Ce troisième et dernier tome de l'intégrale consacrée au "Daredevil" de Frank Miller est sorti en juillet 2005 chez Panini Comics. Cet album cartonné à la jaquette amovible compte entre deux cent quarante et deux cent cinquante planches. Il contient les #185-191 (d'août 1982 à février 1983), les #220 (juillet 1985), 226 (janvier 1986), et 219 (juin 1985) de la série régulière "Daredevil" (dans cet ordre-là dans l'album). Une intégrale exhaustive du "Daredevil" de Miller a été éditée par Panini Comics en 2014-2015 sous un autre format (dans la collection Marvel Icons).
Miller scénarise et confie la partie graphique à Klaus Janson, qui se charge du dessin, de l'encrage et de la mise en couleurs. Miller reprend le dessin au #191, avec Terry Austin à l'encrage et Lynn Varley aux couleurs. Le #219 est illustré par John Buscema (1927-2002) et encré par Gerry Talaoc. Le #220 est écrit par Dennis O'Neil (et donc pas par Miller), et illustré et encré par David Mazzucchelli. Enfin, le #226 est coécrit par Miller et O'Neil, sur des planches de Mazzucchelli encrées par Dennis Janke. Ces récits sont mis en couleurs par Christie "Max" Scheele.
À l'issue du tome précédent, Daredevil et le Punisher s'affrontent sur fond de trafic de drogues dans un établissement scolaire. Quant à Heather, elle mène une enquête sur sa propre entreprise.
Il est tard. Heather Glenn, la fiancée de Matt, se rend au cabinet d'avocats Nelson & Murdock. Elle y trouve Foggy. Visiblement secouée, elle lui explique qu'elle a un gros problème sur les bras. Il s'agit de Glenn Industries. Elle essaie de diriger la compagnie comme l'aurait fait son père, mais le conseil d'administration ébranle son autorité. La veille, elle a découvert que le groupe était mouillé dans des affaires criminelles. Elle évoque la fabrication de bombes, sans pouvoir donner plus de détails. Entre alors Matt, qui est ravi de la présence de sa fiancée. Il lui demande si elle consent enfin à abandonner ses responsabilités pour l'épouser. Lui caressant le visage, il sent des larmes sur ses joues...
À la lecture de ces trois volumes, on ne peut que regretter la façon dont cette intégrale a été conçue. Dommage que l'éditeur ne se soit pas uniquement focalisé sur la série régulière en ne publiant que deux recueils compacts. Dans ce tome, un seul numéro est de 1983, le reste datant de 1982, ou du retour de Miller sur le titre en 1985. Le premier chapitre est centré sur Foggy. Dans le second, Turk tente de prouver au Caïd qu'il est le tueur qu'il lui faut en dérobant son équipement à l'Homme aux Échasses. Miller officie ici dans une veine tragi-comique dont Daredevil n'est qu'un personnage secondaire. L'auteur s'attaque ensuite aux pouvoirs du héros, en lui infligeant des migraines, mais continue à lui faire jouer les seconds rôles lorsque la Veuve noire est empoisonnée par la Main. Puis c'est l'incroyable "Roulette", épisode évoquant les tendances suicidaires, les difficultés dans les relations père-fils et le besoin d'identification, dans lequel un Daredevil désespéré vient s'épancher au pied du lit d'hôpital de son adversaire et semer la terreur dans son cœur dans un rapport de domination, qui tourne au fatalisme et à la soumission au destin. Ce qui est surprenant, c'est de voir à quel point Murdock peut être égoïste, en témoigne cette scène dans laquelle Heather pleure sa solitude et ne peut retenir un cri devant le ton cassant de Daredevil. Elle commettra l'irréparable. Comme le dit si bien Glorianna O'Breen, c'est sur lui-même que Murdock larmoie, et pas sur Heather. Murdock n'est-il qu'un égoïste qui ne "regarde" qu'à travers le prisme du fils modèle qui n'aspire qu'à honorer le souvenir du père ? Les tragédies vécues l'attristent, mais son chagrin est maîtrisé et intériorisé - sauf dans le cas d'Elektra, où il est en plein déni. Graphiquement, à par celles de Mazzucchelli, ce ne sont pas là les plus belles planches de la série. Janson singe le style de Miller plutôt que de s'en affranchir, et, à part certaines cases magnifiques, le résultat n'est pas entièrement convaincant. Postures, proportions, visages, ou fonds de cases ne sont pas suffisamment soignés.
Après Laurence Belingard et Nicole Duclos, c'est Geneviève Coulomb qui réalise la traduction, trop littérale et dont le texte comprend des fautes. Les couvertures sont regroupées en fin de recueil, mais auraient pu figurer en début de chaque chapitre.
À l'issue du tome précédent, Daredevil et le Punisher s'affrontent sur fond de trafic de drogues dans un établissement scolaire. Quant à Heather, elle mène une enquête sur sa propre entreprise.
