dernier est en train de poser du chaume sur le toit, tandis que Thorgal fend quelques bûches à la hache. Aaricia demande à Tjall d'aller chercher Argun et Jolan, ajoutant qu'ils se trouvent certainement à la cascade. Dans sa précipitation et son enthousiasme, le jeune homme glisse et chute sans mal, déclenchant ainsi les rires de Thorgal et sa femme.
À la cascade, pendant qu'ils ramassent les flèches, Jolan s'enquiert des raisons du prochain départ d'Argun. L'archer à la jambe de bois répond que la reconstruction de la maison touche à sa fin et qu'il doit s'occuper de son commerce. Tandis que Muff se met à grogner, Jolan ajoute qu'il aurait aimé qu'Argun et Tjall passent l'hiver afin qu'il continue son entraînement au tir à l'arc. Argun rétorque que Thorgal se chargera de cette tâche bien mieux lui-même. Il ramasse la dernière flèche et annonce qu'il est temps de rentrer. Le garçon remarque alors que son chien gît inanimé au sol...
"Le Pays qâ", c'est l'aventure avec un "A" majuscule : cités mythiques, contrées inconnues, danger omniprésent... Van Hamme, pour les besoins de son scénario, s'inspire du mythe et des légendes de Quetzalcoatl et des civilisations précolombiennes - avec la petite touche de science-fiction qui caractérise toujours le retour sur les origines du héros - pour bâtir une intrigue de rivalité entre peuples sur fond de conquête du monde et de lutte mystique qui semble presque éternelle entre leurs deux grands leaders, Ogotaï et Tanatloc. Kriss de Valnor revient, et la belle manipulatrice a mis tous les atouts de son côté pour obliger Thorgal et ses amis à se joindre à elle dans une mission impossible, sans qu'ils puissent prétendre à la moindre part du paiement promis. Évidemment, la rivalité entre Kriss et Aaricia est instantanée. Ce cycle permet à l'auteur de boucler la boucle des origines de Thorgal.
La partie graphique est un régal. Rosiński est particulièrement inspiré par le scénario : notons les bois enneigés sur l'île, avec leurs étendues de blanc, les discussions au coin du feu entre Kriss de Valnor et Thorgal et les siens, avec leurs jeux d'ombres et de lumières et ce remarquable travail sur la couleur, la magnifique cité des Xinjins (qui rappellera certains villages troglodytes, notamment amérindiens, ce qui a tout son sens ici), les forêts luxuriantes, et, bien sûr, les cieux et ces étranges vaisseaux, soignés et détaillés. Les scènes d'abordage sont épiques, mais trop courtes.
"Le Pays qâ" est une histoire captivante, pleine de trouvailles, aux illustrations magnifiques. L'album a été récompensé du prix de la Chambre belge des experts en bandes dessinées 1986 du scénario, ainsi que du prix Athis d'or 1987 du meilleur dessin.
Mon verdict : ★★★★★
Barbuz
Je garde le vague souvenir d'avoir mal réagi à l'intrusion de la SF au sein d'un récit que je catégorisais Heroic Fantasy. Cela est dû à mont état d'esprit psychorigide bien sûr, et aussi à ce que j'ai ressenti comme une forme de surenchère, comme si le scénariste voulait que son personnage principal soit encore plus à part du reste des autres, en lui attribuant une origine dans les étoiles.
RépondreSupprimerC'est vrai que ça surprend. Je pense que Van Hamme voulait élargir les horizons de sa série en intégrant d'autres éléments. Segrelles fait de même avec "Le Mercenaire", en allant plus loin encore.
SupprimerJe n'avais même pas eu la présence d'esprit de faire le parallèle entre les 2. Maintenant que tu le dis, ça m'apparaît comme une évidence.
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