"La Chute de Brek Zarith" est le sixième tome de la série "Thorgal". Il est sorti aux éditions Le Lombard en juin 1984. Cet album est le troisième et dernier volume du "Cycle de "Brek Zarith". Les événements qui s'y déroulent suivent les deux autres volumes de ce cycle, "La Galère noire", et "Au-delà des ombres".
Le scénario a été écrit par Jean Van Hamme, qui restera le scénariste de la série jusqu'en 2007, date à laquelle il s'est retiré. La couverture, les dessins, l'encrage ainsi que la mise en couleurs ont été réalisés par Grzegorz Rosiński, toujours dessinateur de la série. Cet album compte quarante-six planches.
Dans le tome précédent, Thorgal, persuadé qu'Aaricia est morte, est tiré de sa dépression par Galathorn, souverain déchu de Brek Zarith, et son conseiller, Wargan. Ce dernier lui fait entrevoir l'image d'Aaricia dans un puits magique ; Aaricia est vivante et elle a accouché, mais un mal inconnu la ronge et elle se laisse dépérir. Wargan explique à Thorgal que pour sauver son épouse, il devra aller au-delà du Deuxième Monde, jusqu'à la Mort elle-même. Thorgal, que Shaniah finit par accompagner, brave mille dangers, revient à l'origine des temps, négocie avec la Mort et trouve le chemin du retour grâce au sacrifice de Shaniah, qui met sa propre vie dans la balance d'un tir d'arc. Thorgal, Galathorn et Wargan (ces deux-ci semblent avoir oublié ce qu'il s'est passé) partent ensuite pour Brek Zarith.
La cour de Brek Zarith est réunie sur la plate-forme du château, surélevé au sommet de falaises rocheuses. Un homme grotesque, la peau peinte de bleu et de blanc, est entouré de gardes ; un autre lui fixe des ailes d'oiseau. L'homme - il s'agit du baron Zorn - semble effrayé. En retrait se tient Shardar-le-Puissant, souverain de Brek Zarith. Le reste de la cour, composée de fêtards transpirant la décadence la plus profonde, les observe de loin. Shardar annonce au baron qu'il a eu la bonté de le choisir afin de devenir le premier homme volant depuis Dédale et Icare. Devant les protestations pleines de frayeur de Zorn, Shardar lui répond qu'il le trouve ingrat ; ne l'a-t-il pas, toutes ces années, abreuvé de fêtes et de plaisirs ? Le préparateur donne un dernier conseil au baron, puis avec une certaine veulerie, tente de rassurer Shardar. Zorn crie pitié une dernière fois et est poussé dans le vide sous les yeux d'une foule captivée. Le baron fait illusion le temps d'un ou deux battements d'ailes, puis s'écrase sur les rochers en contrebas. Déçu par son charlatan de chercheur, Shardar le pousse, à son tour, dans le vide et s'en retourne sans même regarder la chute. Le silence règne tandis qu'il traverse le groupe de spectateurs. Sur son chemin, il aperçoit Aaricia à l'étage, qui, à peine visible derrière l'une des deux colonnes d'une fenêtre, n'a rien raté de la scène...
Peu importe Thorgal, car deux personnages lui volent la vedette. Shardar-le-Puissant, d'abord ; un homme froid et dominateur. La cour, malgré le pathétique baroud de deux de ses représentants à la fin du récit, est sous son joug et a abandonné toute fierté en échange des plaisirs qu'il leur accorde - plaisirs qui encouragent habilement leurs penchants décadents. L'usurpateur est calme et aussi cynique qu'intelligent. Un "prince" de Machiavel qui aurait poussé la logique jusqu'au bout. Van Hamme, avec ce personnage, part du postulat que l'exercice du pouvoir corrompt forcément et qu'un souverain ou un seigneur, aussi juste ou équitable voulût-il être, finit toujours par priver les hommes d'une partie de leur liberté ou de leur libre arbitre. Thorgal, écœuré par l'expérience de Brek Zarith et par la realpolitik des dirigeants, finit par déclarer vivre loin des hommes. La seconde révélation de ce tome est Jolan, bien entendu ; l'enfant n'apparaît que dans quelques planches, mais son aura énigmatique et son silence presque grave fascinent immédiatement et attisent la curiosité du lecteur.
Rosiński ravit par son talent dès la première case. L'attaque des drakkars de Jorund-le-Taureau, Thorgal qui s'infiltre dans la forteresse, de nuit, l'ambiance onirique de la fête de Shardar ou la poursuite dans les souterrains sont autant de moments visuellement forts qui démontrent à quel point Rosiński était un artiste complet (limpidité du déroulement de l'action, travail sur la couleur, contrastes entre ombre et lumière).
Cet excellent album, bien que particulièrement sombre, cynique et misanthrope, à l'image de l'adversaire de Thorgal, clôt le Cycle de Brek Zarith de façon magistrale. Il est suivi de deux albums indépendants (hors cycle), "L'Enfant des étoiles" et "Alinoë".
