En janvier 2004, SEMIC sortait, sous le titre "Archives 1939-1941", une intégrale cartonnée des premières aventures de Batman, publiées dans les numéros #27-50 de la revue "Detective Comics". Cette intégrale comprend donc vingt-quatre numéros et couvre la période de publication allant de mai 1939 à avril 1941 dans son entièreté.
Bill Finger écrit la quasi-totalité de ces histoires ; Gardner Fox n'en écrit que six. Robert "Bob" Kane illustre la totalité de ces épisodes. S'il encre encore lui-même ses dessins lors des tous premiers numéros, ce sont Sheldon Moldoff, Jerry Robinson et George Roussos qui seront ensuite chargés du travail d'encrage.
Hommes d'affaires sans scrupules, voleurs de bijoux, psychopathes tels que le Dr La Mort, le professeur Strange, Gueule d'Argile ou le Joker, vampires, dictateurs d'opérette, savants fous, sectateurs indiens sanguinaires, receleurs chinois retors, crime organisé ou espions étrangers, Batman les affronte tous et les défait.
Les histoires sont courtes, intenses et sans temps mort. La narration, systématiquement linéaire et très compressée, est soutenue par des cartouches descriptifs insérés dans la plupart des cases, notamment lors des scènes d'action. Ces descriptions, ponctuées de moult points d'exclamation, contribuent à faire monter la tension.
Les intrigues sont toutes policières ; une seule est de nature vaguement fantastique. Les toutes premières enquêtes sont parfois expédiées, mais certains épisodes sortent du lot et, surtout, Batman va tout de suite affronter des adversaires hauts en couleur et à la personnalité complexe, dont plusieurs deviendront légendaires.
Les intrigues sont toutes policières ; une seule est de nature vaguement fantastique. Les toutes premières enquêtes sont parfois expédiées, mais certains épisodes sortent du lot et, surtout, Batman va tout de suite affronter des adversaires hauts en couleur et à la personnalité complexe, dont plusieurs deviendront légendaires.
Le justicier masqué rend la justice de façon souvent particulièrement expéditive ; ainsi, Stryker, un homme d'affaires véreux tombant dans un bain d'acide, n'a que "ce qu'il mérite", un associé de Blake le Français est propulsé du toit d'un gratte-ciel, Batman abat les vampires d'une balle d'argent en plein cœur ou brise la nuque du sbire du Dr La Mort d'un coup de pied... Les adversaires du justicier masqué meurent souvent de façon violente à la conclusion de l'épisode.
Les origines de Batman sont expliquées dans le numéro 33 (novembre 1939), en une double page. les informations sur Bruce Wayne restent vagues. Il a hérité de la fortune de ses parents. Dans le numéro 35, il est sous-entendu qu'il est journaliste. Il est vaguement fiancé à Julie Madison. Il est amusant de le voir fumer la pipe comme un pompier. Alfred n'est pas encore là, mais le commissaire Gordon est présent dès le premier épisode et Robin apparaît dans le numéro 38. Notons enfin qu'au début, la ville dans laquelle Batman opère est Manhattan et pas encore Gotham City.
Les dessins de Kane paraîtront sommaires, surtout ceux des tous premiers épisodes ; les postures des personnages manquent de naturel, les fonds de cases sont quasiment inexistants et les détails brillent par leur absence. Mais ces premiers numéros sont déjà pleins de punch et d'action et le lecteur assiste, progressivement, à l'enrichissement du style de l'artiste, d'autant que des encreurs (Moldoff, Robinson et Roussos) vont lui être adjoints.
Le personnage va connaître une évolution, lui aussi. Au départ longiligne, félin, avec une musculature fine et portant un masque orné de longues oreilles, il devient plus musculeux, plus costaud au fil des épisodes, tandis les oreilles de son masque sont resserrées, puis rétrécies et que les ailettes de poignet sont ajoutées à ses gants. Les premiers gadgets (dont les fameux batarangs) n'apparaissent qu'à partir de l'épisode 31.
Dans l'ensemble, la traduction d'Edmond Tourriol est solide ("syndicat chimique" sonne cependant curieusement). La relecture a laissé passer quelques coquilles (mots manquant ou en trop, fautes de frappe ou d'orthographe).
Les lecteurs ne pourront se livrer à une évaluation critique de ces épisodes qu'avec un indispensable recul. Si ces pages, lues avec un regard actuel, peuvent sembler désuètes et infantiles (sans sous-estimer la satisfaction réelle qu'offre leur lecture), leur valeur documentaire est indéniable ; il s'agit de la genèse de l'un des plus grands personnages de fiction jamais créés et dont la mythologie continue aujourd'hui à être enrichie.
Mon verdict : ★★★★☆
Voici donc l'article dans lequel tu racontes ta découverte des sources du personnage.
RépondreSupprimerSuper article : ça fait très longtemps que j'ai lu ces épisodes. C'est un vrai plaisir de découvrir l'évolution progressive du personnage au travers de ton article : justice particulièrement expéditive (avec les exemples), origine en 2 pages, fumeur de pipe, 1ère apparition de Robin (assez rapidement finalement), évolution de la musculature et des oreilles du masque, et les premiers batarangs.
Gageons que si Semic avaient survécu, nous aurions peut-être eu la suite en version française. Celui-là, je le garde précieusement.
SupprimerJe m'aperçois que j'avais tellement à dire que j'ai zappé le paragraphe descriptif du tout premier épisode.
Au sujet de George Roussos, il faudra que je vérifie mon affirmation, à l'occasion, car je crois savoir qu'il est d'abord coloriste bien avant d'être un encreur - s'il a bien été encreur ! À confirmer, donc.