dimanche 31 janvier 2016

"Gil Jourdan" : L'Intégrale (tome 3) (Dupuis ; juin 2010)

C'est une excellente initiative que celle des éditions Dupuis d'avoir réédité, en 2009-2010, l'intégrale des aventures de Gil Jourdan, ce jeune détective français inventé par l'auteur belge Maurice Tillieux (1921-1978). Cette intégrale compte quatre tomes, chacun avec de nombreux bonus et une maquette superbe.
Ce troisième volume couvre la période 1964-1970 avec "Le Gant à trois doigts" (1964-1965, édité en album en 1966), "Le Chinois à 2 roues" (1966, édité en album en 1967), "Chaud est froid" (1968, édité en album en 1969), qui comprend aussi "Le Grand Souffle" (1968) et "La Maison du mystère" (1969), et "Pâtée explosive" (1969, édité en album en 1971) qui comprend également "La Guerre en caleçon" (1966). Deux histoires courtes, "Les Vacances de Crouton" (1964) et "La Bouteille" (1966), et trois nouvelles, "Le Bruit" (1968), "L'Arme évanouie" (1969) et "Pris au piège (1970) complètent le tout. Ces histoires ont été publiées dans "Spirou" (les numéros en question sont tous indiqués).

Dans "Le Gant à trois doigts", le chef de la police de l'émir du Gomen, Ali, est informé par l'un de ses indicateurs de l'arrivée de Gil Jourdan à Goménorhabad, la capitale du pays. Ali pense que Jourdan est un agent du contre-espionnage envoyé en mission pour récupérer le destinataire d'une caisse de gants à trois doigts. Il file le détective jusqu'à son hôtel et le capture après avoir tiré une capsule de gaz soporifique dans sa chambre...
Dans "Le Chinois à 2 roues", Gil Jourdan est engagé par monsieur Lien, un riche industriel chinois qui a le monopole de la vente des scooters dans son pays. Lien fait appel aux services de Jourdan pour mettre fin aux importations illégales en provenance d'Inde, les autorités chinoises manquant de moyens pour mettre fin au trafic. Jourdan accepte. Mais le secrétaire de Lien, Wu, communique aussitôt l'information aux trafiquants...
Dans "Chaud et froid", Jourdan convainc Crouton de le laisser l'aider à résoudre une affaire de vols de fourrures... Dans "Le Grand Souffle", Jourdan empêche deux espions de saboter un laboratoire aéronautique secret... Dans "La Maison du mystère", Crouton rend visite à Julien Legris, un ami retraité de la police, mais Libellule apprend que Legris est mort trois mois plus tôt...
Dans "Pâtée explosive", Libellule discute avec un chauffeur qui doit livrer dix chiens de garde à Neuilly. Ailleurs, Jourdan apprend d'un commissaire que des habitants de Neuilly se plaignent de bruits d'explosions... Dans "La Guerre en caleçon", le Macasara est envahi par le Coronador. Jourdan, Libellule et Crouton sont chargés d'arrêter trois espions coronadoriens qui sont parvenus à s'échapper d'un pénitencier militaire...

De ce volume, ce sont "Le Chinois à 2 roues", "Le Grand Souffle" et "Pâtée explosive" qui sont à retenir. Malgré l'incroyable talent narratif de Tillieux, "Le Gant à trois doigts" pâtit d'adversaires sans saveur dont l'humour tombe à plat. "Le Chinois à 2 roues" et son périple en camion digne du "Salaire de la peur" est par contre une sacrée bande dessinées d’aventures ! "Chaud et froid" est un récit très correct à défaut d'être inoubliable, mais "Le Grand Souffle" est une très bonne histoire d'espionnage. "La Maison du mystère" est une petite perle policière de trois pages. Dans l'excellent "Pâtée explosive", Jourdan flirte à nouveau avec le monde de l'espionnage. Quant à "La Guerre en caleçon", ce n'est certainement pas ce que Tillieux a fait de plus inspiré.
Jourdan affronte davantage les espions venus du froid que des gangsters. Libellule et Crouton sont toujours aussi attachants et une amitié se développe entre les deux compères. Queue-de-Cerise est malheureusement quasiment absente de ces aventures.

La préface de José-Louis Bocquet (romancier et scénariste de bandes dessinées) est toujours aussi intéressante et documentée. Bocquet y revient notamment sur la censure, les œuvres ayant influencé Tillieux et la condition de scénariste à l'époque.

Ce volume est dans la lignée du précédent. "Le Chinois à 2 roues", "Le Grand Souffle" et "Pâtée explosive" sont de véritables petits plaisirs de lecture. Ces histoires sont d'autant plus essentielles qu'il s'agit des dernières de Gil Jourdan dessinées par Tillieux.

Mon verdict : ★★★☆☆

4 commentaires:

  1. Je n'aurais pas cru qu'une bande dessinée franco-belge classique puisse autant envoyer son héros aux quatre coins du monde.

    Importations illégales en provenance d'Inde, les autorités chinoises manquant de moyens pour mettre fin au trafic : on est presque dans la politique internationale, et le trafic mondialisé.

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    1. Pourtant, si tu prends "Tintin", "Blake et Mortimer", ils en ont vu, du monde. Ou alors tu parles de l'école de Marcinelle ? Là c'est peut-être plus avéré, encore que (je pense à "Tif et Tondu")...
      Concernant l'aspect mondialisé du trafic, je pense que Tillieux s'inspirait beaucoup des actualités concernant le banditisme international.

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    2. Je présume que mon a priori provient à la fois du fait que j'envisage Tintin et Blake & Mortimer comme des réussites exceptionnelles qui ne représentent pas la majeure partie de la production, et à al fois du fait que mes connaissances sur le reste de cette production sont très limitées.

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    3. Concernant l'école de Marcinelle, c'est sans doute très vrai. Je pense à des séries comme "Gaston Lagaffe", etc., dans lesquelles il ne quitte pas ou rarement son environnement.

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