dimanche 3 janvier 2016

La Nouvelle Frontière (tome 1) : "Des dieux et des monstres" (Panini Comics ; décembre 2005)

En décembre 2005, Panini Comics sortaient, dans leur collection "DC Heroes", "Des dieux et des monstres", le premier des trois tomes de "La Nouvelle Frontière". En VO, cette mini-série de six numéros a été publiée sous le titre "DC: The New Frontier", entre mars et novembre 2004. L'album compte cent trente-deux planches.
Cette saga consacrée à la transition entre l'Âge d'or et l'Âge d'argent dans l'univers DC Comics a été entièrement écrite et dessinée par Darwyn Cooke, connu notamment pour son travail sur "Catwoman" avec Ed Brubaker. Cooke encre ses propres illustrations, tandis que Dave Stewart réalise la mise en couleur.

1945, théâtre du Pacifique. L'unité spéciale des Losers doit récupérer un scientifique nazi, escorté par un convoi qui s'est échoué sur une île isolée. Leur vedette est attaquée par une force inconnue...
1952, Gotham City. Les forces de l'ordre poursuivent Hourman, l'un des super-héros ayant refusé de tomber le masque malgré une loi fédérale leur imposant de s'enregistrer auprès du Comité du Congrès...
1953, Corée. Bien que l'armistice ait été signé il y a quelques heures, quelques pilotes nord-coréens tentent d'abattre l'avion de chasse de Hal Jordan. Celui-ci, en grande difficulté, va devoir s'éjecter...
1955, Gotham City. Le docteur Erdel envoie un signal radio dans l'espace. Un extraterrestre à l'aspect terrifiant le capte et remonte à sa source, causant au scientifique une frayeur qui lui est fatale...
1956, Central City. Barry Allen, de la police scientifique, est frappé par la foudre...
1957, Gotham City. L'inspecteur John Jones et son coéquipier Bradley retrouvent la piste du fils d'un magnat de la finance, qui a été enlevé. Le jeune garçon serait détenu dans une église...

"La Nouvelle Frontière" est une saga consacrée au passage de l'Âge d'or à l'Âge d'argent et à l'émergence de nouveaux super-héros, que Cooke inscrit dans la grande histoire du XXe siècle. Les événements s'enchaînent à merveille, depuis 1945 et la découverte de cette étrange île par les Losers, jusqu'à 1957 et l'enlèvement d'un jeune garçon par une secte à Gotham City. "La Nouvelle Frontière" établit également un parallèle avec une industrie des comics sur le déclin, qui sera relancée grâce à la création de nouveaux personnages : le Limier martien (créé en 1955), le Flash Barry Allen (1956) et le Green Lantern Hal Jordan (1959) sont les vedettes de ce premier tome. Les références culturelles sont légion (le passage du mur du son, Cassius Clay, etc.).
Les dessins de Cooke, dans un style proche du dessin animé, sont l'autre réussite de cet album. L'action s'enchaîne avec limpidité ; elle est dynamique, parfois découpée de façon cinématographique, souvent décompressée. La variété en termes de tailles des cases, de plans et prises de vue utilisés est incroyablement riche, tout comme le travail sur les ombres. La mise en couleur de Dave Stewart fait le reste. Cooke apporte aux icônes DC Comics (qu'ils soient en costume ou "en civil") et à l'ensemble des personnages le soin qu'ils méritent et offre des personnages féminins irrésistibles, pleins de personnalité et de piquant (Wonder Woman, Selina Kyle et Lois Lane). Seule sa version de Captain Cold - au crâne rasé et à la longue robe de gourou - est décalée.

Khaled Tadil réalise ici une traduction acceptable, bien que son texte présente deux ou trois fautes et que la reproduction d'une coupure de presse ne soit pas entièrement traduire. L'éditeur a regroupé les couvertures des différents chapitres à la fin, ce qui permet de lire l'histoire d'un bloc. Une courte mais instructive préface présente l'œuvre et une rapide biographie de l'auteur (avec deux photos) figure en fin de recueil.

Le premier tome de cette saga est une véritable réussite qui parvient à s'adresser à tous les publics et qui pourra être lue et relue de nombreuses fois. C'est un récit qui ne nécessite pas de connaissance approfondie de l'univers de DC Comics - tant mieux.
"La Nouvelle Frontière" aura remporté de nombreux prix : trois Eisner (2005 et 2007), trois Harvey (2005 et 2007) et un Shuster (2005). Plus de dix ans plus tard, une réédition en format cartonné et bénéficiant d'une nouvelle traduction serait bienvenue.

Mon verdict : CHEF-D'ŒUVRE

Barbuz

2 commentaires:

  1. C'est marrant : je garde un mauvais souvenir de cette lecture, mais sans me souvenir de ce qui m'avait déplu. Ayant beaucoup aimé ce qu'a fait Darwyn Cooke par la suite, il faudra que je le relise, ne serait-ce que pour les dessins.

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    1. Je suis sûr que j'y découvrirais de nouveaux éléments si je le relisais.
      Urban Comics l'ont réédité, mais avec des récits de complément. Du coup, j'ai préféré garder mon édition Panini Comics.

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