"L'Épée-soleil" est le dix-huitième tome de "Thorgal". Sorti chez Le Lombard en avril 1992, il inaugure un nouveau cycle, celui de Shaïgan-sans-Merci, le plus long à ce jour (six albums).
Le scénario a été écrit par Jean Van Hamme, qui restera le scénariste de "Thorgal" jusqu'en 2007, date à laquelle il se retire. La couverture, les dessins, l'encrage ainsi que la mise en couleur ont été réalisés par Grzegorz Rosinski, toujours illustrateur de la série. Ce tome compte quarante-six planches.
À l'issue du tome précédent, Thorgal, épuisé par la cruauté du destin, quitte son épouse et son fils dans l’espoir se faire oublier des dieux, d'épargner aux siens les caprices de ceux-ci.
Dans une forêt dense, de type tempéré, un ours se dresse ; il a flairé quelque chose. Il suit l'odeur qu'il a captée, jusqu'à une clairière qui semble avoir été le témoin d'un violent affrontement. Devant lui, les corbeaux survolent les restes d'un convoi qui a été dévasté ; l'herbe est jonchée d'une dizaine de cadavres, les deux chevaux sont morts, et le chariot gît sur le flanc. L'animal fait demi-tour et s'éloigne déjà, lorsque son flair l'informe d'une autre présence : une jeune fille, préadolescente, se cache dans hautes herbes. L'ours, menaçant, se relève et montre les crocs. Effrayée, la gamine prend la fuite. Ne pouvant s'empêcher de jeter un œil derrière elle, elle ne voit pas l'épaisse branche pourrie au sol, et trébuche au pied d'un arbre. La bête, implacable, approche, mais elle est stoppée net dans son élan par une flèche qui vient se ficher dans le tronc. C'est Thorgal, qui se met à parler à l'ours : il ne veut pas le tuer, et la créature ne veut pas mourir. Thorgal encoche néanmoins un autre projectile. Le bestiau gronde devant la fillette tétanisée, puis finit par s'éloigner à travers les bois. Thorgal avoue qu'il préfère cela ; il est sur le point d'ajouter que l'ours était encore plus effrayé que celle qu'il vient de sauver, mais celle-ci a disparu sans un bruit, et sans un mot...
À l'issue du tome précédent, Thorgal, épuisé par la cruauté du destin, quitte son épouse et son fils dans l’espoir se faire oublier des dieux, d'épargner aux siens les caprices de ceux-ci.
Dans une forêt dense, de type tempéré, un ours se dresse ; il a flairé quelque chose. Il suit l'odeur qu'il a captée, jusqu'à une clairière qui semble avoir été le témoin d'un violent affrontement. Devant lui, les corbeaux survolent les restes d'un convoi qui a été dévasté ; l'herbe est jonchée d'une dizaine de cadavres, les deux chevaux sont morts, et le chariot gît sur le flanc. L'animal fait demi-tour et s'éloigne déjà, lorsque son flair l'informe d'une autre présence : une jeune fille, préadolescente, se cache dans hautes herbes. L'ours, menaçant, se relève et montre les crocs. Effrayée, la gamine prend la fuite. Ne pouvant s'empêcher de jeter un œil derrière elle, elle ne voit pas l'épaisse branche pourrie au sol, et trébuche au pied d'un arbre. La bête, implacable, approche, mais elle est stoppée net dans son élan par une flèche qui vient se ficher dans le tronc. C'est Thorgal, qui se met à parler à l'ours : il ne veut pas le tuer, et la créature ne veut pas mourir. Thorgal encoche néanmoins un autre projectile. Le bestiau gronde devant la fillette tétanisée, puis finit par s'éloigner à travers les bois. Thorgal avoue qu'il préfère cela ; il est sur le point d'ajouter que l'ours était encore plus effrayé que celle qu'il vient de sauver, mais celle-ci a disparu sans un bruit, et sans un mot...
"L'Épée-soleil" est une nouvelle épreuve pour Thorgal, qui bouleverse décidément l'ordre établi partout où il passe. Au moins, sa famille est restée à l'abri, même si cela n'est sans doute qu'une pirouette scénaristique de Van Hamme pour avoir plus de latitude créative avec un personnage qui évolue en cavalier seul. Ce tome pourra avoir un goût prononcé de déjà-vu. La partie immergée de l'intrigue n'est pas sans rappeler "Le Maître des montagnes", l'imagination en moins. Évidemment, il y a la fameuse arme d'Ogotaï (confer "La Cité du dieu perdu") qui renvoie au Cycle du Pays qâ, dont l'auteur semble décidé à capitaliser sur toutes les ramifications possibles. Et toujours, les thèmes de l'exploitation de l'homme par l'homme, sur fond d'esclavage, d'écrasement de la liberté et de l'individualité, de soumission, d'absence de respect pour la vie d'autrui. C'est le monde des puissants, univers dans lequel Thorgal évolue comme un électron libre impliqué malgré lui dans les affaires des hommes, un électron libre qui fait chuter l'injustice des systèmes en place, mais sans pouvoir changer la nature profonde de l'homme ; Orgoff et les autres avant lui ne sont-ils que la même incarnation de la nature mauvaise de l'homme, au fond ? Guère de fantastique ici. Le scénariste livre un récit d'aventures classique dont une importante part se déroule dans la forêt. Thorgal en Robin des Bois malgré lui ? D'aucuns verront dans "L'Épée-soleil" une variation sur les hauts faits du légendaire héros. Bien qu'il ne s'agisse pas de l'histoire la plus imaginative de la série, Van Hamme, avec son expérience et son métier, offre un album sans temps mort et savamment équilibré entre objectifs des personnages et intrigue de fond, et alimente une mécanique de suspense bien huilée qui parvient à surprendre le lecteur malgré un dénouement attendu. Graphiquement, Rosinski régale son public. Le lecteur pourra percevoir, à l'observation de certains portraits, surtout ceux du couple de paysans, l'influence de certains primitifs flamands, notamment Pieter Bruegel l’Ancien (1525-1569) et Jérôme Bosch (1453-1516). Les paysages (forêt, chantier, intérieurs) sont variés. Le travail sur les ombres et les lumières est remarquable (confer les scènes du dîner, de la fosse, ou de la tente). L'artiste ne produit guère plus de sept cases par planche. Le découpage, classique, permet une lisibilité parfaite.
"L'Épée-soleil" inaugure un nouveau cycle. Kriss de Valnor semble vouloir s'attacher aux pas de Thorgal, loin de sa femme et de son fils. L'Enfant des étoiles n'a pas fini de faire face aux situations délicates dans lesquelles les dieux s'amusent à le jeter.
Mon verdict : ★★★★☆
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
Ton commentaire me donne l'impression d'une histoire complète qui peut être appréciée par un lecteur n'ayant pas suivi la série, est-ce le cas ?
RépondreSupprimerOui, bien qu'il y ait des références à la continuité et que la fin appelle une suite.
RépondreSupprimerJ'avais lu le tome suivant dans le passé ; au-delà, peut-être à une exception près, ce sera une réelle découverte pour moi.