Entre 2009 et 2011, DC Comics ont publié l'intégrale (en six tomes "omnibus") du travail de James Robinson sur le personnage de Starman, du #0 d'octobre 1994 au #81 de mars 2001, avec les deux épisodes annuels, les quatre premiers épisodes de la série "The Shade" et bien d'autres encore. En France, Panini Comics en ont traduit et publié les trois premiers volumes dans leur collection DC Omnibus. Le premier est sorti en octobre 2009. C'est un album épais (pas loin de quatre-cents planches) à couverture cartonnée, avec jaquette. Dommage que Panini Comics n'aient pas pu continuer la publication de cette intégrale ; le transfert de licence de 2011 a empêché l'éditeur de sortir les derniers tomes.
Ce premier volume reprend le contenu exact du premier volume VO, c'est-à-dire les numéros 0 à 16, d'octobre 1994 à février 1996. Le scénariste est James Robinson. Robinson est connu pour les premiers épisodes de la Société de Justice et sur Superman. Le dessinateur principal est Tony Harris. Le #6 est réalisé par le quatuor danois formé de Teddy Kristiansen, Kim Hagen, Bjarne Hansen et Christian Hojgaard, et le #11, par Matthew Smith. Wade Von Grawbadger a encré la plupart des épisodes. Leur travail sur "Starman" ont valu à Harris et Von Grawbadger l'Eisner du meilleur tandem dessinateur - encreur en 1997. Harris a également remporté l'Eisner de la meilleure couverture en 1995 et en 1997.
Opal City, au crépuscule. David Knight, alias Starman, observe la ville depuis le sommet d'un gratte-ciel. Il se remémore sa journée : une affaire de drogue déjouée, une agression stoppée et un vol de voiture empêché. Ces souvenirs le font sourire. Il se demande pourquoi son père, Ted Knight, le Starman originel, a renoncé à cela. L'adrénaline que procure le sentiment de pouvoir monte et lui donne la sensation d'être maître de tout. Alors qu'il va prendre son envol, la balle d'une arme à feu lui traverse le thorax. David tombe dans le vide et son corps va s'écraser en bas...
Le "Starman" de Robinson, c'est d'abord une histoire de famille. Jack Knight, face à la tragédie, reprend progressivement son rôle de fils, abandonne l'étroitesse de son quotidien et l'égoïsme dans lequel il s'était confiné, incapable de sortir de son adolescence. Telle une chrysalide,il finit par se métamorphoser, tout en continuant à manquer de confiance en lui (ce qui le rend moins perméable à la perversion du pouvoir), mais en affrontant mille dangers. Le costume de l'Âge d'or est remplacé (comme son porteur), pour montrer que les temps modernes sont là pour de bon. L'œuvre fourmille de références aux comics. Le nom du fondateur d'Opal City, Burnley Ellsworth. Jack Burnley (1911-2006) fut le premier dessinateur du personnage et Whitney Ellsworth (1908-1980) l'éditeur au lancement de la série (dans "Adventure Comics"). Robinson utilise la Brume (Mist), l'Ombre (Shade) et d'autres et ajoute des créations de son cru (les O'Dare). Il émaille son intrigue de références au cinéma, à la télévision, à la mode ou à la littérature. Enfin, il pioche dans de nombreux genres, tels que l'absurde (le cirque), le fantastique (l'Ombre) ou le grotesque (Grundy), sans se départir d'un vrai sens de la poésie servi par un texte abondant, soigné et fin.
Le travail de Harris est époustouflant. D'abord, sur les personnages. Rapidement, il met en évidence la ressemblance physique entre père et fils par un jeu de cases parallèles sur la même planche. Les gros plans sur les visages sont étonnants ; l'encrage de Von Grawbadger souligne, de traits de noir prononcés, des formes anguleuses, géométriques, qui renforcent la dureté des lignes. La ville, expression de l'art déco, est un témoin silencieux. Opal City, c'est un musée en plein air. C'est aussi une ville dont les rues sont souvent vides, comme pour souligner ses formes. Et puis, bien sûr, les objets, la qualité des détails, les clins d'œil... Les autres artistes ne déméritent pas. L'épisode du quatuor danois (le #6) stupéfie par sa représentation des pouvoirs de l'Ombre ; on y décèle le souffle d'un certain expressionnisme européen. Le numéro illustré par Smith, dans un style dépouillé, est un bijou d'expressivité et de lisibilité.
Ce premier volume reprend le contenu exact du premier volume VO, c'est-à-dire les numéros 0 à 16, d'octobre 1994 à février 1996. Le scénariste est James Robinson. Robinson est connu pour les premiers épisodes de la Société de Justice et sur Superman. Le dessinateur principal est Tony Harris. Le #6 est réalisé par le quatuor danois formé de Teddy Kristiansen, Kim Hagen, Bjarne Hansen et Christian Hojgaard, et le #11, par Matthew Smith. Wade Von Grawbadger a encré la plupart des épisodes. Leur travail sur "Starman" ont valu à Harris et Von Grawbadger l'Eisner du meilleur tandem dessinateur - encreur en 1997. Harris a également remporté l'Eisner de la meilleure couverture en 1995 et en 1997.
