mercredi 29 avril 2015

Le Marquis d'Anaon (tome 3) : "La Providence" (Dargaud ; août 2004)

"La Providence" est le troisième tome de la série du Marquis d'Anaon, créée et réalisée par le scénariste Fabien Vehlmann (à qui l'on doit, entre autres, "Green Manor" et "Sept psychopathes"), le dessinateur Matthieu Bonhomme (qui a notamment travaillé sur "Esteban" et "Texas Cowboys") et la coloriste Delf.
La série, qui est actuellement en pause depuis quelques années, compte cinq tomes, publiés chez Dargaud entre 2002 et 2008. Dans un entretien de 2013 accordé au site Actua BD, Bonhomme a néanmoins déclaré qu'il avait réalisé quelques croquis préparatoires pour le sixième tome.
À ce jour, ce troisième volume n'a connu qu'une seule réédition (donc deux éditions au total), sortie en juin 2008, et avec une couverture différente.

L'action se passe en France, sous le règne de Louis XV. Le tome précédent, "La Vierge noire", se déroulant fin 1722, il est probable que l'histoire de "La Providence" se situe début 1723.
Après la tragédie de Puy-Marie, Jean-Baptiste Poulain a quitté l'Auvergne et est rentré à Paris. Invité à un salon (c'est le début du siècle des Lumières), il réalise qu'il commence à être connu ; une jolie jeune femme s'adresse en effet à lui et lui dit avoir déjà entendu parler de lui et des prodiges qu'il aurait accomplis. Jaloux, trois hommes suintant l'oisiveté et la suffisance se mettent à le railler en tenant des propos méprisants à son sujet ; ils sous-entendent que Poulain usurperait un titre de noblesse, qu'il serait issu d'un milieu modeste et qu'il aurait été renvoyé de la faculté de médecine. Poulain s'approche ; après s'être expliqué, il diagnostique que l'un d'eux est malade et le mouche en lui proposant de venir le consulter lorsque son mal deviendra insupportable. Se retirant ensuite pour fumer, il est rejoint par une belle jeune femme se présentant à lui comme une comtesse andalouse. Ayant le projet de créer un salon à San Fernando, elle invite Poulain à venir passer chez elle quelques jours en résidence. Il accepte et embarque avec la comtesse sur un voilier.
La traversée se déroule sans encombre jusqu'à ce qu'une tempête éclate. Poulain se rend sur le pont. S'accrochant à une poulie pour éviter de passer par-dessus bord, il aperçoit un imposant vaisseau aux voiles déchirées et dont l'un des mâts est brisé qui fonce droit sur le voilier. L'officier en second ordonne une manœuvre qui permet d'éviter la catastrophe de justesse. Mais Poulain a le temps d'apercevoir une silhouette gesticulante sur le pont du navire alors que celui-ci continue sa route. La tempête passée, le commandant du voilier informe les passagers qu'il est de son devoir de retrouver le vaisseau, un survivant ayant été vu à bord. Lorsque le navire est retrouvé, l'officier en second, Poulain et dix matelots mettent une barque à l'eau pour se rendre à son bord...

Après la lande bretonne et les collines d'Auvergne, c'est en haute mer que Vehlmann envoie son personnage. Poulain, ayant découvert les superstitions des paysans et villageois dans les deux tomes précédents, est ici confronté à celles des marins dans une aventure qui fait référence au mythe du Hollandais volant, le plus connu des vaisseaux fantômes. Mais la réalité va encore une fois l'emporter sur les légendes et Poulain va vite comprendre de quoi il retourne. Néanmoins, cette fois, il va rester impuissant et assister à un véritable drame qui le touchera également au plus profond de son cœur.
Bonhomme impressionne toujours autant pour la lisibilité de ses cases. Son sens du détail (chaque matelot a sa propre physionomie) et l'expressivité des visages et des regards sont épatants. Les couleurs de Delf créent l'ambiance parfaite pour cette histoire. L'alchimie entre Bonhomme et la coloriste fonctionne toujours aussi bien (voir les planches de la tempête ou les scènes se déroulant dans la pénombre de la cale).

Ce troisième tome est une réussite. La légende fait place à un châtiment naturel, presque divin, bien plus terrible et mortel que le Hollandais volant. Vehlmann maintient une part du mystère jusqu'au bout, laissant le lecteur répondre aux questions restées en suspens.
Les auteurs, avant la page de présentation, ont également imaginé un article illustré de quatre pages. Il est daté de 1731, rédigé en ancien français et est tiré d'une gazette "concernant plusieurs histoires illustres et véritables du marquis d'Anaon".

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

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2 commentaires:

  1. A nouveau un paragraphe consacré aux dessins, et je sens que tu aimes beaucoup ce dessinateur. Du coup, je suis allé relire ton article pour son Lucky Luke, et il n'y avait pas trace de ce plaisir des planches.

    Mon esprit psychorigide et ma curiosité me font me demander ce qu'il a manqué à cette histoire (Ce troisième tome est une réussite) pour mériter une 5ème étoile, surtout quand je garde à l'esprit que tu aimes bien ce personnage. Je ne suis pas taquin, mais vraiment curieux.

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    1. J'aime beaucoup ce dessinateur, ou plutôt j'aime beaucoup son marquis d'Anaon. Concernant son Lucky Luke, j'attendais autre chose que je n'ai pas trouvé. Sans doute parce que je ne suis pas un grand fan de "Lucky Luke", alors qu'a contrario, ce que j'en ai lu m'a souvent impressionné. Peut-être ne voyais-je sans doute pas d'intérêt suffisant à une reprise du personnage, même sous forme d'hommage.

      Je n'attribue de cinquième étoile qu'à des œuvres qui m'enthousiasment du début à la fin. J'avais bien aimé cet album, mais pas suffisamment pour aller plus loin ; la romance, par exemple, m'a paru hâtive, facilement amenée, et sans conséquence. Mais quatre étoiles, c'est bien, tu sais ☺.

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