"The Dark Prince Charming" est une histoire en deux tomes de Batman publiée chez Dargaud. La première partie est sortie en novembre 2017 (la seconde est prévue pour le printemps 2018). C'est un album cartonné grand format (32,5 centimètres × 21,3) qui compte soixante planches, sans inclure les bonus (esquisses).
Ce projet a été confié à l'Italien Enrico Marini, connu pour des séries telles que "Rapaces" (1998-2003), avec Jean Dufaux, "Le Scorpion" (2000-2014), avec Stephen Desberg, ou encore "Les Aigles de Rome" (depuis 2005, en cours). Il réalise "The Dark Prince Charming" en solo : scénario, dessins, encrage, mise en couleurs.
Maintenant. Une fillette est enfermée dans un sous-sol faiblement éclairé. Elle ignore où elle se trouve et appelle sa mère. Mais seuls les rats lui répondent. Dans un couinement affolé, ils fuient à l'approche du maître de céans, qui entre et descend dans la pièce, un endroit crasseux et lugubre. Lorsque la gamine, assise sur un lit de fortune, demande qui vient là, c'est le Joker qui apparaît. Il feint de vouloir la rassurer, brandit un rasoir et ricane.
Le Manoir Wayne. Alfred apporte un paquet cadeau déposé sur le perron à Bruce Wayne. L'emballage, mauve, est entouré d'un ruban vert : les couleurs du Joker. Le majordome lui déconseille d'ouvrir la boîte, mais Bruce lui ordonne de le laisser seul. Il réalise que le Joker est toujours vivant, libre, et, surtout, qu'il sait.
Plus tôt. Une fourgonnette pourpre décorée d'un slogan "Bad Ass" vert fonce à travers Gotham. La police la poursuit suite à un appel radio pour vol à main armée dans une bijouterie ; les auteurs portent des masques de clown, le Joker serait impliqué. Agacé par les sirènes, le criminel, justement à bord du van, ordonne à un complice de faire cesser le vacarme. À l'arrière, l'autre acquiesce, ouvre la double porte et empoigne une sulfateuse...
Habituellement, les aventures de Batman sortent sous le label Urban Comics, qui appartient au groupe Média Participations, comme Dargaud. Malgré les efforts d'Urban Comics, le marché français reste difficile. Pour DC Comics, ce manque d'écho auprès du lectorat français de bande dessinée s'explique par les différences culturelles. Jim Lee et ses collègues ont eu vent de l'admiration que Marini - auteur reconnu et vendeur - éprouvait pour Batman et lui ont proposé un projet. Marini a soumis ses idées à DC Comics et l'ensemble sort au format franco-belge sous un label majeur. L'Italien voulait une histoire simple et personnelle pour Batman, avec le Joker et un nombre limité de protagonistes, dans une veine réaliste. Son intrigue est construite sur trois éléments qui s'entremêlent : une présomption de paternité de Bruce Wayne, la relation Batman-Joker et l'enlèvement d'une fillette. Marini respecte la mythologie du Bat-Univers et son interprétation en est plaisante. Son scénario cohérent débouche sur une aventure de bonne facture aux nombreuses références, mais qui, malgré les retournements de situation, manque de rythme et de tension pour être vraiment captivante. Les caractérisations (Batman qui provoque Killer Croc et lui inflige une raclée, Alfred qui écoute aux portes, Selina Kyle, qui envoie, lors d'une scène de ménage, un vase à la tête de Bruce, Gordon qui s'est mis à la cigarette électronique) sont celles que les lecteurs assidus attendent, avec l'humour en prime. Les dialogues sont souvent fumants, et il est évident que l'auteur s'est fait plaisir, notamment avec un gang du Joker un poil satirique. Visuellement, c'est splendide. Les vues de Gotham City et les scènes nocturnes sont époustouflantes. Les couleurs des scènes diurnes sont ternes et manquent de contraste, un parti pris qui renforce l'atmosphère sombre. Bruce Wayne, dont le visage rappelle celui du Marcus des "Aigles de Rome", Alfred, Selina/Catwoman, sexy comme jamais, Gordon ou Bullock ne sortent pas des canons, mais le Joker est différent. Le scénariste ne s'en cache pas : il adore ce super-vilain, selon lui le plus abouti. Si l'essence du Clown Prince du Crime ne change pas (il est imprévisible), son allure est revue et corrigée ; les codes couleur sont présents, mais sa coiffure - inspirée du Fred du film "Subway" (1985) - et son maquillage sont modifiés (la dernière planche est très intrigante). Globalement, Marini réussit un pari complexe, en puisant dans le meilleur de deux cultures pour offrir une aventure rafraîchissante à l'iconique Chevalier noir.
Les premiers retours des libraires sont enthousiastes, les classements des ventes en ligne le montrent : cet album marche, c'est a priori un carton. Si le résultat est au-delà des attentes, l'éditeur DC Comics répétera-t-il l'exercice, avec d'autres héros ?
Mon verdict : ★★★★☆
Ce projet a été confié à l'Italien Enrico Marini, connu pour des séries telles que "Rapaces" (1998-2003), avec Jean Dufaux, "Le Scorpion" (2000-2014), avec Stephen Desberg, ou encore "Les Aigles de Rome" (depuis 2005, en cours). Il réalise "The Dark Prince Charming" en solo : scénario, dessins, encrage, mise en couleurs.
