"La Vierge noire" est le second tome de la série du Marquis d'Anaon, créée et réalisée par le scénariste Fabien Vehlmann (à qui l'on doit, entre autres, "Green Manor" et "Sept psychopathes"), le dessinateur Matthieu Bonhomme (qui a notamment travaillé sur "Esteban" et "Texas Cowboys") et la coloriste Delf.
La série, qui est actuellement en pause depuis quelques années, compte cinq tomes, publiés chez Dargaud entre 2002 et 2008. Dans un entretien de 2013 donné au site Actua BD, Bonhomme a néanmoins déclaré qu'il avait réalisé quelques croquis préparatoires pour le sixième tome.
Ce second tome a déjà connu deux rééditions (donc trois éditions en tout), à chaque fois avec une couverture différente : la première en août 2004 et la seconde en juin 2008.
L'action se déroule en France, fin 1722, sous le règne de Louis XV. Après ses aventures en Bretagne, Jean-Baptiste Poulain, ex-étudiant en médecine, arrive en Auvergne, au bourg de Puy-Marie. C'est l'hiver, Noël approche et la contée est recouverte de neige. Poulain s'arrête à l'auberge locale. Il est aussitôt accosté par un colporteur, qui va de ville en ville. Celui-ci lui montre des gazettes évoquant les meurtres sauvages de jeunes filles, survenus au moment de Noël dans la région, non loin de la chapelle de la Vierge noire. La presse y évoque le "Démon de Puy-Marie". L'homme tente de vendre à Poulain un morceau de chemise ayant appartenu à l'une des victimes, mais Poulain le rabroue. Distrait par l'aubergiste, Poulain ne voit pas tout de suite que le colporteur fouille dans son sac. Il lui ordonne de reposer la sacoche, mais, dans la précipitation, en fait tomber son pistolet à poudre. L'homme part sans demander son reste.
Le lendemain, Poulain demande audience au Comte, à qui il confie s'intéresser à l'étude de phénomènes sortant de l'ordinaire. Le Comte devine qu'il s'agit de l'affaire du Démon de Puy-Marie et lui demande s'il appartient au clergé ou s'il répertorie les superstitions paysannes. Poulain lui répond qu'il souhaite comprendre par qui les jeunes filles ont été tuées. Mais le Comte n'en sait pas plus. Il a bien tenté de faire venir des hommes de la maréchaussée, mais sans succès. Voyant que Poulain semble impatient de commencer son enquête, le Comte le met en garde contre le mutisme des villageois. Il lui suggère d'oublier cette tragédie et s'enquiert de son départ pour Paris.
Le lendemain, Poulain demande audience au Comte, à qui il confie s'intéresser à l'étude de phénomènes sortant de l'ordinaire. Le Comte devine qu'il s'agit de l'affaire du Démon de Puy-Marie et lui demande s'il appartient au clergé ou s'il répertorie les superstitions paysannes. Poulain lui répond qu'il souhaite comprendre par qui les jeunes filles ont été tuées. Mais le Comte n'en sait pas plus. Il a bien tenté de faire venir des hommes de la maréchaussée, mais sans succès. Voyant que Poulain semble impatient de commencer son enquête, le Comte le met en garde contre le mutisme des villageois. Il lui suggère d'oublier cette tragédie et s'enquiert de son départ pour Paris.
Poulain va pourtant rester. Il découvre le culte de la Vierge noire, rencontre le curé, particulièrement méfiant, et réalise rapidement que le Comte avait raison au sujet des gens du pays. Mais un soir, un villageois vient lui demander de soigner son épouse, qu'il croit être victime d'un sort lancé par un vagabond. L'homme lui demande de désenvoûter sa femme. Poulain, d'abord réticent, finit par céder aux supplications du paysan...
Vehlmann continue à faire explorer la France mystérieuse à son personnage. Le périple de Poulain passe par l'Auvergne, où il va être confronté à des meurtres barbares de jeunes femmes, à la magie noire et aux superstitions paysannes. L'atmosphère, sinistre, est renforcée par la présence de l'hiver, par le sentiment de solitude de Poulain, qui ne parvient pas à convaincre les villageois de lui faire confiance, et par plusieurs scènes-chocs. Le scénariste nous dépeint un tableau peu réjouissant de l'humanité de ce XVIIIe siècle, entre nobles hautains, gitans brutaux ou paysans illettrés et superstitieux.
Bonhomme dessine en moyenne neuf à dix cases de formats différents par page. Celles-ci sont soignées et toujours très lisibles. L'artiste réalise un travail notable sur les expressions faciales. Ses illustrations donnent du caractère à l'intrigue en façonnant l'environnement austère dans lequel la tragédie se déroule : des forêts sombres, des collines enneigées et un ciel écrasant. Quant à la coloriste, Delf, l'art avec lequel elle maîtrise son métier est remarquable (voir le blanc de la neige et le gris du ciel, la pénombre où brille une bougie ou le feu de l'âtre qui prend la teinte rougeâtre du sang).
Malgré ses qualités, ce second tome est assez en dessous du premier ; l'intrigue, bien que prometteuse, est moins inspirée, les dialogues manquent trop souvent de justesse dans les termes et les tournures employés et le dénouement n'est pas entièrement convaincant. Néanmoins, le personnage du Marquis d'Anaon reste suffisamment attachant pour que le lecteur ait envie de continuer à suivre la série.
2ème tome, 2ème § consacré à la qualité de la narration visuelle, à la fois les dessins (avec toujours une bonne densité de cases par page), et la complémentarité de la mise en couleurs.
RépondreSupprimerComme tu me l'avais déjà fait remarquer, la qualité des planches ne compense pas la faiblesse de l'intrigue.
Voilà, on y vient : les dialogues, qui "manquent trop souvent de justesse dans les termes et les tournures employés".
SupprimerCela étant, j'étais peut-être sévère à l'époque, parce qu'avec le recul, c'est une série et un personnage auxquels je reste très attaché.
J'évoquais les qualités de Sous les galets la plage, et le fait que je n'ai pas aimé sur le plan de la vision de la vie, alors que Rabaté est un conteur exceptionnel. De la même manière, il m'arrive de lire une BD dont la qualité narrative laisse à désirer, mais qui m'emballe quand même, parce que je suis attaché à un personnage, ou à un thème, ou à la manière dont l'auteur en parle. D'où la distinction que je fais entre mon commentaire plus analytique, et mes étoiles exprimant mon ressenti.
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