mercredi 27 avril 2016

"Captain America" : L'Intégrale 1964-1966 (Panini Comics ; juillet 2011)

Captain America est né en 1940 sous les crayons de Joe Simon (1913-2011) et de Jack Kirby (1917-1994), deux Juifs américains souhaitant créer un super-héros patriotique alors que le troisième Reich a remporté ses premières victoires militaires (les États-Unis n'entreront en guerre que le 8 décembre 1941, le lendemain de Pearl Harbor, soit plus d'un an après la naissance de Captain America). Les premières aventures de Captain America sont publiées dans Timely Publications, qui devient Timely Comics en 1941, puis Atlas Comics en 1950 avant d'enfin devenir Marvel Comics en 1961. Le départ de Simon et Kirby pour National Comics n'empêche pas le titre de rencontrer un succès certain, mais qui s'étiole suite à la fin de la guerre. Les années cinquante sont difficiles pour les super-héros, genre qui éprouve des difficultés à se renouveler, et Captain America, malgré les tentatives de relance du titre, finit par être mis au placard en septembre 1954.
En novembre 1963, Stan Lee met en scène un faux retour du héros ; Captain America est alors réclamé par les lecteurs et le vrai retour du personnage est conté dans "Avengers" #4 (mars 1964). À partir d'octobre 1964 et du #58, la revue "Tales of Suspense" est partagée entre Captain America et un autre Vengeur, Iron Man.
Ce volume de deux cent soixante planches comprend vingt-six histoires (chacune fait dix planches) et contient les "Tales of Suspense" du #59 de novembre 1964 au #84 de décembre 1966. Stan Lee écrit les scénarios. Kirby dessine dix-huit épisodes et produit les esquisses de la majorité des numéros restants, qui seront finies par Dick Ayers (1924-2014), George Tuska (1916-2009), Don Heck (1929-1995) ou John Romita. Chic Stone (1923-2000) encre six numéros, Frank Giacoia (1924-1988), quatre sous le pseudonyme de Frank Ray et cinq sous son propre nom.

Dans ces vingt-six récits, Captain America va, entre autres, arrêter un gang de malfrats mené par un certain Bull, qui a l'intention de profiter de l'absence de la plupart des Vengeurs pour s'attaquer à leur manoir. Il va déjouer les plans du baron Zemo, qui supervise l'entraînement d'assassins chargé de supprimer le héros. Il va affronter le général Sumo, officier du Vietcong, et ses troupes communistes afin de libérer un pilote américain prisonnier. Il va empêcher de dangereux prisonniers de se faire la malle d'un pénitencier. Il va démasquer la mise en scène de Sando et Omar, qui prétendent prédire des catastrophes pour couvrir des actes de sabotage. Il va affronter Crâne rouge maintes et maintes fois, notamment lorsque celui-ci veut mettre la main sur le cube cosmique. Il va s'opposer à Batroc (le personnage est créé dans ces pages). Il va se battre contre l'AIM (Advanced Idea Mechanics) et ses androïdes. Enfin, Cap va tenter de survivre aux coups de l'Adaptoïde en conclusion de ce recueil.

Ces histoires-là sont rudimentaires. Certaines sortent du lot, notamment celle qui a pour théâtre le castel Greymoor, mais le reste est loin d'être inoubliable. Lee valse entre souvenirs de guerre et intrigues "contemporaines". Par contre, la caractérisation de Captain America est d'emblée réussie ; Steve Rogers est un être seul, solitaire, qui ne parvient pas à trouver sa place dans la société, malgré le courage et l'héroïsme dont Captain America est auréolé. Rogers, constamment hanté par la mort de son partenaire Bucky, ne parvient pas à oublier son passé et a beaucoup de mal à s'adapter.
Les dessins de Kirby ne sont pas toujours soignés, mais Giacoia apporte beaucoup. Le style de Kirby étonne toujours ; certaines postures sont d'un naturel confondant et il y a là des petites trouvailles visuelles (les ronds de fumée de cigarette de Crâne rouge).

La traduction a été réalisée par Geneviève Coulomb. La traductrice omet la forme négative trop souvent et utilise des acronymes curieux ("N-D-D" : "Nom de Dieu"). Plutôt que de moderniser un texte daté, elle joue au contraire sur le côté vieillot, renforçant l'aspect démodé et ringard des dialogues. Côté maquette, il est dommage que les couvertures originales n'aient pas été intercalées au début de chaque numéro.

Le matériel de ce premier tome est de facture honnête, bien qu'il ne comprenne rien de franchement inoubliable. Mais l'ensemble bénéficie d'une caractérisation qui fait mouche, permettant à une "veille gloire" des comics d'être relancée avec succès.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Suite à notre précédente discussion sur Jack Kirby, je me suis offert les 2 premiers Epic Collection de cette série qui reprennent Avengers #4, Strange Tales 58 à 99, 114, Captain America 110 à 119.

    J'ai beaucoup aimé ton paragraphe d'introduction qui rappelle la genèse de ce personnage, créé sans Stan Lee.

    Ces histoires-là sont rudimentaires. - Me voilà prévenu :)

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    1. En général, lorsque j'écris un billet sur le premier tome d'une intégrale, ça me paraît important d'expliquer les origines de la création du personnage, afin de mieux appréhender le contexte.

      Voilà un article qui a déjà cinq ans ; il est quand même succinct. Je me dis qu'en tant que blogueur, j'ai fait des progrès depuis. Cela dit, quoi de plus normal que de s'améliorer avec le temps.

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