"À main nue" est le dix-huitième et dernier album de "The Punisher", titre regroupant les versions françaises des soixante-quinze numéros du septième volume de la version originale (de mars 2004 à décembre 2009) en dix-huit tomes sortis chez Panini Comics France entre avril 2004 et janvier 2011 dans la collection "MAX", le label adulte de Marvel. Publié en janvier 2011, il contient les versions françaises de quatre récits complets : "Punisher: Force of Nature" (avril 2008), "Punisher Max Special: Little Black Book" (août 2008), du "Punisher Annual" - volume 2 - (novembre 2007), et "Punisher MAX: Naked Kill" (août 2009). Ce billet concerne la première édition en version française, à savoir un ouvrage broché au format 26,0 × 17,5 centimètres à la couverture flexible, qui contient approximativement cent quarante planches en couleurs.
"Force de la nature" ("Force of Nature") est écrit par Duane Swierczynski, et dessiné et encré par le Montréalais Michel Lacombe. "Le Petit Calepin" ("Little Black Book", id.) est écrit par Victor Gischler, dessiné et encré par l'Espagnol Jefte Palo. "Traqué" ("The Hunted", id.), le récit de l'annuel, est écrit par Mike Benson, et dessiné et encré le Britannique Laurence Campbell. "À main nue" ("Naked Kill") est écrit par Jonathan Maberry, et dessiné et encré par Campbell. Le Français Stéphane Péru (1982-2008) réalise la couleur du premier récit ; Lee Loughridge celles des trois autres.
L'océan Atlantique, en pleine journée. Le Punisher a harponné un malfrat et le traîne derrière son canot à moteur. Il a l'intention de ramener sa proie sur le rivage. Il avait repéré ce type et ses deux complices à Philadelphie. Parmi eux Dwight Carter, un petit financier lié à la mafia ; le maquereau Jackie Lutz alias Jackie-la-Main-Leste, un ami de Carter ; et enfin, Ian Resnick, revendeur de drogue de seconde zone. Du menu fretin, mais Castle a entendu dire partout qu'ils étaient sur "un gros coup pour les Russes" : trafic sexuel, gros achats de came, arnaques à la carte bancaire...
Quatre auteurs livrent chacun un récit avec leur vision du Punisher. La première (un clin d'œil à "Trois Hommes dans un bateau" de Jerome K. Jerome ?) dépeint Castle comme un prédateur et un planificateur qui connecte les points et anticipe les réactions de ses proies pour les mieux piéger. Ici, le Punisher attendra quarante-et-une longues heures. Sans doute un exercice de style, parce qu'attendre des aveux pendant presque deux jours n'est pas dans les habitudes du bonhomme. Le texte est bâti sur les dialogues des malfrats et les réflexions de Castle. Dans le "Le Petit Calepin", une prostituée de luxe - son père l'a éduquée à considérer les hommes comme des chiens - a baissé sa garde face au Punisher, qui l'utilise pour arriver à ses fins, éliminer un narcotrafiquant. Dans le second acte, Castle, nimbé d'une aura surnaturelle, se fait pardonner à sa façon et prouve qu'il est plus qu'un justicier cynique. L'histoire est narrée à la première personne par la prostituée, Vette. Gischler nous rappelle que quelques femmes au caractère bien trempé auront aidé Castle dans sa croisade - malgré elles ou pas. Dans "Traqué", Benson creuse la dimension surnaturelle ; son récit est à nouveau conté à la première personne, cette fois-ci par un criminel : Eddie Gands. Ses six complices et lui sont pourchassés par le Punisher, qui apparaît tel un archange mutique omniprésent (il est illusoire d'espérer lui échapper), omniscient (il prévoit les mouvements de ses proies), insaisissable et impitoyable (il est vain de tenter de lui résister). Sans doute la meilleure histoire, d'autant que la partie graphique est remarquable. Enfin, dans "À main nue", des jeunes femmes sont livrées en pâture à un violent psychopathe masqué au membre hypertrophié, dans le but de filmer des vidéos de type porno snuff. Ce numéro est écrit comme un jeu d'arcade dans lequel Castle passe les étages (les niveaux) en utilisant des armes de fortune - puis des vraies - pour éliminer les agents de cette entreprise répugnante, jusqu'aux "boss" de fin. Ce chapitre bousculera le lecteur et engendrera chez lui un profond malaise, à l'instar des pages les plus sordides d'Ennis, l'humour noir en moins.
Les artistes évoluent tous dans le registre réaliste. Lacombe est moins maniériste que les autres. Il creuse l'expressivité des personnages avec un talent étonnant, mais le visage de son Punisher ne convainc pas. Et puis, la combinaison de plongée avec le logo à tête de mort, c'est trop. Palo produit des planches remarquables ; l'artiste sait croquer les femmes, mais ses arrière-plans sont très souvent inexistants et il y a un faux raccord. Le travail de Campbell sur le cadre (New York la nuit, qui baigne dans des halos de lumière) est admirable ; en esthétisant les planches du dessinateur, la couleur de Loughridge leur offre indéniablement une autre dimension.
La traduction a été réalisée par Nicole Duclos, comme dans les dix-sept tomes précédents. Ici, le résultat est encore une fois très satisfaisant dans l'ensemble, ni faute ni coquille. Elle aura produit, sur cette série, un travail d'une qualité très régulière.
De ces quatre histoires complètes, "Traqué", celle de l'annuel, émerge du lot sans difficulté. C'est aussi l'approche la plus intéressante du Punisher. "Force de la nature" est plus classique ; "Le Petit Calepin" plus convenue ; "À main nue" plus dégoûtante.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbüz
Une série terminée : tu es allé jusqu'au bout. Respect.
RépondreSupprimerje retiens que À main nue serait susceptible de me plaire pour le malaise et ses pages sordides, avec en plus une narration visuelle qui semble être de qualité, alors que je n'ai jamais lu de Jonathan Maberry, faute d'une histoire ayant suscité mon intérêt a priori.
Je retiens également le nom de Mike Benson, au cas où ses épisodes de Moon Knight seraient réédités : ça pourrait être pas mal.
Je suis très content de l'avoir terminée. Je n'ai pas été fan de tout, mais je retiens quelques sommets imparables et d'excellents moments de lecture.
SupprimerMoon Knight est un personnage que j'apprécie beaucoup. J'avais lu un ou deux épisodes de Moench dans le passé. J'ai les épisodes de Lemire en stock ; je dois encore les lire.
La réédition de Moon Knight que j'attends : les épisodes par Charlie Huston & David Finch.
SupprimerJ'avais lu "Le Fond", le premier tome de la série VF, sorti chez Panini Comics à l'époque (2007). Je n'avais pas aimé le scénario et encore moins les dessins, mais à l'occasion il faudrait que je le relise. Je n'avais pas lu le second tome.
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