lundi 18 décembre 2017

"Daredevil" : L'Intégrale Frank Miller, 1982 (Panini Comics ; juin 2004)

Ce deuxième tome de l'intégrale consacrée au "Daredevil" de Frank Miller est sorti en juin 2004 chez Panini Comics. Cet album cartonné à jaquette amovible compte approximativement deux cent quarante planches. Il contient les sept premiers numéros de 1982, de janvier (#178) à juillet (#184). L'éditeur a ajouté les "What If...?" #28 (août 1981 - il aurait pu être intégré dans le tome précédent) et #35 (de décembre 1982), un récit tiré du #28 de "Bizarre Adventures" (décembre 1981 - même réflexion), ainsi que le #4 de "Marvel Team-Up Annual" (d'août 1981 - idem).
Miller scénarise et dessine la série régulière. Klaus Janson encre et réalise la mise en couleurs, sauf un numéro (par Glynis Wein). L'extrait du "What If...?" #28, "Matt Murdock, Agent of... SHIELD", est coécrit par Miller et Mike W. Barr, et dessiné par Miller et Janson. Celui du #35, "What If Bullseye Had Not Killed Elektra?", est conçu par Miller et illustré par Terry Austin. Wein réalise la mise en couleurs. Le scénario du "Team-Up" est de Miller, Herb Trimpe signe les dessins, Mike Esposito (1927-2010), l'encrage et George Roussos (1915-2000), lui, la mise en couleurs.

À l'issue du tome précédent, Matt retrouve son sens radar grâce à l'entraînement de Stick. Le Caïd, lui, veut qu'Elektra devienne sa tueuse à gages après avoir vu les photos d'un rapport de police.
Il est tard. Elektra rentre à son domicile. Ruminant sa haine de New York et sa relation compliquée avec Matt Murdock, elle ôte son imperméable. Un bruit sec la met sur le qui-vive. D'un geste précis, elle dégaine ses saïs et frappe avec adresse et célérité, transperçant l'un des panneaux du paravent auquel elle tournait le dos. Un homme s'effondre en traversant la paroi. Quatre autres intrus armés de dagues ou de nunchakus s'avancent vers la tueuse. Elle en liquide deux, fait passer un troisième par la fenêtre de l'appartement, et met le dernier hors de combat. Essuyant nonchalamment ses lames, elle approche près d'une table ornée d'un vase au pied duquel est posée une missive manuscrite...

D'abord, quelques remarques sur la façon dont l'éditeur Panini Comics a découpé le contenu. Les récits hors série régulière auraient dû figurer dans le tome précédent, consacré à 1981. Ensuite, on ne nous livre ici que la moitié de la série régulière de 1982 ; la seconde (logique commerciale) sera reprise dans le troisième volume (1983), qui aurait pu, finalement, regrouper les épisodes d'autres magazines. Bien que la plupart des numéros "bonus" soient hautement dispensables, les chapitres (178 à 184) de la série régulière sont d'excellente facture, nettement plus noirs que ceux de l'année antérieure. Avec ces numéros, Miller fait vraiment entrer "Daredevil" dans une atmosphère de polar poisseux, bien plus brutal que les production de l'époque. Il y évoque les ravages que la drogue cause à la jeunesse, aux quartiers et aux écoles de façon réaliste et parfois crue, directe. Parmi les autres thèmes majeurs, entre autres, l'insécurité, la corruption des politiciens, ou le besoin vital de rendre justice soi-même lorsque le système défaille. Sans oublier l'amour, bien sûr, puisque c'est cela qui est au centre de la légendaire tragédie du trio Daredevil-Elektra-Bullseye, ce dernier, en fou homicide ultra-violent, volant d'ailleurs la vedette à Murdock. Amour encore avec la passion de Fisk pour son épouse. Le travail sur la narration s'est considérablement amélioré ; le texte est plus riche, son flux mieux contrôlé. Avoir confié une part plus importante de la tâche de dessinateur à Janson est un excellent choix de la part de Miller, car l'auteur s'offre ainsi la possibilité de soigner davantage le déploiement de son scénario. La série fait un grand bond en avant du point de vue de la qualité visuelle. Certaines compositions sont stupéfiantes et le tandem artistique utilise un découpage parfois très novateur et cinématographique, jonglant aisément entre narrations compressée et décompressée. Les artistes proposent une belle variété de tous types de plans. Notons enfin le travail sur l'encrage, et sur les contrastes entre ombre et lumière.
À la traduction, c'est Laurence Belingard qui cède la place à Nicole Duclos. C'est bien mieux, mais il reste malheureusement quelques scories, sans compter les défauts d'impression (des mots manquants, par exemple). Le texte n'a pas été relu, hélas.

Les deux premiers tiers de cet album sont captivants. Miller y laisse exploser son talent narratif. Le duo qu'il forme avec Janson fonctionne et la partie visuelle décolle. Dommage quand même que cette publication soit un bric-à-brac éditorial.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. Présence22 décembre

    Même ressenti que toi concernant les récits hors série régulière : pas très intéressant, mais le lecteur complétiste que je suis aurais été frustré de ne pas y avoir accès.

    Même en ayant plus apprécié que toi les épisodes précédents, j'avais également ressenti une évolution dans l'art narratif, avec en autres la quasi disparition des bulles de pensée (honnies par Tornado), la disparition des supercriminels aux costumes trop colorés, et l'arrivée des ninjas. Klaus Janson radicalise également ses modalités d'encrage, abandonnant la volonté de faire beau, pour privilégier l'aspect plus brut.

    Si tu veux, tu peux laisser un petit mot sur le bilan 2017 de Bruce Lit.

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    1. Merci, j'y vais de ce pas.
      Je ne sais pas pourquoi, mais lorsque tu réponds à mes commentaires sur Amazon, je n'en suis jamais informé. Et j'ai donc rarement réponses à mes éventuelles questions, car je ne sais plus toujours avec précision quel article j'ai choisi. Y a-t-il une étape que je loupe ?

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  2. Présence28 décembre

    Non tu ne loupes pas d'étape. Amazon a changé son site récemment. Tu n'es plus averti des réponses, et je ne suis pas averti des commentaires qui me sont laissés. Du coup depuis 15 jours, je suis incapable de savoir si quelqu'un a laissé un commentaire sur un de mes posts et ils sont trop nombreux pour que je les passe en revue tous les jours ou même une fois par semaine.

    Le plus simple est que tu n'en laisses plus sur amazon, et qu'éventuellement tu les laisses sur le dernier article de ton site, où je passe régulièrement.

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