Il est tard. Heather Glenn, la fiancée de Matt, se rend au cabinet d'avocats Nelson & Murdock. Elle y trouve Foggy. Visiblement secouée, elle lui explique qu'elle a un gros problème sur les bras. Il s'agit de Glenn Industries. Elle essaie de diriger la compagnie comme l'aurait fait son père, mais le conseil d'administration ébranle son autorité. La veille, elle a découvert que le groupe était mouillé dans des affaires criminelles. Elle évoque la fabrication de bombes, sans pouvoir donner plus de détails. Entre alors Matt, qui est ravi de la présence de sa fiancée. Il lui demande si elle consent enfin à abandonner ses responsabilités pour l'épouser. Lui caressant le visage, il sent des larmes sur ses joues...
À la lecture de ces trois volumes, on ne peut que regretter la façon dont cette intégrale a été conçue. Dommage que l'éditeur ne se soit pas uniquement focalisé sur la série régulière en ne publiant que deux recueils compacts. Dans ce tome, un seul numéro est de 1983, le reste datant de 1982, ou du retour de Miller sur le titre en 1985. Le premier chapitre est centré sur Foggy. Dans le second, Turk tente de prouver au Caïd qu'il est le tueur qu'il lui faut en dérobant son équipement à l'Homme aux Échasses. Miller officie ici dans une veine tragi-comique dont Daredevil n'est qu'un personnage secondaire. L'auteur s'attaque ensuite aux pouvoirs du héros, en lui infligeant des migraines, mais continue à lui faire jouer les seconds rôles lorsque la Veuve noire est empoisonnée par la Main. Puis c'est l'incroyable "Roulette", épisode évoquant les tendances suicidaires, les difficultés dans les relations père-fils et le besoin d'identification, dans lequel un Daredevil désespéré vient s'épancher au pied du lit d'hôpital de son adversaire et semer la terreur dans son cœur dans un rapport de domination, qui tourne au fatalisme et à la soumission au destin. Ce qui est surprenant, c'est de voir à quel point Murdock peut être égoïste, en témoigne cette scène dans laquelle Heather pleure sa solitude et ne peut retenir un cri devant le ton cassant de Daredevil. Elle commettra l'irréparable. Comme le dit si bien Glorianna O'Breen, c'est sur lui-même que Murdock larmoie, et pas sur Heather. Murdock n'est-il qu'un égoïste qui ne "regarde" qu'à travers le prisme du fils modèle qui n'aspire qu'à honorer le souvenir du père ? Les tragédies vécues l'attristent, mais son chagrin est maîtrisé et intériorisé - sauf dans le cas d'Elektra, où il est en plein déni. Graphiquement, à par celles de Mazzucchelli, ce ne sont pas là les plus belles planches de la série. Janson singe le style de Miller plutôt que de s'en affranchir, et, à part certaines cases magnifiques, le résultat n'est pas entièrement convaincant. Postures, proportions, visages, ou fonds de cases ne sont pas suffisamment soignés.
Après Laurence Belingard et Nicole Duclos, c'est Geneviève Coulomb qui réalise la traduction, trop littérale et dont le texte comprend des fautes. Les couvertures sont regroupées en fin de recueil, mais auraient pu figurer en début de chaque chapitre.
Tout n'est pas inoubliable, loin de là, mais certains de ces épisodes sont extrêmement forts. Hélas, l'approche éditoriale est brouillonne ; ordre de publication des numéros discutable, traduction moyenne, etc. Le Daredevil de Miller méritait mieux.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbuz
L'éditeur avait conçu ses intégrales d'une autre manière, consacrant 3 volumes à Frank Miller, le dernier contenant les épisodes 185 à 191, et 219 de la série mensuelle Daredevil, ainsi que l'épisode 28 de "What If ?", et l'histoire complète "Love & War" (illustrée par Bill Sienkiewicz).
RépondreSupprimerCe troisième tome contient également une longue interview de Miller & Janson qui permet de se faire une idée du travail réalisé par Frank Miller pour les illustrations. Il effectue des esquisses détaillées établissant le découpage en case de chaque planche et un placement rapide des personnages. C'est la raison pour laquelle Klaus Janson est qualifié de dessinateur dans chacun des épisodes, sachant qu'il effectue également l'encrage et la mise en couleurs. C'est assez rigolo de voir comment ils jouent avec les ombres chinoises pour augmenter le rythme de production, ou comment ils jouent avec les cases de la hauteur de la page pour l'épisode avec Stilt-Man.
J'avais trouvé l'épisode 191 assez déconcertant avec un superhéros en train de dénigrer le fondement des récits de superhéros. J'aime bien ta remarque sur l'égoïsme de Murdock.
J'avais lu "Love and War" ("Guerre et paix" chez Panini Comics) ; je ne l'ai pas gardé, sans doute ) tort.
RépondreSupprimerEn tout cas, je suis assez stupéfié de voir le trafic que cette série d'articles a généré sur le site de mon blog.