Dans le tome précédent, Thorgal, persuadé qu'Aaricia est morte, est tiré de sa dépression par Galathorn, souverain déchu de Brek Zarith, et son conseiller, Wargan. Ce dernier lui fait entrevoir l'image d'Aaricia dans un puits magique ; Aaricia est vivante et elle a accouché, mais un mal inconnu la ronge et elle se laisse dépérir. Wargan explique à Thorgal que pour sauver son épouse, il devra aller au-delà du Deuxième Monde, jusqu'à la Mort elle-même. Thorgal, que Shaniah finit par accompagner, brave mille dangers, revient à l'origine des temps, négocie avec la Mort et trouve le chemin du retour grâce au sacrifice de Shaniah, qui met sa propre vie dans la balance d'un tir d'arc. Thorgal, Galathorn et Wargan (ces deux-ci semblent avoir oublié ce qu'il s'est passé) partent ensuite pour Brek Zarith.
La cour de Brek Zarith est réunie sur la plate-forme du château, surélevé au sommet de falaises rocheuses. Un homme grotesque, la peau peinte de bleu et de blanc, est entouré de gardes ; un autre lui fixe des ailes d'oiseau. L'homme - il s'agit du baron Zorn - semble effrayé. En retrait se tient Shardar-le-Puissant, souverain de Brek Zarith. Le reste de la cour, composée de fêtards transpirant la décadence la plus profonde, les observe de loin. Shardar annonce au baron qu'il a eu la bonté de le choisir afin de devenir le premier homme volant depuis Dédale et Icare. Devant les protestations pleines de frayeur de Zorn, Shardar lui répond qu'il le trouve ingrat ; ne l'a-t-il pas, toutes ces années, abreuvé de fêtes et de plaisirs ? Le préparateur donne un dernier conseil au baron, puis avec une certaine veulerie, tente de rassurer Shardar. Zorn crie pitié une dernière fois et est poussé dans le vide sous les yeux d'une foule captivée. Le baron fait illusion le temps d'un ou deux battements d'ailes, puis s'écrase sur les rochers en contrebas. Déçu par son charlatan de chercheur, Shardar le pousse, à son tour, dans le vide et s'en retourne sans même regarder la chute. Le silence règne tandis qu'il traverse le groupe de spectateurs. Sur son chemin, il aperçoit Aaricia à l'étage, qui, à peine visible derrière l'une des deux colonnes d'une fenêtre, n'a rien raté de la scène...
Peu importe Thorgal, car deux personnages lui volent la vedette. Shardar-le-Puissant, d'abord ; un homme froid et dominateur. La cour, malgré le pathétique baroud de deux de ses représentants à la fin du récit, est sous son joug et a abandonné toute fierté en échange des plaisirs qu'il leur accorde - plaisirs qui encouragent habilement leurs penchants décadents. L'usurpateur est calme et aussi cynique qu'intelligent. Un "prince" de Machiavel qui aurait poussé la logique jusqu'au bout. Van Hamme, avec ce personnage, part du postulat que l'exercice du pouvoir corrompt forcément et qu'un souverain ou un seigneur, aussi juste ou équitable voulût-il être, finit toujours par priver les hommes d'une partie de leur liberté ou de leur libre arbitre. Thorgal, écœuré par l'expérience de Brek Zarith et par la realpolitik des dirigeants, finit par déclarer vivre loin des hommes. La seconde révélation de ce tome est Jolan, bien entendu ; l'enfant n'apparaît que dans quelques planches, mais son aura énigmatique et son silence presque grave fascinent immédiatement et attisent la curiosité du lecteur.
Rosiński ravit par son talent dès la première case. L'attaque des drakkars de Jorund-le-Taureau, Thorgal qui s'infiltre dans la forteresse, de nuit, l'ambiance onirique de la fête de Shardar ou la poursuite dans les souterrains sont autant de moments visuellement forts qui démontrent à quel point Rosiński était un artiste complet (limpidité du déroulement de l'action, travail sur la couleur, contrastes entre ombre et lumière).
Cet excellent album, bien que particulièrement sombre, cynique et misanthrope, à l'image de l'adversaire de Thorgal, clôt le Cycle de Brek Zarith de façon magistrale. Il est suivi de deux albums indépendants (hors cycle), "L'Enfant des étoiles" et "Alinoë".
Mon verdict : ★★★★★
Barbuz
Peu importe Thorgal, car deux personnages lui volent la vedette : Shardar-le-Puissant, Jolan. Pas faicle d'équilibrer une série qui ne reste pas dans un statu quo immuable, entre son personnage principal et les personnages secondaires qui le nourrisent et font ressortir sa personnalité. Dans la série Cerebus (300 numéro), Dave Sim était allé jusqu'à rendre Cerebus mutique pendant 12 épisodes, l'histoire étant portée par les personnages secondaires. Je trouve que c'est une belle preuve de liberté artistique quand un auteur peu se permettre ça.
RépondreSupprimerLa cour est sous son joug et a abandonné toute fierté en échange des plaisirs qu'il leur accorde… L'usurpateur est calme et aussi cynique qu'intelligent. J'aime beaucoup ton développement sur la réalité de l'exercice du pouvoir sur un peuple.
Nouveau paragraphe d'une concision et d'une précision remarquables sur les qualités de la narration visuelle de Rosiński.
Tornado avait consacré un article sur le cycle de Brek-Zarith sur Bruce lit :
http://www.brucetringale.com/liberte-liberte-cherie/
Je me souviens assez précisément de ma sensation à l'issue de cette lecture. Je n'avais pas voulu lui attribuer la "distinction" de chef-d'œuvre, parce que j'avais trouvé que le cynisme assez pesant m'avait mis mal à l'aise lors de ma lecture.
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