samedi 18 février 2017

"Identity Crisis" (Panini Comics ; janvier 2010)

"Identity Crisis" est un album (couverture cartonnée avec jaquette) sorti chez Panini Comics en janvier 2010 dans leur collection "DC Deluxe". Il compte à peu près deux cent dix planches. En VO, "Identity Crisis" est, à l'origine, une mini-série en sept numéros sortis entre juin et décembre 2004. Après le transfert de licence, "Identity Crisis" a été réédité par Urban Comics en 2013 sous le titre "Crise d'identité", dans leur collection DC Classiques, avec une nouvelle traduction ; pour compléter leur publication et sans doute aussi pour pousser les collectionneurs à acheter leur réédition, Urban Comics y ont ajouté, en bonus, les #166-168 (mai à juillet 1979) de "Justice League of America" (les événements se déroulant dans ces numéros sont évoqués dans le récit principal). Précision : c'est l'édition Panini Comics qui est l'objet de l'article.
"Identity Crisis" est l'un des plus importants succès commerciaux de DC Comics. Chronologiquement, cette histoire précède "Infinite Crisis". Le scénario est de Brad Meltzer. Meltzer est un auteur à succès qui aura relativement peu écrit pour les comics et surtout pour DC Comics. Les dessins sont de Rags Morales. Morales a notamment participé aux illustrations de la série "Action Comics" des Nouveaux 52 de Grant Morrison. Le travail d'encrage a été réalisé par Michael Bair. Bair a travaillé, entre autres, à la nouvelle série "JSA", conçue par James Robinson et David Goyer.

Opal City. Ralph Dibny (l'Homme élastique, aujourd'hui traduit en "Extensiman" dans les publications Urban Comics) et Lorrainne Reilly (Firehawk) sont en planque depuis deux heures. Deux petits malfrats attendent leur acheteur. Les deux super-héros tuent le temps en discutant et en spéculant sur l'objet de la transaction criminelle qu'ils sont en train de surveiller. Des rumeurs circulent au sujet d'un androïde Amazo qui serait en vente au marché noir.
À Smallville, Jonathan et Martha Kent prennent le petit déjeuner en compagnie de leur fils adoptif, Clark. Martha, qui collectionne toujours les coupures de presse sur les justiciers masqués, pose quelques questions à son fils sur Green Lantern. Elle fait ensuite mine de s'offusquer lorsque Clark lui rend le chèque qu'elle avait envoyé au Daily Planet afin de régler son abonnement. Elle sermonne Clark, qui, décontenancé par une remarque de sa mère, finit par accepter, lorsque le bipeur de la JLA se met à vibrer. À Gotham City, Nightwing (Dick Grayson) se recueille sur la tombe de ses parents. Ça aurait été leur anniversaire. Bien qu'ils soient séparés, Koriand'r (Starfire) vient lui tenir compagnie. Nightwing reçoit alors un message urgent d'Oracle (Barbara Gordon). À Star City, Green Arrow père et fils (Oliver Queen et Connor Hawke) s'entraînent sous l'œil attentif de Wildcat. Queen presse son fils ; ils sont attendus à la soirée surprise d'anniversaire que Sue Dibny a préparée pour son mari...

Meltzer dépeint une Ligue de Justice qui s'effondre de l'intérieur. Malgré les technologies avancées de surveillance installées par les membres de la Ligue censées protéger leurs proches, ces derniers sont pris pour cible et paient le prix fort. La série d'attaques et de tragédies commises par un mystérieux agresseur auxquelles la Ligue doit faire face fait également remonter à la surface un tissu de mensonges, de manipulations, de non-dits et de secrets enfouis. Ces secrets vont bien entendu finir par émerger malgré eux, répandant toute leur toxicité sur les relations entre les uns et les autres. "Identity Crisis", c'est une Ligue qui perd le contrôle ; le contrôle de ses proches, de ses adversaires, mais également d'elle-même, en témoigne la vendetta organisée, mais pleine de furie des premières pages. Meltzer gère parfaitement son intrigue du début à la fin, malgré l'abondance de personnages - et donc de scènes.
Morales produit sans doute ses plus beaux dessins dans "Identity Crisis". Son style graphique, très réaliste, est caractérisé par un travail important sur l'expressivité des visages et du regard en particulier. Les expressions de certaines scènes sont exagérées et l'artiste verse parfois dans la surenchère émotionnelle. Le découpage de l'action est classique, parfois cinématographique, et d'une limpidité exemplaire. L'encrage de Bair (le travail sur l'ombre et la lumière renforcent l'atmosphère de polar de l'œuvre) et les couleurs d'Alex Sinclair parachèvent une partie visuelle très réussie.

"Identity Crisis" est un polar super-héroïque passionnant, au ton résolument adulte, qui tient le lecteur en haleine jusqu'au bout. L'édition Urban Comics est préférable, surtout pour la traduction, celle de Laurence Belingard étant franchement médiocre.

Mon verdict : ★★★★★

Barbuz

3 commentaires:

  1. Présence15 mars

    Cela commence à faire quelques années que j'ai lu cette histoire (avant 2010) et j'en garde un mauvais souvenir. Alors que le lectorat américain s'était offusqué de la barbarie des crimes, j'avais trouvé que Brad Meltzer avait du mal à raconter son histoire sous forme de bande dessinée, en particulier du fait de longs dialogues explicatifs sans intérêt visuel. Mes souvenirs s'estompent et je n'ai pas vérifié, mais il me semble que Rags Morales fatiguait d'épisode en épisode. Peut-être que si je le relisais je serais plus indulgent...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Jusqu'à cette relecture récente, je n'avais jamais vraiment aimé cette histoire, sans doute, en partie, à cause de la pléthore de personnages et du style de Morales. J'ai fini par me faire à l'un comme à l'autre ; c'est à mon avis le meilleur travail de Morales, en tout cas chez DC Comics.

      Supprimer
  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer