"Opération Condor" ("End of the Line" en VO) est le premier volume de la série consacrée au Punisher lancée en 2016 sous la bannière "All-New, All-Different", suite à "Secret Wars". Cet album à couverture cartonnée (format 17,6 × 26,7 cm) est sorti chez nous en avril 2017, dans la collection "100% Marvel" de l'éditeur Panini Comics. Il comprend les six premiers numéros (#1-6) de la série VO (de mai à octobre 2016) et compte cent vingt planches.
Le scénario est écrit par Becky Cloonan. Cloonan est surtout connue pour ses réalisations dans les comics indépendants, bien qu'elle ait travaillé pour les deux grandes maisons à plusieurs occasions. Les dessins sont signés par le Britannique Steve Dillon (1962-2016), qui fut un habitué du personnage du Punisher. Dillon encre son propre travail. La mise en couleurs est réalisée par Frank Martin (avec l'aide de Lee Duhig pour le dernier chapitre).
De nos jours, à Brooklyn, quartier des docks. Une pièce poussiéreuse. Sur un bureau, de la paperasse, des gobelets à café en carton, des paquets emballés en forme de brique. Olaf, un homme costaud au visage déjà marqué, est perdu dans ses pensées. Il joue inconsciemment avec ses plaques d'identité militaire. Quelqu'un le tire de sa rêverie : Face, un jeune Afro-Américain dynamique et élégant. Face ne ménage pas Olaf, qu'il considère comme une relique. Il informe le mercenaire que leur patron lui confie une opération. Ce dernier veut que la prochaine livraison d'EMC soit prête demain à l'aube, car la Drug Enforcement Administration est à leurs trousses. Face lui remet un dossier complet comprenant l'itinéraire, le lieu et d'autres détails. Pour s'assurer qu'Olaf réussisse sa mission, il lui colle aux basques deux sbires aux faciès patibulaires : Lloyd et Luther Luckett, des jumeaux. Un rictus aux lèvres, Face conseille à Olaf de prendre soin d'eux, car ils coûtent cher. Affichant indifférence et mépris, Olaf demande s'il peut retourner bosser. Face lui rétorque qu'il peut s'estimer heureux d'être là, car leur drogue métamorphose n'importe qui en super-soldat, et rend les mercenaires obsolètes...
"Opération Condor", c'est l'opportunité de démarrer au premier tome une série consacrée au Punisher. Cloonan, dans un scénario linéaire (sauf à la fin, avec ce bond dans le passé) cohérent et solide à défaut d'être original, oppose Frank Castle à une organisation qui souhaite commercialiser l'EMC, une drogue qui, après injection, transforme instantanément le premier venu en un berserk furieux, assoiffé de sang et insensible - ou presque - à la douleur. La caractérisation de Castle est irréprochable. Si le cerveau de l'opération ne se dévoile pas encore, son second est indéniablement l'une des grandes réussites de l'album. Face est l'antithèse du Punisher, bien que les points communs entre les deux hommes soient évidents. Le premier soigne son allure et pourrait faire office de gendre idéal, si ce n'était son esprit aussi détraqué et tordu que méticuleux et intelligent ; un superbe spécimen de psychopathe. Ortiz est un agent de la DEA particulièrement opiniâtre ; d'aucuns estimeront qu'il s'agit d'un archétype convenu, mais peu importe ; la dynamique fonctionne. Les autres personnages sont réussis, et Cloonan, dès le deuxième numéro, n'hésite pas à mettre en scène ce que l'Amérique profonde compte de tarés immoraux, violents et extrémistes. La scénariste ne nous épargne pas l'hémoglobine, Punisher oblige. Rien que dans le premier chapitre, par exemple, Castle dessoude - au bas mot - une quinzaine de malfrats pour le plus grand plaisir (coupable ?) du lecteur. Que du bonheur ! Enfin, dans la dernière partie du recueil, Cloonan revient sur les origines d'Olaf et celles de son amitié avec Castle dans un épisode qui se déroule vraisemblablement en Irak. Graphiquement, cela va sans dire que ces premiers numéros auront très largement bénéficié du talent de Dillon. Son Punisher massif, engoncé dans son t-shirt iconique, au visage marmoréen - si ce n'est ce rictus qu'il arbore en flinguant du gangster - a fait date et est identifiable au premier coup d'œil. Les cases sont soignées, le découpage, impeccable, et les plans, variés.
La traduction est réalisée par Nicole Duclos. Le texte passe bien. Mais pourquoi diable les jurons sont-ils censurés et remplacés par des idéogrammes ? Pour copier la VO, sans imagination ? À quoi bon un macaron "Pour lecteurs avertis" ? Quelle farce.
"Opération Condor", c'est un condensé d'action, de morts violentes et de fusillades qui n'est cependant pas dénué d'humour. Si cette série n'apporte rien de nouveau au personnage, ces planches, qui sont parmi les dernières de Dillon, sont inestimables.
Mon verdict : ★★★★☆
Le scénario est écrit par Becky Cloonan. Cloonan est surtout connue pour ses réalisations dans les comics indépendants, bien qu'elle ait travaillé pour les deux grandes maisons à plusieurs occasions. Les dessins sont signés par le Britannique Steve Dillon (1962-2016), qui fut un habitué du personnage du Punisher. Dillon encre son propre travail. La mise en couleurs est réalisée par Frank Martin (avec l'aide de Lee Duhig pour le dernier chapitre).
