Captain America, personnage né en 1940 sous les crayons de Joe Simon (1913-2011) et de Jack Kirby (1917-1994), est mis au placard en septembre 1954. En novembre 1963, Stan Lee met en scène un faux retour du super-héros ; le vrai retour du personnage est conté dans "Avengers" #4 (mars 1964). Captain America, à partir d'octobre 1964 et du #58, partage la revue "Tales of Suspense" avec Iron Man. Cette cohabitation dure jusqu'en mars 1968. En avril de la même année, "Cap" obtient son propre magazine et ses histoires passent ainsi de dix à vingt planches.
Ce second tome de l'intégrale consacrée à Captain America est sorti chez Panini Comics en 2012. Il compte deux cent quatre-vingts planches. Il contient les "Tales of Suspense" du #85 de janvier 1967 au #99 de mars 1968, puis les "Captain America" du #100 d'avril 1968 au #105 de septembre 1968 (vingt-et-un numéros).
Stan Lee, qui va rester sur la série jusqu'au #141 de septembre 1971, conçoit la quasi-totalité des scénarios ; il laisse le #87 à Roy Thomas. Kirby dessine seize des épisodes, Gil Kane (1926-2000) dessine quatre "Tales of Suspense" et Jack Sparling (1926-1997) illustre le scénario de Thomas. Parmi les encreurs qui sont crédités, Frank Giacoia (1924-1988) en encre deux, Joe Sinnott, dix, Syd Shores (1913-1973), cinq, et Dan Adkins (1937-2013), deux.
Dans ces pages, Captain America se bat à nouveau contre Batroc. Il vient en aide à l'Agent 60 du SHIELD, infiltré en pays communiste. Il met fin aux agissements d'un criminel qui usurpe son identité. Power Man et le Spadassin tentent de se venger de lui. Il affronte le Mecho-Assassin de l'AIM (Advanced Idea Mechanics) et échappe à MODOK (qui est créé dans ces pages). Il essaie, sans succès, de raccrocher le bouclier. La Panthère noire lui demande de se rendre au Wakanda. Et toujours, Crâne rouge. Crâne rouge qui veut l'asservir, Crâne rouge qui réveille le Quatrième Dormeur, Crâne rouge et son Île des Exilés, Crâne rouge qui comprend rapidement quel est le point faible de Captain America...
Captain America reste le même, mais le personnage de Steve Rogers évolue. Le fantôme de Bucky est moins présent et le sentiment de solitude qu'éprouve Rogers est moins pesant. Le personnage de l'Agent 13, Sharon Carter, permet à la série de prendre un virage rafraîchissant ; Rogers en tombe amoureux, et, bien entendu, ses amours vont être contrariés. Lee évoque une relation impossible entre deux êtres qui s'aiment sincèrement, mais qui font passer, malgré eux, le sens du devoir avant les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Cette relation permet néanmoins à Captain America d'oublier - un peu - la mort de Bucky et, surtout, lui offre un début d'ancrage dans la vie réelle. De quasi-marginal, Rogers devient un homme qui se pose moins de questions quant à sa place dans la société et s'interroge davantage sur la place de l'amour dans sa vie et sur les sacrifices que sa condition de super-héros exige.
Kirby soigne davantage ses planches que dans les tous premiers épisodes du retour du personnage. Les lecteurs pourront rester pantois devant le découpage cinématographique, en cases de dimensions égales, du combat entre Captain America et Batroc ("Tales of Suspense" #85). La présence du SHIELD dans ces aventures permet à Kirby de laisser libre cours à sa créativité au niveau des véhicules. Le travail de Kane, malgré tout le talent de l'artiste, ne parvient pas à convaincre ; les traits des personnages (notamment ceux de Bucky) n'étant pas suffisamment réguliers.
Le travail de traduction a été réparti entre Thomas Davier et Laurence Belingard. Davier traduit les numéros de "Tales of Suspense" et Belingard ceux de "Captain America". Dans l'ensemble, leur travail est solide, même si Belingard fait une faute de conjugaison, qu'elle abuse du "on" et sous-emploie le "nous". En plus d'une coquille, le texte des bulles de la planche trois, case deux du "Tales of Supense" #88, est dans le désordre. Enfin, comme d'habitude, hélas, les couvertures originales ont été rassemblées en fin de recueil plutôt que d'être intercalées entre chaque épisode.
Ce volume est très plaisant à lire. Captain America (ou plutôt Steve Rogers) évolue en restant fidèle à ses idéaux. Les scénarios gagnent en complexité, la longueur des numéros étant doublée dès le moment où le personnage obtient son propre magazine.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
Kirby soigne davantage ses planches que dans les tous premiers épisodes du retour du personnage. - Voilà qui me motive pour me lancer dans cette série.
RépondreSupprimerLes lecteurs pourront rester pantois devant le découpage cinématographique, en cases de dimensions égales, du combat entre Captain America et Batroc. J'en déduis que c'est dans ce tome que se trouve la page toujours reprise en exemple de la manière dont Kirby rend compte de la force des coups portés, sans montrer ni sang, ni chair tuméfiée, de Captain America contre Batroc.
Il y a encore ce tome-là et puis le suivant (1968-1969), et après - pour moi, en tous cas -, "Captain America" vit, pendant la période 1970-1975, une véritable traversée du désert jusqu'au retour salvateur du "King" Kirby en 1976.
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