mardi 3 avril 2018

"X-O Manowar" : L'intégrale (tome 1) (Bliss Comics ; février 2017)

En 2013, Panini Comics obtient la licence Valiant pour la France et publie les quatre premiers tomes de "X-O Manowar" avant de renoncer en 2015 à cause de ventes décevantes. Bliss Comics récupère les droits puis sort le premier volume de l'intégrale "X-O Manowar" en février 2017. Ce recueil compile les numéros VO #1-22 (de mai 2012 à février 2014) et les #1-4 de "Unity" (de novembre 2013 à février 2014). Il est divisé en six chapitres : "L'Armure de Shanhara", "Opération Ninjak", "Planète Mort", "Retour aux sources", "En guerre contre Unity", avec "Unity : Mort au roi".
Les "X-O Manowar" sont écrits par Robert Venditti. Cary Nord réalise les dessins des #1-4, #11-14, #19, des #20 et 22 avec Vicente Cifuentes (finitions), et du #21 avec Trevor Hairsine. Lee Garbett produit les #5-8 et #15-18, Hairsine les #9 et 10. Quand les artistes n'encrent pas leurs propres travaux, ils les confient à Stefano Gaudiano. Outre Nord, les mises en couleurs sont de Moose Baumann, Brian Reber ou Ulises Arreola. C'est Matt Kindt qui scénarise l'événement transversal "Unity". Reber signe la mise en couleurs, sur des illustrations et un encrage de Doug Braithwaite.

6 avril 402, Pollentia, Italie. Suite au saccage des villes de la plaine du Pô et au siège de Milan, les Romains, commandés par Stilicon, tentent de chasser les Wisigoths d'Alaric Ier d'Italie. Stilicon a libéré Milan du siège d'Alaric, qui se dirige vers Asti. Les Wisigoths sont rejoints par l'armée romaine à côté de Pollentia. Deux soldats wisigoths gravissent la pente d'une colline. Ils maudissent les Romains, qui osent attaquer le jour de Pâques. Arrivés au sommet de la butte, ils sont tétanisés par l'ampleur des moyens déployés par Rome. Les barbares ont commencé à donner l'assaut, mais 1'artillerie impériale fait des carnages dans leurs rangs. Dans l'espoir d'une revanche future, Alaric ordonne à ses troupes et à son neveu Aric de se replier, mais ce dernier pense que les Wisigoths peuvent l'emporter. Il n'écoute ni son compagnon Gafti ni son père Rolf. Aric parvient à remotiver ses hommes et mène la charge. Les légions romaines attendent de pied ferme...

La connexion à cet univers, qui ne souffre pas de décennies de continuité, est aisée. Un barbare du Ve siècle éprouvant une haine viscérale pour Rome est enlevé par des extraterrestres. Après une longue captivité, il s'empare de leur armure sacrée et revient sur Terre en découdre avec ses ennemis. Problème : il atterrit au XXIe siècle ! L'idée du décalage temporel fait toujours son petit effet lorsque le scénario est bien mené. C'est le cas ici. Venditti met en scène Aric de Dacie, guerrier wisigoth borné qui ne pense qu'à prendre sa revanche sur l'Empire romain et aspire à retrouver une terre pour son peuple. Le héros utilise ses dons pour atteindre ses objectifs et rendre une justice dont il définit lui-même les contours. Son désir de vengeance n'a pas de limite ; quiconque est en travers de sa route en fait les frais, surtout ces extraterrestres hideux, les Vignes, humanoïdes aux têtes d'araignées. Le propos est rafraîchissant. Le Wisigoth présente une personnalité brute, ignorant tout du compromis, sans finesse ni sens politique, mais qui acquiert progressivement une certaine forme de sagesse au fil des rencontres et des combats. Rapidement, et sans doute pour éviter une intrigue au fond trop linéaire, Venditti fait intervenir le railleur Ninjak, autre personnage de l'univers Valiant, puis d'autres, notamment le policé Harada. Le contraste entre Aric, qui analyse tout en noir et blanc, et ces personnages-là amène le sourire. Ces épisodes font la part belle à l'action, mais l'émotion n'en est pas absente (le destin de l'équipe Unity, par exemple), et les thèmes de réflexion sont nombreux (prophéties et religion, rédemption). La qualité graphique de l'ensemble est indéniable, malgré des différences de styles. Les artistes proposent un trait qui évolue dans le registre réaliste. Il y a quelques ruptures visuelles ("X-O Manowar" #19), mais elles passent facilement, sans doute grâce à la relative stabilité aux postes d'encreur et de coloriste. Braithwaite a quelques difficultés à rendre la complexité de l'action de "Unity" #2 et 3 suffisamment lisible.
Le texte comporte de nombreuses fautes et certains noms propres sont mal ("Pollenza" pour "Pollentia") ou pas traduits ("Guyana" pour "Guyane"). C'est dommage. La maquette est parfaite, et les couvertures originales insérées entre chaque chapitre.

La reprise de la licence Valiant est bienvenue, et ce format, bien que massif, est une très bonne idée. Les nombreuses fautes de français n'entament pas le plaisir de lecture procuré par ce premier tome de l'intégrale "X-O Manowar", par Bliss Comics.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. Voilà un commentaire que j'ai plaisir à découvrir, car c'est une des rares séries Valiant pour laquelle je n'ai pas encore craqué (mais j'ai commence la nouvelle série de X-O Manowar, écrite par Matt Kindt).

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    1. Tout ça est de ta faute, tu sais :-) ? Car c'est en lisant tes commentaires sur la série "Ninjak" que j'ai fini par céder à l'attrait de l'univers Valiant.
      Au fond, j'aurais dû te dédier cet article.
      M'attendent, en plus de "X-O Manowar", "Ninjak", "Rai" (encore de ta faute :-) ), "Harbinger" et "Archer et Armstrong".

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    2. Justement, je ne savais pas si je devais te recommander Harbinger (la série la plus marquante à mes yeux), me voilà rassuré. Pour le reste, il ne me reste qu'à assumer le potentiel de conviction de mes articles. :)

      Je guette donc tes articles suivants sur les séries Valiant, dont celui pour Archer & Armstrong qui ne m'avait pas du tout convaincu.

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