Maintenant. Une fillette est enfermée dans un sous-sol faiblement éclairé. Elle ignore où elle se trouve et appelle sa mère. Mais seuls les rats lui répondent. Dans un couinement affolé, ils fuient à l'approche du maître de céans, qui entre et descend dans la pièce, un endroit crasseux et lugubre. Lorsque la gamine, assise sur un lit de fortune, demande qui vient là, c'est le Joker qui apparaît. Il feint de vouloir la rassurer, brandit un rasoir et ricane.
Le Manoir Wayne. Alfred apporte un paquet cadeau déposé sur le perron à Bruce Wayne. L'emballage, mauve, est entouré d'un ruban vert : les couleurs du Joker. Le majordome lui déconseille d'ouvrir la boîte, mais Bruce lui ordonne de le laisser seul. Il réalise que le Joker est toujours vivant, libre, et, surtout, qu'il sait.
Plus tôt. Une fourgonnette pourpre décorée d'un slogan "Bad Ass" vert fonce à travers Gotham. La police la poursuit suite à un appel radio pour vol à main armée dans une bijouterie ; les auteurs portent des masques de clown, le Joker serait impliqué. Agacé par les sirènes, le criminel, justement à bord du van, ordonne à un complice de faire cesser le vacarme. À l'arrière, l'autre acquiesce, ouvre la double porte et empoigne une sulfateuse...
Habituellement, les aventures de Batman sortent sous le label Urban Comics, qui appartient au groupe Média Participations, comme Dargaud. Malgré les efforts d'Urban Comics, le marché français reste difficile. Pour DC Comics, ce manque d'écho auprès du lectorat français de bande dessinée s'explique par les différences culturelles. Jim Lee et ses collègues ont eu vent de l'admiration que Marini - auteur reconnu et vendeur - éprouvait pour Batman et lui ont proposé un projet. Marini a soumis ses idées à DC Comics et l'ensemble sort au format franco-belge sous un label majeur. L'Italien voulait une histoire simple et personnelle pour Batman, avec le Joker et un nombre limité de protagonistes, dans une veine réaliste. Son intrigue est construite sur trois éléments qui s'entremêlent : une présomption de paternité de Bruce Wayne, la relation Batman-Joker et l'enlèvement d'une fillette. Marini respecte la mythologie du Bat-Univers et son interprétation en est plaisante. Son scénario cohérent débouche sur une aventure de bonne facture aux nombreuses références, mais qui, malgré les retournements de situation, manque de rythme et de tension pour être vraiment captivante. Les caractérisations (Batman qui provoque Killer Croc et lui inflige une raclée, Alfred qui écoute aux portes, Selina Kyle, qui envoie, lors d'une scène de ménage, un vase à la tête de Bruce, Gordon qui s'est mis à la cigarette électronique) sont celles que les lecteurs assidus attendent, avec l'humour en prime. Les dialogues sont souvent fumants, et il est évident que l'auteur s'est fait plaisir, notamment avec un gang du Joker un poil satirique. Visuellement, c'est splendide. Les vues de Gotham City et les scènes nocturnes sont époustouflantes. Les couleurs des scènes diurnes sont ternes et manquent de contraste, un parti pris qui renforce l'atmosphère sombre. Bruce Wayne, dont le visage rappelle celui du Marcus des "Aigles de Rome", Alfred, Selina/Catwoman, sexy comme jamais, Gordon ou Bullock ne sortent pas des canons, mais le Joker est différent. Le scénariste ne s'en cache pas : il adore ce super-vilain, selon lui le plus abouti. Si l'essence du Clown Prince du Crime ne change pas (il est imprévisible), son allure est revue et corrigée ; les codes couleur sont présents, mais sa coiffure - inspirée du Fred du film "Subway" (1985) - et son maquillage sont modifiés (la dernière planche est très intrigante). Globalement, Marini réussit un pari complexe, en puisant dans le meilleur de deux cultures pour offrir une aventure rafraîchissante à l'iconique Chevalier noir.
Les premiers retours des libraires sont enthousiastes, les classements des ventes en ligne le montrent : cet album marche, c'est a priori un carton. Si le résultat est au-delà des attentes, l'éditeur DC Comics répétera-t-il l'exercice, avec d'autres héros ?
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
Une aventure de bonne facture qui [...] manque de rythme et de tension pour être vraiment captivante. - C'est exactement mon ressenti, et j'ai trouvé que l'artiste n'était pas aussi impressionnant que d'autres comme Lee Bermejo avec Batman Noël, ou tant d'autres avec soit une approche visuelle plus personnelle ou plus viscérale, soit des scènes d'action plus originales.
RépondreSupprimerTu l'as donc lu, toi aussi !
SupprimerC'est étrange, quelqu'un faisait, plus tôt aujourd'hui, une comparaison avec Bermejo ! Généralement, j'ai apprécié l'aspect plastique des personnages et la Gotham de Marini est magnifique.
Mais il manque quelque chose.
Bon, j'attends quand même la suite avec impatience, hein, je ne te le cache pas.