Ce troisième tome de l'intégrale consacrée à Daredevil (deux cent quatre-vingts planches) est sorti chez Panini Comics en mars 2016. Il contient tous les numéros du mensuel "Daredevil" de 1967, de janvier (#24) à décembre (#35). Il comprend également le tout premier "Annual" de la série (#1), publié en septembre 1967.
Les scénarios ont été conçus par Stan Lee, qui restera jusqu'au #50 de mars 1969 avant de passer le flambeau à Roy Thomas. Gene Colan (1926-2011) réalise tous les dessins. Il restera le dessinateur principal (et quasi unique) de la série jusqu'au #100 et y travaillera ensuite de façon de plus en plus sporadique jusqu'au #370 (décembre 1997). Parmi les encreurs, Frank Giacoia (1924-1988), Dick Ayers (1924-2014) et John Tartaglione (1921-2003).
Dans ces pages, Daredevil vient d'abord en aide à Ka-Zar et met fin aux machinations du Pillard, le frère de ce dernier. Tête-à-Cornes affronte ensuite l'Homme-Grenouille, un criminel costumé fraîchement débarqué en ville. Il démasque le Maraudeur, qui forme une alliance avec l'Homme aux Échasses. Il empêche des extraterrestres de piller les ressources de notre bonne vieille Terre. Il contrecarre les plans du Boss, un chef de gang qui souhaite récupérer les effectifs du Maraudeur. Il fait face au dangereux duo que forment le Cobra et Hyde. Le numéro "Annual" le met aux prises avec Electro, le Matador, le Gladiateur, l'Homme aux Échasses et l'Homme-Grenouille (rien que ça !). Enfin, le Scarabée lui donne du fil à retordre, avant que le Piégeur ne le mêle à ses plans de vengeance ciblant les Quatre Fantastiques.
En 1967, la série "Daredevil" ne semble pas encore bénéficier d'un fil conducteur clair et définitif. Il faudra encore un peu de temps avant que le positionnement de super-héros urbain protecteur du quartier de Hell's Kitchen évoluant dans un environnement sombre ne soit durablement établi. Dans ces pages, Tête-à-Cornes va ainsi venir en aide à Ka-Zar, affronter des extraterrestres conquérants ou encore se déguiser en Thor pour piéger deux criminels. Si la qualité des histoires va croissant (l'arc avec le Scarabée en étant sans doute le sommet), le traitement que Lee applique au personnage de Matt Murdock est déroutant. L'avocat, pour qui les problèmes d'identité secrète ne sont apparemment pas suffisants, s'encombre d'un faux frère jumeau, Mike ; ce personnage va lui permettre de continuer à dissimuler son identité secrète grâce à quelques pirouettes d'acteur et de laisser libre cours à son besoin - apparemment refoulé - d'extraversion. Mais Mike finit par compliquer la vie sentimentale de Matt et Lee abuse du vaudeville. Le lecteur devra être clément envers l'incroyable crédulité de Foggy Nelson ou de Karen Page lorsqu'ils "rencontreront" Mike. Lee exploite le suspense de situation (comment Murdock préserve son identité secrète) davantage que le suspense d'intrigue (bien que le numéro dans lequel Daredevil perd ses pouvoirs soit prenant). Les relations au sein du triangle amoureux (qui devient, de facto, un quadrilatère) formé par Matt, Karen et Foggy perdent en cohérence et en crédibilité. Matt comprend que dévoiler à Karen les sentiments qu'il éprouve pour elle peuvent la mettre en danger - une astuce scénaristique inlassablement utilisée dans les comics. Les super-vilains sont hauts en couleur. Cobra s'acoquine avec Hyde pour un tandem en permanence sur la tangente à cause des ego surdimensionnés des deux criminels. Le plus réussi est peut-être le Scarabée, impressionnant, sans merci et retors à souhait. Le Daredevil de Colan est d'un classicisme irréprochable. Nombreuses sont les pages qui laisseront les lecteurs admiratifs. Le travail de l'artiste, encré par des collaborateurs talentueux, est explosif, plein de mouvement, de vie et de couleur.
Nicole Duclos réalise une traduction solide. Notons une bulle inversée ("Annual", planche 37, case 3). Les couvertures originales sont rassemblées en fin de recueil. Il est dommage que l'éditeur persiste bêtement à ne pas les intercaler entre les chapitres.
Ce volume consacré aux épisodes de l'année 1967 vaut pour ses super-vilains (notamment pour le Scarabée et pour le duo de cabotins incroyablement égotistes que forment Cobra et Hyde), pour l'apparition d'invités vedettes (Spider-Man et Thor) et pour les dessins de Gene Colan (tant mieux, car il va rester sur le titre jusqu'en juin 1973). Espérons seulement que l'encombrant Mike Murdock soit vite mis au placard.
Il s'agit d'épisodes que je n'ai pas lus : merci de cette présentation.
RépondreSupprimerAinsi, c'est dans ces épisodes qu'apparaît Mike Murdock, personnage qui est finalement resté dans les annale, et qui refait surface de temps à autre, encore récemment dans les épisodes de Chip Zdarsky et Marco Checchetto.
Visiblement Gene Colan était déjà en pleine forme en 1967.
Mike Murdock encore utilisé de nos jours ? Alors ça, c'est incroyable ! J'étais sûr qu'il avait été mis au placard de façon durable.
Supprimer