mardi 9 juin 2015

Les Sept Vies de l'Épervier (tome 6) : "La Part du diable" (Glénat ; octobre 1990)

"La Part du diable" est le sixième et avant-dernier tome de la série des "Sept Vies de l'Épervier", créée et réalisée par le scénariste Patrick Cothias et le dessinateur André Juillard. "Les Sept Vies de l'Épervier" est la première série d'un cycle bien plus vaste dont elle porte également le nom.
Cothias a écrit la totalité du cycle, qui, outre "Les Sept Vies de l'Épervier", comprend aussi les séries "Masquerouge", "Cœur Brûlé", "Le Masque de fer", "Ninon secrète", "Le Fou du roy", "Plume aux vents", "Le Chevalier, la Mort et le Diable" et "Les Tentations de Navarre". De toutes les séries du cycle, Juillard a illustré "Les Sept Vies de l'Épervier", les trois premiers tomes de "Masquerouge" et "Plume aux vents".

Royaume de France, mars 1617. Sept années ont passé depuis les tragiques événements de mai 1610. Ariane et Guillemot de Troïl s'entraînent inlassablement à l'escrime sous les yeux de leur père, vieilli par tant de drames. Un épervier rouge orne fièrement le bouclier de la jeune fille.
À Paris, au palais du Louvre, Louis XIII, son frère Gaston d'Orléans et Charles d'Albert, futur duc de Luynes, jouent une pièce de théâtre devant Marie de Médicis et la cour. Louis y interprète le rôle de l'Épervier, Gaston celui du roi lui-même et Luynes celui de Rizzoni (c'est-à-dire Concini). Louis récrée, de façon plus romancée, la fameuse rencontre qui avait eu lieu entre l'Épervier et lui au château de Vincennes dans le tome précédent. Dans la pièce, l'Épervier triomphe. Louis en profite pour égratigner sa mère, clamant par la bouche du justicier masqué qu'elle s'est entourée de mauvais conseillers ne songeant qu'à leur propre fortune. La reine-mère et régente est furieuse.
Luynes va monter le roi contre Concini, à qui il reproche fortune et manque de respect envers la personne royale, et enjoint Louis à agir. Louis fait mander Nicolas de L'Hospital (Vitry), le capitaine de la garde. Ce dernier hésite ; Concini ne consentira pas à son arrestation, d'ailleurs, n'est-il pas maréchal de France ? Louis lui ordonne d'agir en conséquence. Concini tenter de résister à son arrestation et est abattu le 24 avril 1617. Vitry, pour ses services, est nommé maréchal de France et gouverneur de la Bastille.
Louis est donc roi. Il va ordonner que les oiseaux de ses volières soient libérés, ainsi que les prisonniers de ses geôles. Parmi ceux-ci, Gabriel de Troïl, qui vient d'y passer six années et Léonard Langue-Agile, l'étrange poète vagabond...

Dans "La Part du diable", les comptes sont réglés. Louis XIII devenu enfin roi, Marie de Médicis, la reine-mère, est exilée. Gabriel de Troïl et Langue-Agile sortent de prison. Germain Grandpin, lui aussi libéré, va demander réparation à Pignerol (les lecteurs noteront l'hommage aux trois mousquetaires, même si seuls Athos, Porthos et Aramis sont présents - dans l'œuvre de Dumas, d'Artagnan n'arrive en effet à Paris que huit ans plus tard, en 1625) avant de se rendre en Auvergne et de faire une rencontre qui va changer sa vie. Mais malgré cela, malgré tous ses changements, la tragédie continue.
Cothias met deux mondes, deux univers en parallèle avec un scénario d'une cohérence et d'une force admirables. Tous les éléments de son intrigue s'emboîtent à merveille. À Paris, le pouvoir change de mains ; les conséquences sont brutales. En Auvergne, la famille de Troïl va connaître des derniers jours crépusculaires et d'une tristesse insondable. Les destins imaginés par l'auteur vont se révéler dans toute leur cruauté.
Juillard, démontre encore une fois l'étendue de son talent ; sens du plan, de la perspective et du détail, travail sur les costumes, les décors, les couleurs et les lumières, expressivité des visages... Les deux dernières pages sont sans paroles, mais l'art du dessinateur y dit tout.

Les lecteurs auraient pu penser que la tragédie des "Sept Vies de l'Épervier" avait atteint son paroxysme dans les deux tomes précédents, mais il n'en est rien ; le destin n'a pas encore fini de jouer avec la famille de Troïl.
Ceux qui souhaitent respecter la continuité du cycle devront ensuite lire la série "Masquerouge", qui s'intercale entre les sixième et septième tomes des "Sept Vies de l'Épervier". Cette lecture n'est pas indispensable à la compréhension de la conclusion de la série.

Mon verdict : ★★★★☆

2 commentaires:

  1. Cothias met deux mondes, deux univers en parallèle avec un scénario d'une cohérence et d'une force admirables : ton commentaire me fait dire que je ne prêtais pas attention à ce que je lisais à l'époque et que j'ai du bâcler la lecture des 2 derniers tomes. Je n'arrive même plus à me souvenir si j'avais identifié l'hommage aux 3 mousquetaires.

    Les deux dernières pages sont sans paroles, mais l'art du dessinateur y dit tout. - Sous réserve quelles soient porteuses d'information, les pages silencieuses ou sans mots mettent souvent en lumière la qualité de l'artiste. Warren Ellis a régulièrement recours à des séquences muettes, et ça ne pardonne pas si le dessinateur n'est pas au niveau.

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    1. Planches 12 à 14 : Athos, Porthos, et Aramis jouent aux cartes dans une auberge avec Pignerol. Germain retrouve ce dernier et le provoque en duel. Comme il est sans épée, Porthos lui prête la sienne.

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