dimanche 22 avril 2018

Geoff Johns présente Green Lantern (tome 2) : "Les Oubliés" (Urban Comics ; septembre 2012)

"Les Oubliés" est le second tome d'une série de huit (dont un numéro zéro), consacrée au passage du scénariste Geoff Johns sur l'univers Green Lantern. Cet album cartonné est sorti en septembre 2012 dans la collection DC Signatures d'Urban Comics. Il comprend les "Green Lantern" #7-13 (février à août 2006), incluant ainsi "La vie est belle" ("A Perfect Life" en VO), "Marqué à vie" ("Branded"), avec "Les Oubliés" ("Revenge of the Green Lanterns").
Geoff Johns conçoit les intrigues. Carlos Pacheco dessine "La Vie est belle", Ethan Van Sciver,  "Marqué à vie", et Ivan Reis "Les Oubliés". Le travail de Pacheco est encré par Jesús Merino. Van Sciver encre le sien avec Prentis Rollins, Oclair Albert ou Marcos Campos, celui de Reis. Moose Baumann réalise la mise en couleurs.

À l'issue du tome précédent, en plus des Traqueurs, le Green Lantern Hal Jordan affronte et défait Hector Hammond, le Requin, et Black Hand. Sur la planète artificielle Biot, un complot se trame.
États-Unis, à Piqua, dans l'Ohio, tard le soir. Un agriculteur et son fils ramènent une vache égarée près des champs de maïs. Le garçon attire l'attention du père ; un phénomène étrange est visible à la surface de la Lune. L'homme précise que les actualités télévisées ont mentionné une explosion à la Tour de Garde de la Ligue de Justice. Aucun mot quant à d'éventuelles victimes. Soudain, une détonation sourde et puissante se fait entendre. Mongul II émerge d'un brasier. Il tient un globe d'une matière transparente dans la main gauche et une Miséricorde noire dans la droite. Il déclare aux deux Terriens qu'il est capable de faire preuve de pitié, les désintègre, eux et le bovin, et s'éloigne à pied.
Coast City, le lendemain. Sur les hauteurs d'un chantier, un contremaître discute au téléphone avec le grutier de la population de la ville lorsqu'un câble, retenant une poutrelle en suspension, cède...

Johns nous emmène d'un bout à l'autre de la galaxie pour un récit plein d'action qui permet à Jordan de croire qu'une rédemption est possible. Car c'est bien le remords qui ronge le héros qui est le point commun entre ces histoires. Rappelons que suite à la destruction de Coast City, il utilise son pouvoir pour la recréer. Les Gardiens lui reprochent d'avoir fait usage de l'anneau à des fins personnelles. Furieux, le Green Lantern massacre tout ce qui vit sur Oa et devient Parallax. Le scénariste dépeint un homme en proie au doute, en quête d'empathie, d'absolution, alors que ceux qui entendent le punir pour ses crimes restent nombreux. Dans la première partie, l'auteur fait expérimenter à Jordan et à Green Arrow les vies qu'ils auraient pu avoir si les événements avaient été différents. Il utilise la Miséricorde noire, plante vénéneuse inventée par Alan Moore (voir "Un homme comblé"). Mais là où Moore exploitait les fantasmes de Superman, non seulement à l'égard de sa famille, mais aussi à celui de Krypton, Johns n'insuffle que des rêves banals aux deux héros. Dans la seconde histoire, Jordan fait, tant bien que mal, équipe avec Batman, sévère avec lui. Enfin, il vole au secours de survivants du Corps en dépit de leur rancune. Johns, tout en semant les graines d'une intrigue plus vaste, produit des scénarios équilibrés, riches en bagarres, mais dont l'action perpétuelle peut lasser, d'autant que les dialogues reposent des joutes verbales superficielles. La caractérisation du Green Lantern n'évolue guère, hélas ; malgré les conséquences de ses imprudences répétées, il continue à foncer tête baissée dans toutes les brèches. Dans l'absolu, la partie graphique est réussie. Les lignes de Pacheco, Reis et même Van Sciver conviennent bien à l'univers des Green Lanterns, bien qu'une certaine absence d'originalité soit regrettable. Les planches de Pacheco sont classiques, peu fouillées. Van Sciver présente un trait détaillé, soigné, au détriment du mouvement. Reis produit des corps musculeux pour les hommes, sveltes et pleins de courbes pour les femmes. Plastiquement, c'est bien fait, évidemment. Mais ce type de style continue à exploiter les poncifs du genre et n'amène rien de nouveau.
Edmond Tourriol fait un très bon boulot de traduction et son texte est impeccable. L'éditeur propose un superbe bouquin avec quelques pages de rédactionnel, dont une présentation des auteurs, et les couvertures originales, signées Simone Bianchi.

Johns et ses dessinateurs livrent des épisodes pleins de rythme et de bagarres, avec, au centre, un Jordan qui peine à retrouver sa place au sein du corps et qui aspire à la rédemption tout en conservant un esprit de fonceur et de frondeur indiscipliné.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. J'avais eu un ressenti mitigé, comme le tien, l'impression que Geoff Johns se faisait un devoir de passer en revue les points de passage obligés engendrés par le retour d'Hal Jordan, à commencer par se reconnecter avec Green Arrow, et se mesurer à Batman, garant de la justice et de la morale, et évaluant le risque que peut encore être Hal Jordan. Dans le même temps, il teste un peu les personnages récurrents de la série (par exemple Tattooed Man) pour rétablir les liens de Jordan avec sa continuité et pour voir ce qui l'inspire.

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    1. J’avais trouvé le premier tome un peu plus intéressant et plus varié. Celui-ci m’a un peu ennuyé à la relecture. Je m’attends à la même relative déception à la relecture du troisième tome. Je n’irai pas au-delà.

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    2. Avec le recul, le troisième tome fait figure de charnière. La première moitié est dessinée par Ivan Reis, et Geoff Johns réintègre un autre élément très secondaire de Green Lantern, voire pas directement rattaché, peut-être juste parce qu'il avait envie de mettre cette super-équipe en scène. La deuxième moitié (dessinée par Daniel Acuña) peut être vue comme une forme de prologue à a Guerre de Sinestro, c'est-à-dire la direction dans laquelle il va orienter la série par la suite, en abandonnant la Terre au profit d'aventures plus cosmiques et plus colorées.

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