"La Revanche de Bane" est un album cartonné de cent soixante planches sorti dans la collection "DC Nemesis" d'Urban Comics en 2012. Il s'agit d'une compilation de deux histoires. La première, "La Revanche de Bane", reprend l'intégralité de "Vengeance of Bane" (janvier 1993). La seconde, "Le Fléau du Démon" ("Bane of the Demon" en VO), est une mini-série en quatre chapitres (mai à juin 1998). Le recueil inclut également, en guise d'entracte, une double page synoptique tirée du "Countdown to Final Crisis" #7 (mars 2008) qui retrace les grands événements de la vie de Bane.
Chuck Dixon est scénariste de "Vengeance of Bane" et de "Bane of the Demon", Graham Nolan en est dessinateur. C'est le tandem qui a créé le super-vilain. L'encrage et la mise en couleurs du premier récit sont respectivement d'Eduardo Barreto et d'Adrienne Roy, et de Tom Palmer et Noelle Giddings dans la seconde moitié.
République de Santa Prisca, dans les Caraïbes. Il y a quelques années, une tentative de coup d'État, inspirée par les événements de Cuba et soutenue par le peuple, fut sévèrement réprimée par les généraux. Elle ne dura que trois jours. Le gouvernement mit en place une série de mesures destinées à identifier tous les sympathisants de cette cause. Une fois arrêtés, ces derniers furent envoyés à Peña Duro, le pénitencier de l'île. Une femme y fut incarcérée, car son enfant à naître y purgerait la peine de son père, selon le Code pénal de Santa Prisca. Seul un garçon serait condamné, et ce fut un garçon qui naquit. Il fut ainsi condamné à passer sa vie en prison, à Peña Duro. Sa mère, devenue gardienne légale de l'enfant, resta incarcérée. Elle et son fils étaient détenus à l'infirmerie pour leur protection. C'est là qu'ils attirèrent l'attention de Zombie, condamné à trente ans, affecté au service du Dr Ruger. Zombie voit le garçon grandir. Il voit la mère de celui-ci dépérir et mourir à petit feu. Le garçonnet, au fil des ans, apprend à découvrir tous les recoins de la prison. C'est également là qu'il est témoin de son premier assassinat. Quant à sa mère, elle renonce, et meurt après six années d'incarcération...
Ce recueil est l'un des deux prologues à "Knightfall", l'autre étant "La Lame d'Azraël". "La Revanche de Bane" est une réussite. Le scénario est captivant, équilibré, et ne présente aucun défaut majeur, si ce n'est que la solitude imposée à Bane n'est pas retranscrite avec suffisamment de force. D'autre part, certaines ficelles censées expliquer son attrait pour Gotham City sont invraisemblables (la vision de lui-même, adulte, et de la chauve-souris). Le médecin qui expérimente la toxine sur les prisonniers ressemble au docteur Hugo Strange, mais ce n'est pas lui. Mention bien. "Le Fléau du Démon" comprend trois intrigues sous-jacentes : Bane part à la recherche de son père, la Ligue des Assassins tente de mettre la main sur des documents anciens, et la rencontre entre Ra's Al-Ghul, Talia et Bane. L'ensemble peut être lu comme un prologue à "Contagion" (inédit en VF à ce jour). La rencontre entre ces trois criminels aurait pu être plus fouillée. Talia s'amuse avec Bane comme amant avant d'éprouver pour lui une répulsion soudaine, sans raison crédible. Ra's, lui, semble étrangement bien disposé à l'égard de Bane et lui accorde sa confiance facilement. Ensuite, la caractérisation de Bane a évolué. Il captive dans la première histoire, mi-homme mi-animal sans merci, victime de l'enfer carcéral et d'expérimentations médicales ; dans la seconde, sa brutalité et son animalité froide font place à de la quasi-civilité. Le personnage perd en charisme et devient ennuyeux. Dixon répète la scène de l'évasion, mais il y a des idées intéressantes (le duel, l'intrigue amoureuse) et de bons dialogues. Les dessins de "La Revanche de Bane" ont vieilli juste ce qu'il faut, mieux en tout cas que l'encrage - parfois appuyé - et que la couleur. Trait et découpage sont classiques. Les illustrations de la seconde histoire sont moins réussies et moins soignées que celles de la première. Beaucoup de visages sont mal dessinés, et les proportions des corps sont à géométrie variable. Les fonds de cases sont peu détaillés et les expressions faciales exagérées.
La traduction a été réalisée par Nick Meylaender. Dans l'absolu, son travail est valable, mais il faut souligner une certaine pauvreté du vocabulaire et le manque de richesse dans les tournures de la deuxième partie. Notons une faute de conjugaison.
Malgré ses défauts, et bien que la qualité graphique s'affaisse d'une partie à l'autre, ce recueil est intéressant. Le format album est justifié pour la première moitié, mais moins pour la suite, d'autant que les événements sont postérieurs à "Knightfall".
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbuz
Nous avons un avis très proche sur ces 2 histoires. Je me rends compte que j'ai même relevé comme toi cette vision qui tombe à pic de Bane adulte avec la chauve-souris. En ce qui concerne la quasi-civilité de Bane dans le deuxième récit, Chuck Dixon a quand même su proposer une nouvelle dynamique pour le personnage (un peu rudimentaire) qui a été reprise en l'état par la suite par Gail Simone entre autres (dans la série Secret Six). Du coup, cette nouvelle personnalité quasi civilisé a permis aux scénaristes suivant de mettre en scène Bane de façon plus autonome avec des possibilités de développement.
RépondreSupprimerCette vision, cette apparition de Bane adulte à lui-même enfant, ce n'était quand même vraiment pas inspiré, à y repenser.
RépondreSupprimerJ'ai encore les deux premiers tomes de "Secret Six" sur mon étagère ; je ne désespère pas rattraper mon retard de lecture.