lundi 14 novembre 2022

Infinite Crisis (tome 1) : "Le Projet O.M.A.C." (Urban Comics ; septembre 2014)

Premier des cinq volumes d'"Infinite Crisis""Le Projet O.M.A.C." est un album relié format 17,5 × 26,5 cm, paru en septembre 2014 dans la collection "DC Classiques" d'Urban Comics ; il compte deux cent quatre-vingt-dix planches, environ. Il comprend les versions françaises : du "Countdown to Infinite Crisis" #1 (de mai 2005), des "OMAC Project" #1-6 (de juin à novembre 2005), des "Superman" (volume 2) #219 (de septembre 2005), "Action Comics" #829 (de septembre 2005), et "Adventures of Superman" #642 (de septembre 2005) et du "Wonder Woman" (volume 2) #219 de septembre 2005. 
Greg Rucka est le scénariste attitré ; il coécrit le prélude avec Geoff Johns et Judd Winick. Deux des titres Superman sont confiés à Mark Verheiden et à Gail Simone. Au dessin : Ed Benes, Phil Jimenez, Rags Morales, Ivan Reis, Jesús Saíz et Cliff Richards sur "OMAC Project", John Byrne, Karl Kerschl, Derec Donovan, Cam Smith, Sean Parsons, Tom Derenick, Georges Jeanty, David López. Encreurs nombreux aussi : outre Benes, Reis, Saíz, Kerschl, Donovan, Smith et Parsons, il y a encore Michael Bair, Bob Wiacek, Mariah Benes, Rob Lean, Alex Lei, Nelson DeCastro, Bob Petrecca, Mark Propst, ainsi que Dexter Vines. Enfin, les coloristes : Moose Baumann, Rod Reis, Guy Major, les époux Richard et Tanya Horie, et Hi-Fi Design. 

Suisse, une forteresse médiévale située au fin fond des Alpes ; il y a vingt minutes. Se remémorant certaines scènes de son enfance et son adolescence, dont le piratage du site de la Défense états-unienne, Blue Beetle, se faufilant dans un faux plafond, retire une grille d'aération. Équipé d'une corde et d'un harnais, il opère une descente, puis pose les pieds sur un carrelage au motif de damier. Le couloir est désert ; en face de lui, une double porte coulissante, marquée aux armoiries du roi noir de l'organisation Checkmate. Kord en crochète la serrure électronique, sans difficulté notable ; il entre dans un bureau spacieux, aux volumes majestueux, et se précipite sur un ordinateur surmonté d'un immense écran. Les emblèmes des membres de la Ligue de Justice s'affichent ; étonné, il ouvre le dossier consacré à Batman. Ce qu'il y découvre le choque... 