Opal City, au crépuscule. David Knight, alias Starman, observe la ville depuis le sommet d'un gratte-ciel. Il se remémore sa journée : une affaire de drogue déjouée, une agression stoppée et un vol de voiture empêché. Ces souvenirs le font sourire. Il se demande pourquoi son père, Ted Knight, le Starman originel, a renoncé à cela. L'adrénaline que procure le sentiment de pouvoir monte et lui donne la sensation d'être maître de tout. Alors qu'il va prendre son envol, la balle d'une arme à feu lui traverse le thorax. David tombe dans le vide et son corps va s'écraser en bas...
Le "Starman" de Robinson, c'est d'abord une histoire de famille. Jack Knight, face à la tragédie, reprend progressivement son rôle de fils, abandonne l'étroitesse de son quotidien et l'égoïsme dans lequel il s'était confiné, incapable de sortir de son adolescence. Telle une chrysalide,il finit par se métamorphoser, tout en continuant à manquer de confiance en lui (ce qui le rend moins perméable à la perversion du pouvoir), mais en affrontant mille dangers. Le costume de l'Âge d'or est remplacé (comme son porteur), pour montrer que les temps modernes sont là pour de bon. L'œuvre fourmille de références aux comics. Le nom du fondateur d'Opal City, Burnley Ellsworth. Jack Burnley (1911-2006) fut le premier dessinateur du personnage et Whitney Ellsworth (1908-1980) l'éditeur au lancement de la série (dans "Adventure Comics"). Robinson utilise la Brume (Mist), l'Ombre (Shade) et d'autres et ajoute des créations de son cru (les O'Dare). Il émaille son intrigue de références au cinéma, à la télévision, à la mode ou à la littérature. Enfin, il pioche dans de nombreux genres, tels que l'absurde (le cirque), le fantastique (l'Ombre) ou le grotesque (Grundy), sans se départir d'un vrai sens de la poésie servi par un texte abondant, soigné et fin.
Le travail de Harris est époustouflant. D'abord, sur les personnages. Rapidement, il met en évidence la ressemblance physique entre père et fils par un jeu de cases parallèles sur la même planche. Les gros plans sur les visages sont étonnants ; l'encrage de Von Grawbadger souligne, de traits de noir prononcés, des formes anguleuses, géométriques, qui renforcent la dureté des lignes. La ville, expression de l'art déco, est un témoin silencieux. Opal City, c'est un musée en plein air. C'est aussi une ville dont les rues sont souvent vides, comme pour souligner ses formes. Et puis, bien sûr, les objets, la qualité des détails, les clins d'œil... Les autres artistes ne déméritent pas. L'épisode du quatuor danois (le #6) stupéfie par sa représentation des pouvoirs de l'Ombre ; on y décèle le souffle d'un certain expressionnisme européen. Le numéro illustré par Smith, dans un style dépouillé, est un bijou d'expressivité et de lisibilité.
Ces planches comprenant énormément de texte, la traduction est donc d'une importance primordiale. Dieu merci, l'excellent Jérémy Manesse réalise ici un travail remarquable.
"Starman", c'est à la fois un anti-Superman et un anti-Batman qui finit par accepter le rôle qui est le sien. Ces pages sont à lire, à relire. Elles se bonifient avec le temps comme un grand cru. C'est une œuvre forte, artistiquement ambitieuse. Un bonheur.
Mon verdict : CHEF-D'ŒUVRE
Barbuz
Jolie phrase sur l'encrage qui exprime tout le plaisir que je prends à regarder le travail de Wade von Grawbadger. Dans ce tome, j'avais été moins impressionné par l'architecture, les vues de la ville restant encore de simples bâtiments accolés les uns aux autres. Typiquement, c'est une série qui mets à mal mon trouble bipolaire. Comparée aux séries de comics traditionnelles, Starman se situe plusieurs crans au-dessus, sans aucun doute. Mais comparée à des productions franco-belge ambitieuse, elle trouve son mérite plus dans la durée (pour le développement de la notion d'héritage et de filiation) que dans les dessins. Ma schizophrénie s'exprime ainsi : une bonne série de comics, mais sans pouvoir prétendre à la qualité architecturale des dessins de François Schuiten (bien sûr, je ne l'ai pas choisi au hasard).
RépondreSupprimerJe suis capable d'apprécier les deux, au point d'avoir lu l'intégralité de la série Starman (enfin il me reste encore les 12 épisodes de la deuxième minisérie Shade), mais je en peux pas dire que le travail sur l'architecture ou l'urbanisme de la ville soit exceptionnel. C'est grave docteur ?
Ah oui, le boulot de Von Grawbadager. Vraiment épatant.
SupprimerJ'ai apprécié les dessins de Star City, mais je comprends ta déception (bien que je n'aie jamais lu Schuiten). Je crois que la "cadence de production" n'est pas la même non plus.
Je pense que ça serait un beau sujet d'étude (dans le sens amateur du terme), d'ailleurs : les villes dans les comics, de Gotham City à Metropolis.