En 2002, les éditions SEMIC ont publié "Carquois",
un diptyque consacré au retour de Green Arrow. En VO,
cette histoire a été publiée entre avril 2001 et janvier 2002, en dix numéros,
sous le titre "Quiver".
Ce premier tome, qui compte cent dix planches, comprend les cinq premiers chapitres. Le scénario a été écrit par Kevin Smith. Les illustrations ont été réalisées par Phil Hester, encrées par Ande Parks et mises en couleur par Guy Major. La couverture est signée Matt Wagner.
Metropolis, il y a quelques années. Superman et Batman observent le soleil des toits de la ville. Victime de l'attaque d'une nébuleuse vivante, celui-ci est sur le point de s'éteindre. Les deux hommes espèrent que l'ex-Green Lantern Hal Jordan, toujours possédé par Parallax, va réussir à le rallumer dans un sacrifice ultime. Superman sent alors quelque chose d'infiniment petit quitter son habit. Ses sens, affaiblis par le manque de soleil, ne lui permettent pas d'identifier de quoi il s'agit. Plus loin, une silhouette abandonne le corps de Green Arrow devant sa pierre tombale.
New York City, le présent. Roy Harper, alias Arsenal, est en planque. Tout en observant des trafiquants d'héroïne, il se remémore son passé : les Jeunes Titans, les problèmes de drogue, Checkmate et sa paternité. Il se souvient aussi de l'entraînement que lui imposait son mentor, Oliver Queen alias Green Arrow. Et il passe à l'action.
Seattle, le présent. Dinah Lance, alias Black Canary est elle aussi en planque. Elle observe un couple dont elle suspecte le mari de battre sa femme. Elle se remémore sa vie avec Oliver Queen : les chamailleries, les ébats amoureux, comment Oliver lui a sauvé la vie, comment il l'a blessée lorsqu'elle a compris qu'il avait eu un fils avec Shado. Voyant le mari se faire menaçant, elle passe à l'action.
Connor Hawke s'est retiré dans un ashram. Il y prie, y médite et s'y entraîne. Se remémorant ses exploits sous le costume de Green Arrow, il pense surtout à son père, Oliver Queen, qu'il aurait voulu connaître et dont il aurait voulu savoir qui il était vraiment.
Star City, le présent. C'est le soir et Stanley Dover, un homme âgé, se promène dans les rues de la ville. Alors qu'il est agressé par deux voyous, un archer hirsute et vêtu de haillons lui sauve la vie à l'aide d'un arc et de flèches de fortune...
Olivier Queen trouve la mort dans les numéros 100-101 (1995) de sa propre série. Son corps est désintégré par une bombe qu'il actionne lui-même afin d'éviter qu'elle ne soit lâchée sur Metropolis. Son fils, Connor Hawke, va endosser le costume de l'Archer d'Émeraude en mémoire de son père, mais ce nouveau Green Arrow ne rencontrera pas les faveurs du public et DC Comics décident donc de mettre en scène le retour d'Oliver Queen, objet de ce récit. Ce premier tome est très bon. L'intrigue est captivante et le scénario de Smith est cohérent. L'auteur sait doser ses ingrédients : action, tragédie, humour, mystère et introspection. Le ton est résolument adulte, en témoignent l'ambiance générale, les thèmes évoqués, les dialogues et certaines scènes (dont celle de la cuisine, avec Green Arrow et Black Canary). Les personnages sont caractérisés avec justesse.
Le style graphique de Phil Hester se rapproche plus du cartoon que du réalisme. Il est dynamique (cela se reflète également dans sa technique de découpage) et lisible, mais l'encrage est gras, sombre, et la couleur est terne et manque de contrastes.
L'éditeur aurait pu insérer les couvertures des numéros VO au début de chaque chapitre mais ne l'a pas fait ; cela aurait pourtant permis d'aérer la lecture.
Alex Nikolavitch nous livre une très bonne traduction (malgré un faux-sens ou un mauvais choix de mot). Le texte comporte une coquille.
Malgré l'indéniable qualité de l'intrigue et des illustrations, ce premier tome pourra dérouter les néophytes, tant les références à la continuité de DC Comics sont nombreuses (aucune note explicative n'a été fournie par l'éditeur français). Afin de pouvoir saisir toutes les finesses de cette saga, les plus courageux n'hésiteront pas à se documenter (notamment au sujet de la mort de Green Arrow et de "Final Night").
C'est en parcourant tes anciens articles que je me suis dit que cette histoire pourrait m'intéresser. L'ayant lue, je te confirme que ton avis a été judicieux en ce qui me concerne. :) Merci.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé cette histoire même si elle tire un trait sur tous les épisodes écrits par Mike Grell. Effectivement, il faut disposer d'une bonne connaissance de l'historie d'Oliver Queen pour l'apprécier à sa juste valeur : j'ai dû aller faire des recherches sur certains personnages. Je comprends qu'à l'époque l'écriture de Kevin Smith ait divisé le lectorat : entre blagues un peu potaches, sous-entendus sexuels, références à la continuité à couper au couteau, imposant volume de phylactères : il a tout fait à l'envers des critères en vogue comme l'accessibilité et la rapidité de lecture.
Un "vieil" article...
SupprimerJe ne connais le "Green Arrow" de Mike Grell que de réputation. C'est l'un de mes souhaits de lecteur les plus chers de le voir sortir en VF, dans une belle édition cartonnée.
Je trouve que ce diptyque-ci a vieilli sur le plan graphique ; plus personne ne dessine comme Phil Hester aujourd'hui (je crois que son trait a d'ailleurs évolué avec le temps). Je me dis que certains styles étaient étroitement liés à leur époque et qu'il est difficile de présenter un trait intemporel.
Quoi qu'il en soit, c'est ce qu'il y avait de mieux concernant le personnage à ce moment-là (en tout cas, en VF) ; il aura ensuite fallu attendre les "New 52" pour que Green Arrow suscite à nouveau un peu d'intérêt chez le public.