lundi 6 avril 2015

Sept (tome 1) : "Sept Psychopathes" (Delcourt ; mai 2007)

"Sept" est une collection lancée par Delcourt en 2007 qui propose des histoires complètes, indépendantes les unes des autres, et dont le thème commun est de mettre en scène sept personnages, qu'ils soient pirates, détectives ou autres. Chaque volume a sa propre équipe artistique. "Sept Psychopathes" en est le premier volume. 
Le scénario de cet album de soixante-deux planches a été écrit par Fabien Vehlmann (connu pour "Green Manor" ou "Le Marquis d'Anaon"). Le Britannique Sean Phillips (qui s'est fait un nom grâce aux séries "Hellblazer", "Sleeper", "Criminal") a réalisé les dessins, et Jean-Louis Hubert la mise en couleur.
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À Londres, le 31 octobre 1941, le colonel Thompson, après une période de repos pour dépression, reprend le travail au quartier général du Special Operations Executive (SOE), les services secrets britanniques. Sa secrétaire l'informe aussitôt qu'il a reçu une étrange lettre, envoyée d'un hôpital psychiatrique, et dont l'auteur affirme qu'il sait comment gagner la guerre. Le plan qu'il expose dans sa missive est simple : assassiner Adolf Hitler.
Thompson propose cette idée à son supérieur hiérarchique, le major général Hemington, lors d'une réunion d'officiers, mais il est ridiculisé, insulté et humilié par Hemington et replonge aussitôt dans un état dépressif. Lorsque les sirènes se déclenchent, signalant ainsi une attaque aérienne, il ne rejoint pas les autres officiers dans l'abri mais sort du bureau et court se jeter sous les bombes des bombardiers allemands qui survolent Londres. Surpris d'être toujours en vie après le passage de ceux-ci, il décide alors de donner réalité au plan de l'auteur de la lettre.
Il se rend à l'hôpital psychiatrique pour y rencontrer son auteur, le professeur Joshua Goldschmidt, qui, curieusement, semble l'attendre. Son plan ? Parachuter sept psychopathes en Allemagne pour assassiner Hitler. Le sept pour la puissance ésotérique du chiffre et des psychopathes parce qu'ils sont imprévisibles.
Thompson et Goldschmidt se mettent en quête de six autres candidats, le professeur étant le premier d'entre eux. Les rejoindront un officier allemand passé du côté des alliés, persuadé qu'Hitler lui parle par télépathie et secoué par des visions apocalyptiques, une jeune femme tireuse d'élite souffrant de crises d'angoisse pathologique, un mythomane escroc, comédien et imitateur hors pair, un officier coupable de meurtre aux tendances suicidaires, un prétendu fou qui s'exprime par des formules mathématiques et un incendiaire défiguré, véritable chien de guerre qui semble muet.
Après une période d'entraînement très courte (voire bâclée), les sept membres de ce commando spécial, qui ont à peine le temps de faire connaissance, prennent l'avion qui va les parachuter en l'Allemagne. Évidemment, rien ne va se dérouler comme prévu...

Vehlmann propose une aventure se déroulant pendant la seconde guerre mondiale et qui emprunte à la fois au roman noir, à certains concepts ésotériques et au fantastique. Son scénario est solide, efficace et riche en renversements de situations et surprises. Seules les psychés de quelques personnages seront développées - le lecteur comprendra vite pourquoi. Bien sûr, cette intrigue a des airs de déjà-vu ("Les Douze Salopards" vient très rapidement à l'esprit), mais le scénariste apporte d'autres éléments qui procurent à l'histoire une ambiance particulière. C'est tout d'abord particulièrement sombre et crépusculaire ; le lecteur se rend rapidement compte qu'il n'est ici aucunement question de rédemption. Les visions d'Erik Stärken, l'un des sept psychopathes, donnent un côté ésotérique, fantastique, voire d'anticipation à l'ensemble, côté renforcé par le rebondissement ultime à la fin de l'histoire.
Les illustrations de Phillips (il encre son propre travail) conviennent parfaitement au ton de l'histoire. L'artiste dessine huit à neuf cases par planche et utilise un découpage classique. Mais les physionomies des personnages qu'il dessine sont parfois difficilement différentiables et il y a au moins une inexactitude technique (un Spitfire XIV en 1941). Les couleurs d'Hubert renforcent l'ambiance crépusculaire de l'album.

"Sept Psychopathes" est une bonne série B sur la seconde guerre mondiale se déroulant dans une ambiance de fin du monde. Les éditeurs devraient multiplier les collaborations entre scénaristes de bande dessinée européenne et dessinateurs de comics.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbüz
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2 commentaires:

  1. J'avais été tenté à l'époque de lire cette BD, parce que je prenais conscience des travaux de Sean Phillips au travers de ses collaborations avec Ed Brubaker, mais j'étais passé à autre chose. C'est donc un grand plaisir que de pouvoir le découvrir par tes yeux.

    J'ai bien aimé ta phrase sur les illustrations et celle sur la mise en couleurs (cette dernière parce que je me posais la question en entamant ton commentaire). Je suis sûr que je n'aurais jamais relevé l'inexactitude technique, pas assez de culture en la matière. Les visages des personnages : une sensation que j'ai déjà eu quelques fois sur sa période Vertigo, mais le contexte permettait toujours de savoir qui était dessiné.

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    1. Pour moi, cela reste une bonne BD, et ma note n'a pas varié d'une lecture à l'autre, malgré les quelques années d'écart. Je me suis vaguement intéressé aux autres albums de la série, mais pas suffisamment pour les lire ; la plupart du temps, je n'en ai d'ailleurs pas entendu dire beaucoup de bien.

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