De nos jours, à Brooklyn, quartier des docks. Une pièce poussiéreuse. Sur un bureau, de la paperasse, des gobelets à café en carton, des paquets emballés en forme de brique. Olaf, un homme costaud au visage déjà marqué, est perdu dans ses pensées. Il joue inconsciemment avec ses plaques d'identité militaire. Quelqu'un le tire de sa rêverie : Face, un jeune Afro-Américain dynamique et élégant. Face ne ménage pas Olaf, qu'il considère comme une relique. Il informe le mercenaire que leur patron lui confie une opération. Ce dernier veut que la prochaine livraison d'EMC soit prête demain à l'aube, car la Drug Enforcement Administration est à leurs trousses. Face lui remet un dossier complet comprenant l'itinéraire, le lieu et d'autres détails. Pour s'assurer qu'Olaf réussisse sa mission, il lui colle aux basques deux sbires aux faciès patibulaires : Lloyd et Luther Luckett, des jumeaux. Un rictus aux lèvres, Face conseille à Olaf de prendre soin d'eux, car ils coûtent cher. Affichant indifférence et mépris, Olaf demande s'il peut retourner bosser. Face lui rétorque qu'il peut s'estimer heureux d'être là, car leur drogue métamorphose n'importe qui en super-soldat, et rend les mercenaires obsolètes...
"Opération Condor", c'est l'opportunité de démarrer au premier tome une série consacrée au Punisher. Cloonan, dans un scénario linéaire (sauf à la fin, avec ce bond dans le passé) cohérent et solide à défaut d'être original, oppose Frank Castle à une organisation qui souhaite commercialiser l'EMC, une drogue qui, après injection, transforme instantanément le premier venu en un berserk furieux, assoiffé de sang et insensible - ou presque - à la douleur. La caractérisation de Castle est irréprochable. Si le cerveau de l'opération ne se dévoile pas encore, son second est indéniablement l'une des grandes réussites de l'album. Face est l'antithèse du Punisher, bien que les points communs entre les deux hommes soient évidents. Le premier soigne son allure et pourrait faire office de gendre idéal, si ce n'était son esprit aussi détraqué et tordu que méticuleux et intelligent ; un superbe spécimen de psychopathe. Ortiz est un agent de la DEA particulièrement opiniâtre ; d'aucuns estimeront qu'il s'agit d'un archétype convenu, mais peu importe ; la dynamique fonctionne. Les autres personnages sont réussis, et Cloonan, dès le deuxième numéro, n'hésite pas à mettre en scène ce que l'Amérique profonde compte de tarés immoraux, violents et extrémistes. La scénariste ne nous épargne pas l'hémoglobine, Punisher oblige. Rien que dans le premier chapitre, par exemple, Castle dessoude - au bas mot - une quinzaine de malfrats pour le plus grand plaisir (coupable ?) du lecteur. Que du bonheur ! Enfin, dans la dernière partie du recueil, Cloonan revient sur les origines d'Olaf et celles de son amitié avec Castle dans un épisode qui se déroule vraisemblablement en Irak. Graphiquement, cela va sans dire que ces premiers numéros auront très largement bénéficié du talent de Dillon. Son Punisher massif, engoncé dans son t-shirt iconique, au visage marmoréen - si ce n'est ce rictus qu'il arbore en flinguant du gangster - a fait date et est identifiable au premier coup d'œil. Les cases sont soignées, le découpage, impeccable, et les plans, variés.
La traduction est réalisée par Nicole Duclos. Le texte passe bien. Mais pourquoi diable les jurons sont-ils censurés et remplacés par des idéogrammes ? Pour copier la VO, sans imagination ? À quoi bon un macaron "Pour lecteurs avertis" ? Quelle farce.
"Opération Condor", c'est un condensé d'action, de morts violentes et de fusillades qui n'est cependant pas dénué d'humour. Si cette série n'apporte rien de nouveau au personnage, ces planches, qui sont parmi les dernières de Dillon, sont inestimables.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
Après avoir découvert et dévoré le Punisher de Garth Ennis version MAX, je n'ai plus l'envie de lire ce personnage, faute à une trop bonne série qui a figé dans mon esprit ce qu'il doit être. J'avais découvert Becky Cloonan comme dessinatrice sur la sérei Northlanders de Brian Wood. J'ai lu ses 2 premiers tomes de la série SOuthern Cross avec Andy Belanger (publiée par Image Comics) que j'avais bien aimés, une série de SF.
RépondreSupprimerJ'ai en effet relu quelques-uns de tes commentaires sur Amazon.
SupprimerSais-tu si ces épisodes-là (les MAX) sont encore disponibles ou ont été réédités ?
S'agit-il par hasard de ça : https://www.amazon.fr/Punisher-par-ennis-dillon-t01/dp/2809456518/ ?
Non, ce ne sont pas ceux-là, la série Punisher MAX n'a pas été dessinée par Steve Dillon. Ces épisodes ont bénéficié d'une réédition en Deluxe à partir de 2013. Visiblement les 2 premiers tomes VF atteignent déjà des prix élevés.
RépondreSupprimerhttps://www.amazon.fr/PUNISHER-T01-COMMENCEMENT-Garth-Ennis/dp/2809430942/ref=sr_1_14?s=books&ie=UTF8&qid=1518353593&sr=1-14&keywords=punisher+ennis
Le tome 5 est paru en juin 2017. Il doit encore rester 1 tome à paraître.