mercredi 12 août 2015

Batman : Anthologie Neal Adams 1967-1969 (SEMIC ; avril 2005)

En avril 2005, SEMIC sortait une sélection d'histoires de Batman illustrées entre 1967 et 1969 par Neal Adams, dessinateur majeur de la bande dessinée américaine. Bien que ce recueil porte le numéro un, il n'y en a pas de second, les droits d'exploitation de la licence DC Comics passant chez Panini Comics cette même année.
Le programme de cette anthologie d'un peu plus de trois cents pages est composé de neuf histoires d'une bonne vingtaine de pages chacune, dont voici les titres en VO : "The Superman-Batman Revenge Squads!" (World's Finest Comics #175), "The Superman-Batman Split!" (#176), "The Track of the Hook" (The Brave and the Bold #79), "And Hellgrammite Is His Name!" (#80), "You Can't Hurt Bork... But Bork Can Hurt You! (#81), "The Sleepwalker from the Sea!" (#82), "Punish Not My Evil Son!" (#83), "The Angel, the Rock and the Cowl!" (#84) et "The Senator's Been Shot!" (#85).
Neal Adams illustre la totalité de ces numéros. Il est entouré des scénaristes Leo Dorfman et Cary Bates pour les deux numéros de "World's Finest Comics" et de Bob Haney pour les sept numéros de "The Brave and the Bold". Dick Giordano est encreur sur la quasi-totalité des numéros ; il est aidé de Vince Colleta sur "The Brave and the Bold" #81, tandis qu'Adams, aidé de Joe Kubert (qui n'encre qu'une seule page), est son propre encreur dans le #84.

Dans ces aventures, Batman et Superman vont se défier mutuellement pour la bonne cause, mais deux groupes de scélérats, souhaitant la mort de l'un ou de l'autre, vont tenter d'en profiter. Les deux héros vont ensuite être menés en bateau par un acteur de génie arrivé au crépuscule de sa vie. Ces deux épisodes, surtout le premier, sont imprégnés de la légèreté des comics de l'Âge d'argent. Puis Batman va aider Deadman à rechercher son assassin dans ce qui est sans aucun doute le meilleur épisode de cette anthologie, s'associer au Creeper pour mettre hors d'état de nuire une créature mi-homme, mi-insecte, faire équipe avec Flash afin de neutraliser un colosse qui semble indestructible, enquêter sur un meurtre et un complot auxquels Aquaman est mêlé, déjouer, grâce aux Jeunes Titans, les complots de Lance Bruner, son nouveau pupille (le fils d'un ami chez récemment décédé), se remémorer une mission d'infiltration en France en compagnie du sergent Rock lors de la seconde guerre mondiale (l'un des autres bons moments de cette anthologie), et, enfin, tenter de découvrir avec Green Arrow qui peut bien vouloir la mort d'un sénateur dans un dernier chapitre réussi.

La période 1967-1969 marque la fin de l'Âge d'argent. L'Âge de bronze, une nouvelle ère plus réaliste, plus sombre, est en cours de gestation. Chez DC Comics, Neal Adams sera l'un des acteurs majeurs de ce changement de ton, notamment grâce à son travail avec Dennis O'Neil sur le tandem formé par Green Lantern et Green Arrow. Ces épisodes de Batman sont donc particuliers. D'abord parce qu'Adams innove en utilisant de nouvelles techniques de découpage. Et surtout parce que son Batman, athlétique, félin, longiligne, forme un véritable contraste et se met presque en opposition ou en décalage avec le ton de certains épisodes (notamment les deux premiers), tant il semble s'imposer comme l'apôtre d'un retour aux sources et d'un réalisme accru.

Martin Winckler (il signe également la préface, qui précède une introduction de Neal Adams lui-même) réalise un solide travail de traduction. Une demi-douzaine de fautes ou coquilles ont échappé à la relecture et se sont glissées dans le texte.
L'éditeur a ajouté les couvertures de "Detective Comics", "The Brave and the Bold", "Batman" ou "World's Finest Comics" dessinées ou encrées par Adams lors de cette période et des biographies succinctes d'Adams, Dick Giordano, Bob Haney et Carmine Infantino.
Certains lecteurs pourront regretter une mise en page chaotique et se demander pourquoi une page entièrement blanche vient se retrouver entre deux histoires et comment tant d'espace semble avoir été perdu ; un problème de format ?

Cette anthologie n'est pas composée des meilleures histoires de Batman mais quelques-unes sortent du lot, et, surtout, elles portent toutes la marque de Neal Adams, l'un des artistes qui ramèneront Batman à ses racines de détective et à un univers plus sombre.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Jusqu'ici, je n'avais pas souhaité lire ces épisodes, ou en relier quelques-uns, mais ton article éveille en moi une curiosité que j'ai du mal à réfréner. En particulier la phrase qui indique que c'est vraiment les dessins et le découpage qui modifient la tonalité du récit.

    Son Batman, athlétique, félin, longiligne, forme un véritable contraste et se met presque en opposition ou en décalage avec le ton de certains épisodes.

    Synchronicité ? Ce week-end, j'écoutais le podcast de Comixity Live et ils commentaient deux épisodes de la série Batman, par Neal Adams & Dennis O'Neil : #232 & 244. A partir de 2'40.

    https://www.youtube.com/watch?v=RBKTUSg64io

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    1. De cette anthologie, il faut surtout retenir qu'il s'agit principalement d'épisodes de "The Brave and the Bold", mais pas de "Batman" ni de "Detective Comics".

      Merci pour le lien, même si je ne suis pas friand de ComixWeekly. En revanche, merci de m'avoir fait découvrir "Comics Tropes" : j'en ai écouté plusieurs émissions et je les ai toutes appréciées, sauf celle à propos de "Immortal Hulk", que j'ai tenu à écouter bien que le titre ne m'intéresse pas.

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