"Opération Condor : Fin de partie" ("On the Road" en VO) est le second, avant-dernier tome de la série "Punisher" lancée en 2016 sous la bannière "All-New, All-Different", suite à "Secret Wars". Cet album à couverture cartonnée (17,6 × 26,7 cm) est sorti chez nous en octobre 2017, dans la collection "100% Marvel" de l'éditeur Panini Comics. Il comprend six numéros (#7-12) de la série VO (de décembre 2016 à mai 2017) et compte cent vingt planches.
Le scénario est écrit par Becky Cloonan. Cloonan est connue pour ses publications dans les comics indépendants, bien qu'elle ait travaillé pour les deux grandes maisons à plusieurs occasions. Steve Dillon (1962-2016) produit ses ultimes illustrations dans la première partie. Le chapitre suivant est signé Laura Braga et Iolanda Zanfardino. Matt Horak se charge du dessin et de l'encrage des quatre derniers. Et Frank Martin réalise la mise en couleurs.
À l'issue du tome précédent, Castle et Ortiz donnent l'assaut à l'asile Exeter, base de Condor. Castle tire une roquette dans un tunnel. Le bâtiment s'effondre. Le Punisher s'en sort. Face aussi.
Un cimetière à New York. Ortiz (elle a été suspendue), le bras soutenu par une attelle, a assisté de loin aux obsèques de l'agent Henderson, son partenaire. L'agent Anders la rejoint. Il exprime des condoléances maladroites. Ortiz lui demande de couper court ; Henderson, de toute façon, le détestait. Anders, un début de sourire aux lèvres, lui propose d'aller discuter de tout cela autour d'un verre. Agressive, autoritaire, elle lui ordonne de lui détailler ce qu'il a trouvé lors du nettoyage de l'asile Exeter. Henderson hésitant et invoquant son patron, la jeune femme le menace de transférer les photos de ses parties intimes qu'il lui avait envoyées après un soir de beuverie à tous leurs collègues. Henderson s'emmêle dans les excuses. Ortiz insiste et demande si le corps du Punisher a été découvert. Non, rien. Certains pensent que le justicier a trouvé la mort là-bas ; Henderson refuse d'y croire. Selon les rumeurs, le Punisher serait parti vers le nord...
Un cimetière à New York. Ortiz (elle a été suspendue), le bras soutenu par une attelle, a assisté de loin aux obsèques de l'agent Henderson, son partenaire. L'agent Anders la rejoint. Il exprime des condoléances maladroites. Ortiz lui demande de couper court ; Henderson, de toute façon, le détestait. Anders, un début de sourire aux lèvres, lui propose d'aller discuter de tout cela autour d'un verre. Agressive, autoritaire, elle lui ordonne de lui détailler ce qu'il a trouvé lors du nettoyage de l'asile Exeter. Henderson hésitant et invoquant son patron, la jeune femme le menace de transférer les photos de ses parties intimes qu'il lui avait envoyées après un soir de beuverie à tous leurs collègues. Henderson s'emmêle dans les excuses. Ortiz insiste et demande si le corps du Punisher a été découvert. Non, rien. Certains pensent que le justicier a trouvé la mort là-bas ; Henderson refuse d'y croire. Selon les rumeurs, le Punisher serait parti vers le nord...
Cloonan pousse un scénario qui monte en tension et fait le funambule sur la limite entre cohérence et (semi-)réalisme, et incohérence et grotesque. Le premier numéro démarre sur les chapeaux de roue avec une baston de bar sanguinolente et un bus détourné dont les passagers sont massacrés. Puis arrive cette rencontre improbable entre Frank Castle et cette veuve isolée au crépuscule de sa vie, qui aurait sans doute eu davantage sa place dans une série comme "The Goon" d'Eric Powell. S'ensuit une amitié étrange, développée sur le terreau de l'instinct maternel et les restes d'un amour mis à l'épreuve par la mort de l'être aimé parti depuis longtemps. La vieille, aux côtés du Punisher, s'offre une dernière virée à cent à l'heure et fait un doigt d'honneur à l'ennui avant d'embrasser la Faucheuse en toute sérénité. Ce personnage décalé n'est qu'un exemple de l'exagération cultivée par la scénariste, notamment dans la quatrième partie, où le justicier subit un feu nourri sans être vraiment égratigné ; pour des mercenaires chevronnés, c'est un comble ! Découvrant ce qui l'attend encore après, le lecteur pourra estimer que cela est décidément bien trop pour un seul homme, même s'il s'agit du Punisher. C'est regrettable, car cette quasi-autodérision n'était pas présente dans le tome précédent. Quoi qu'il en soit, le degré de violence monte d'un cran à chaque épisode jusqu'à la conclusion de l'album ; le traitement infligé à Olaf rappellera immanquablement celui qui a été administré à Jigsaw, l'ennemi juré du Punisher. Graphiquement, il faut, hélas, se coltiner les pages dessinées par Braga ; et après contemplé les dernières planches de Dillon, c'est presque une épreuve. Le trait de Braga, qui est inspiré du manga, est froid, une sensation qui est encore renforcée lorsque les fonds de case sont vides. C'est une erreur de casting qui n'affecte qu'un seul numéro. Horak relève le niveau avec un travail remarquable sur le mouvement et surtout sur les expressions faciales (notamment le personnage de Face dans le troisième chapitre).
C'est Nicole Duclos qui traduit, comme dans le tome précédent. Rien de particulier à signaler, si ce n'est une vilaine faute de conjugaison. Par contre, les jurons sont toujours censurés, remplacés par des idéogrammes. Alors, y a-t-il une explication ?
Ce second tome, bien que satisfaisant, est moins réussi que le premier. Il souffre d'un manque d'homogénéité visuelle (le trait de Horak est plus approprié que celui de Braga) et d'une dérive vers le grotesque plus prononcée que dans l'album précédent.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbuz
La tentation est forte pour les scénaristes d'utiliser des éléments fantastiques ou improbables quand les histoires se déroulent dans l'univers partagé Marvel. Je présume que les obligations éditoriales sont très fortes aussi. Dans la série Punisher (Marvel Knights), Garth Ennis réalisait un exercice de funambule entre l'exécuteur froid et méthodique, et les incursions de personnages Marvel, avec un bon sens de l'équilibre et de la farce grotesque (Wolverine passé sous un rouleau compresseur, épisode 17). La réussite de ce mélange des genres n'est pas donnée à tout le monde.
RépondreSupprimerOui, il me semblait que ce type d'approche était un peu l'apanage d'Ennis, en tout cas pour cette série. Je me dis que cela définit parfois l'approche des scénaristes suivants, qui n'osent peut-être pas s'éloigner d'un modèle porté au pinacle.
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