lundi 3 juillet 2017

Thorgal (tome 9) : "Les Archers" (Le Lombard ; septembre 1985)

"Les Archers" est le neuvième tome de la série "Thorgal". Il est sorti aux éditions Le Lombard en septembre 1985. Les événements qui s'y déroulent font suite à l'album indépendant "Alinoë" (même année). "Les Archers" est le premier volume du "Cycle de Qâ" ou "Cycle du pays qâ", le troisième de la saga.
L'histoire a été écrite par Jean Van Hamme, qui reste le scénariste de la série jusqu'en 2007, date à laquelle il se retire. La couverture, les dessins, l'encrage ainsi que la mise en couleurs ont été réalisés par Grzegorz Rosiński, qui est toujours dessinateur de la série. L'album compte quarante-six planches.

C'est la nuit. Une tour étrange s'élève dans l'obscurité. Seule une fenêtre à son sommet rougeoie dans le ciel sombre. En bas, un homme, armé et affublé d'un curieux masque de cuir, est sur le qui-vive. Deux cadavres gisent à terre, non loin de lui. Une silhouette de jeune femme apparaît à la fenêtre et l'interpelle. Elle saute sans bruit et atterrit dans les bras du guetteur. Lorsque celui-ci demande à sa complice si elle a trouvé ce qu'ils étaient venus chercher, elle lui montre, sans répondre et en souriant, un bijou rougeoyant. Alors que des éclairs strient le ciel, ils traversent le village en courant, sans un mot, sans un bruit. L'un des habitants les repère et donne l'alerte. Les gardes appellent à l'aide pour que les deux étrangers soient arrêtés ou tués, car ils sont entrés dans la Tour sacrée de Kerridwen pour y voler la Pierre de sang. La jeune femme et son complice se défendent chèrement. Ils parviennent à la palissade, qu'ils franchissent avant de retrouver leurs montures, attachées aux arbres quelques mètres plus loin. Un vieillard à la longue barbe blanche leur ordonne d'arrêter et de leur rendre la Pierre de sang. Il invoque la malédiction de la déesse Kerridwen. La jeune femme, décidée à faire taire l'ancien, tire une flèche de son carquois. Son compagnon lui enjoint de ne pas le tuer, au motif qu'il s'agit d'un prêtre. La jeune femme décoche sa flèche. À plusieurs mètres de distance, dans l'obscurité et malgré les éléments déchaînés, elle parvient à sectionner le poignet du prêtre. Très amusés de leur sortie, les deux ruffians poussent leur cheval au galop. Lorsque le bandit masqué félicite sa complice pour son adresse, celle-ci rétorque qu'aucun homme ne peut la battre au tir à l'arc.
Plus loin et au même moment, Thorgal guide son embarcation à travers les flots. Malgré la pluie et la pénombre, il aperçoit la terre, mais il est surpris par une vague plus haute que les autres qui manque de retourner sa barque. Il s'accroche aux cordages pour ne pas tomber à l'eau. Alors qu'il peste contre lui-même pour avoir choisi de vivre sur une île, il aperçoit la silhouette d'un bateau, qui fonce droit sur le sien...

"Les Archers" lance ainsi un nouveau cycle d'aventures pour Thorgal, dont le véritable point de départ est la rencontre avec Kriss de Valnor, ici créée. La jeune femme, la vraie vedette de ce tome, va devenir l'un des personnages centraux et l'un des plus passionnants de la saga. Son intrépidité, son courage physique, son intelligence (il faudrait plutôt parler de ruse) et son adresse ne parviennent pas à compenser son sens de la manipulation, son absence de compassion, son ambition démesurée et sa cruauté. Thorgal, contre son gré, se trouve à nouveau mêlé aux histoires des hommes. Van Hamme construit son scénario sur un grand classique de l'aventure médiévale, le concours de tir à l'arc, et développe une intrigue enrichie de nombreux rebondissements. Les principaux personnages secondaires, Tjall-le-Fougueux et Argun Pied-d'Arbre, sont tout de suite attachants. Les caractérisations font mouche.
"Les Archers" est une réussite graphique. Les quatre premières planches (le vol de la gemme) et les trois suivantes (le naufrage), dans des nuances de gris, sont magnifiques de par leurs atmosphères de mystère et d'éléments en furie. Rosiński fait de Kriss de Valnor une beauté irrésistible dont l'expression du visage trahit le cœur sombre et fait sienne la citation de Cicéron : "Le visage est le miroir de l'âme." Les incrustations de la planche 28 montrent l'étendue du talent de l'artiste : rage des perdants, application des participants, passion de la foule, joie des vainqueurs...

"Les Archers" est le prélude du "Cycle de Qâ", qu'il ouvre de façon magistrale. Le personnage de Kriss de Valnor s'avère, d'emblée, captivant. Les retournements de situation, les dialogues intelligents et la partie graphique complètement la réussite.

Mon verdict : ★★★★

Barbuz

1 commentaire:

  1. Présence27 juillet

    Je suis avec intérêt tes commentaires pour chaque tome, sans rien avoir à y rajouter faute de les avoir lus. :)

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