Lire "Crise d'identité" aidera à comprendre les références du récit. Ce tome tient le lecteur en haleine, comme un roman d'espionnage. Palpitante, l'intrigue plonge au cœur de l'action sans détour. Rucka évite la linéarité en employant des analepses ; le lecteur avance ainsi en découvrant des éléments-clés a posteriori, une technique qui se prête bien au genre et est efficace si maîtrisée. La minisérie "OMAC Project" est cohérente, rythmée, et bien articulée. Les lieux sont variés : États-Unis, Suisse, tour de guet... Cela concerne surtout "OMAC Project", car le reste de l'album souffre des titres de la franchise Superman, de leur lourdeur et leurs longueurs indigestes dues à une action perpétuelle. Bien que maniérée, la caractérisation des protagonistes a de l'intérêt. Humble second couteau, Blue Beetle suscite bien vite l'empathie. Glacial, Batman n'a guère confiance en ses coéquipiers; comment ne pas le comprendre ? Dangereux à l'extrême, Superman s'avère un pantin qui devient fou furieux et bat à mort un allié. Incarnation de la compassion, Wonder Woman en vient à l'impensable, alors que d'autres options existaient forcément. "OMAC Project" ressemble à une tentative de réhabilitation des seconds couteaux, de ces perdants sympathiques prêts à se sacrifier, dont les faiblesses sont plus assumées et plus acceptables que celles des pontes de la trinité. Indisponibles, les grandes figures de la Ligue peuvent se montrer aussi arrogantes qu'inaccessibles. L'Œil (prendre le temps de décrypter les lignes de code incrustées dans les dessins, elles sont souvent hermétiques, mais retranscrivent ses actions) est la lentille par laquelle le lecteur est témoin de cette totale déroute programmée. Il n'est plus question de voir les superhéros comme une famille aussi disparate qu'unie. Rucka change nos perceptions de ces champions en soulignant les dangers qu'ils représentent, leur mauvaise gestion du risque, les fissures dans la façade et les différences de statuts. Il y a là de très bonnes idées. 
Les styles graphiques sont trop divers, la sensation d'homogénéité ne prend pas. La minisérie "OMAC Project" se distingue par la qualité de sa partie graphique. Le trait réaliste de Saíz offre un côté polar à l'atmosphère, avec des contours noirs plus épais ; les arrière-plans de l'Espagnol ne brillent pas par leur densité de détail. Le coup de crayon de Richards est plus fin, mais trop "bodybuildé" pour être réellement élégant ; une remarque qui s'applique également à celui du Brésilien Benes. Avec Byrne et les autres en plus, ces planches forment un patchwork très varié, qui ne met que trop en évidence le passage d'un épisode à un autre. Ma préférence personnelle va au style de Saíz, mais chacun de ses artistes a suffisamment de talent pour pouvoir prétendre illustrer la totalité des numéros. Au diable ces cadences effrénées. 
C'est le Girondin Edmond Tourriol qui effectue la traduction. Je n'ai pas eu la version originale en main, mais le texte est cohérent et impeccable : ni faute ni coquille.

Espionnage, manipulations, trahisons, rancœurs, romance, drames humains, etc. Et, finalement, une vision bien peu rassurante des protecteurs de l'humanité que sont les membres de la Ligue de Justice. Résultat bancal, plutôt trois étoiles que quatre. 

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbüz
Copyright © 2014 Les BD de Barbüz

Batman, Superman, Wonder Woman, Blue Beetle, Booster Gold, Justice League, Checkmate, Maxwell Lord, Greg Rucka, DC Comics

3 commentaires:

  1. Un voyage dans le passé qui me ramène à mes tous débuts (très succincts) de commentateur sur amazon.

    https://www.amazon.fr/gp/customer-reviews/R771KPL40BBEQ/ref=cm_cr_dp_d_rvw_ttl?ie=UTF8&ASIN=1401208371

    Dans mon souvenir j'avais également bien apprécié les 6 numéros de la minisérie The Omac Project (par Rucka et Jesus Saiz), même si le principe de tuer un superhéros, ou simplement un personnage de premier semble un expédient à double tranchant. Je m'étais assez attaché à Ted Kord, au fil de son amitié avec Booster Gold dans Justice League International première mouture. Le voir abattu comme ça était assez dérangeant.

    Pour l'hétérogénéité des dessins, j'étais déjà assez familiers du rythme de production des comics (ces cadences effrénées) pour ne pas m'offusquer de l'effet patchwork.

    Avec le recul, si je devais relire des comics de cet événement, je pense que je m'en tiendrais à Infinite Crisis. Et surtout, je me tiendrais à l'écart JLA Crisis of conscience, la plus grande déception de cette sagan avec un commentaire à 1 étoile !

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    1. J'avais été bien plus enthousiaste à ma première lecture.

      Personnellement, je crois que lire l'histoire de la mort d'un superhéros est devenu presque banal depuis "Watchmen" et "A Death in the Family". Ici il y a comme un jeu de miroirs, puisqu'un super-criminel est exécuté aussi.

      Dis donc, ça devait en être une de daube pour que tu ne mettes qu'une étoile ! Toi qui es si mesuré d'habitude et qui essaies toujours de trouver quelque chose de positif dans une œuvre...

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    2. J'étais un jeune chien fou à l'époque. 😁

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