"Les Yeux de Tanatloc" est le onzième tome de la série "Thorgal". Il est sorti aux éditions Le Lombard en avril 1987. C'est aussi le troisième volume du "Cycle de Qâ" ou "Cycle du pays qâ", le troisième de la saga (en cinq parties). Les événements qui s'y déroulent font suite à l'album "Le Pays qâ" (avril 1986).
L'histoire a été écrite par Jean Van Hamme, qui reste le scénariste de la série jusqu'en 2007, date à laquelle il se retire. La couverture, les dessins, l'encrage ainsi que la mise en couleurs ont été réalisés par Grzegorz Rosinski, qui est toujours dessinateur de la série. L'album compte quarante-six planches.
À l'issue du "Pays qâ", tandis qu'Argun Pied-d'Arbre et Jolan sont retenus contre leur gré - mais traités avec tous les égards - dans la cité des Xinjins, Thorgal, Aaricia, Kriss de Valnor et Tjall-le-Fougueux, lâchés à terre juste avant un combat aérien, continuent de progresser à travers la jungle. Mais le Chaam qui devait les attendre à la statue de la Déesse sans nom pour les guider a été assassiné. Ils doivent donc se débrouiller seuls pour atteindre Mayaxatl-la-Sanglante, la ville chaam où Kriss doit voler son casque à Ogotaï afin de le priver de ses pouvoirs.
Le désert, sous un soleil de plomb. Jolan, recouvert d'un voile, supplie Argun de se réveiller. Les vautours commencent à planer en cercle au-dessus d'eux. Muff, le chien, gît inerte au pied d'un cactus. Un appel au secours à ses parents sort des lèvres déjà desséchées du jeune garçon, qui finit par s'évanouir.
Au même moment, dans la jungle. Thorgal est en train de frayer un chemin à ses compagnons à coups de hache dans la végétation luxuriante, lorsqu'il marque un temps d'arrêt. Voyant Aaricia inquiète, il lui explique qu'il a ressenti une forte vibration, comme un cri intérieur. Il reprend ses esprits et demande que le groupe continue. Mais Tjall, qui semble épuisé, émet des doutes quant à leurs chances de trouver la cité de Mayaxatl. Lorsque d'imposantes fourmis rouges lui grimpent le long du corps, il s'en débarrasse en hurlant, puis donne libre cours à la colère qu'il éprouve à l'égard de Kriss de Valnor. La belle aventurière, de son côté, estime que les hommes d'Ogotaï, qui ont assassiné leur guide, pensent certainement que le petit groupe a renoncé à l'expédition. Les Chaams ne les attendent plus, c'est donc une chance qu'il faut saisir. Elle ordonne à ses compagnons de se remettre en route.
Chez les Xinjins, le Premier régent demande à Argun ce qu'il espérait de sa tentative d'évasion avec Jolan. Il savait à tout moment où se trouvaient les deux évadés, mais a attendu afin de leur faire comprendre à quel point leur escapade était vaine...
Ce scénario riche en événements présente plusieurs angles narratifs. La rencontre et la (très courte) relation entre Jolan et Tanatloc sont construites sur le concept de legs, de transmission, de formation. Le "vieux sage" enseigne à son très jeune apprenti (deux figures qui appartiennent à l'inconscient collectif) tout ce qu'il faut savoir, ou presque, sur la maîtrise des courants d'énergie. Tandis que Kriss manipule Tjall, Thorgal souffre d'épuisement. Sa fièvre monte dangereusement. La peur de sa mort pousse Jolan à puiser dans la force de son amour filial pour sauver son père. Quant à Kriss, elle se sert de Tjall sans scrupule, semant une discorde irréversible au sein du groupe. Aspects religieux et politiques (à cette "époque" plus que jamais, l'un ne va pas sans l'autre) sont exploités : mort du "souverain", succession, ambitions qui éclatent au grand jour, manipulation des masses. Si l'histoire est riche en émotions, elle n'oublie pas l'humour ; Van Hamme utilise Tjall comme le faire-valoir naïf de l'équipe, tandis que les jurons d'Argun rappellent le capitaine Haddock.
L'art de Rosinski atteint ici des sommets. La première page, celle du désert sous un soleil de plomb, est exemplaire. Les scènes se déroulant dans la jungle expriment bien toute l'hostilité de cet environnement. La trente-troisième planche, telle une fresque fantastique qui représente tous les personnages de la série, est particulièrement impressionnante. Notons enfin le travail sur la diversité des visages.
La vedette de l'histoire, c'est Jolan, ce jeune enfant déjà confronté à la tragédie et qui ne maîtrise pas encore ses pouvoirs. Comme les deux précédents, cet album fut récompensé d'un prix, le "Gouden Bommel" du scénario au festival de Breda 1987.
Mon verdict : ★★★★★
Barbuz
Ça n'a qu'un rapport lointain avec ton commentaire, mais l'image de vautours planant au-dessus de personnes aux portes de la mort est à jamais associée, dans mon esprit, avec la série Conan où il risque de subir le même sort.
RépondreSupprimerJe dois avouer que j'aimerais me remettre à "Conan", en prenant soin de zapper la période Windsor-Smith.
SupprimerPour Conan en comics, le plus accessible ou le plus intemporel se trouve peut-être dans la série en noir & blanc Savage Sword of Conan, en VF Les chroniques de Conan.
RépondreSupprimerhttp://www.brucetringale.com/vintage-barbarian/