lundi 18 avril 2016

Choc : "Les Fantômes de Knightgrave" (tome 2) (Dupuis ; avril 2016)

Le second et avant-dernier tome des "Fantômes de Knightgrave", la série consacrée à Choc, génie du crime en smoking dissimulant son visage sous un heaume, ennemi juré de Tif et Tondu et chef de l'organisation de la Main blanche, est sorti chez Dupuis en avril 2016. Il compte quatre-vingt-six planches
"Choc" permet à Éric Maltaite - fils de Willy Maltaite, alias Will (1927-2000) - de faire perdurer l'œuvre de son père en en tirant une série dérivée qui donne à celle-ci une nouvelle jeunesse. Maltaite illustre le scénario de Stéphan Colman, auteur, entre autres, des derniers scénarios en date pour le Marsupilami.

Dans le premier tome, le jeune Eden Cole s'échappait du Blackwood's Borstal, un établissement pénitentiaire pour mineurs. Plus de vingt années plus tard, Choc s'emparait de l'or de la SBS.
Ce second volume use du même modèle narratif, car il est bâti sur deux lignes temporelles distinctes (qui reprennent directement la suite des événements contés précédemment).
Grande-Bretagne, le 4 mars 1934. Eden Cole  - qui se fait dorénavant appeler Essex - et son comparse la Fouine filent vers Londres dans la superbe limousine conduite par Billy Cross. Des policiers identifient la voiture volée et tentent de les prendre en chasse, mais Cross démontre ses talents de conducteur et leur échappe. Le voleur de voitures dépose les deux garçons dans le quartier de Limehouse et leurs chemins se séparent. La Fouine emmène Essex dans un taudis qui est le repaire de sa bande. Il lui présente ses complices : le Boxeur, Bec-de-Lièvre, Feu Follet et le Teigneux. Tous sont des voleurs à la tire qui agissent sous la férule de Monsieur, un homme entre deux âges qui n'hésite pas à recourir à la brutalité pour se faire obéir. Dès le départ, la relation entre Essex et Monsieur est tendue...
Rio de Janeiro, 10 février 1955. Le carnaval bat son plein. Un homme tiré à quatre épingles au volant d'un coupé tente de se frayer un chemin à travers la foule, s'attirant l'animosité des fêtards. Il parvient à passer et se gare devant l'entrée d'un cabaret. Martin Cooper - c'est son nom - octroie un généreux pourboire au portier, qui semble le connaître. Il entre dans le bâtiment, éconduit Cléo, une danseuse dont il était apparemment client régulier, avant de se rendre au dernier étage de l'immeuble où le patron du cabaret, Oscar, un homme corpulent, a son bureau. Oscar y est en train de prendre quelques rails de cocaïne. Cooper lui annonce froidement que son frère Samba est mort. Alors qu'Oscar s'emporte, Cooper le ceinture et le fait tomber par-dessus le balcon de la terrasse. Il laisse tomber une carte frappée du symbole de la Main blanche près du cadavre...

Colman continue à lever le voile sur les origines de choc. Plusieurs révélations sont faites dans cet album : l'origine de son pseudonyme, celle du symbole de la Main blanche et celle du smoking (symbolisé par la pie). Après avoir quitté l'établissement pénitentiaire pour mineurs, le jeune Eden Cole tombe de Charybde en Scylla et devient membre d'une bande de voleurs très inspirée de Charles Dickens et de son "Oliver Twist", avant de faire une rencontre qui le fera définitivement basculer du côté du mal. Comme dans le premier tome, Colman n'oublie pas le contexte historique : il y évoque les troubles causés par la British Union of Fascists. Quant à Choc, malgré son impitoyable vengeance, il reste hanté en permanence par ses fantômes. Colman nous décrit un être désespérément seul, conscient de sa nature profondément mauvaise et qui se drogue à la morphine pour échapper à la tragédie de son existence.
Maltaite a affiné les traits de plusieurs des personnages par rapport au premier tome. Le découpage de l'action a également gagné en lisibilité. Le travail de l'artiste sur les paysages, notamment urbains, est exemplaire (voir les quartiers défavorisés de Londres ou les vues de New York). Maltaite semble s'être sérieusement documenté et brille par son sens du détail : notons le soin apporté aux véhicules (notamment la Chrysler Imperial 1930), les écriteaux, les panneaux routiers, les graffitis sur les murs de Londres, les affiches, les publicités, etc. Le travail sur les couleurs est remarquable.

Bien qu'une partie de la personnalité de Choc soit dévoilée, le fait de ne pas montrer le visage du personnage adulte maintient le mystère entier. Dans son ombre, un ennemi implacable se précise ; la conclusion annonce un troisième volume mouvementé.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Maltaite semble s'être sérieusement documenté et brille par son sens du détail : je note que toi aussi tu es sensible à la qualité de la reconstitution historique et à sa fiabilité.

    Je perçois une vraie curiosité de faire plus ample connaissance avec Choc, au travers de son histoire personnelle : la preuve que l'auteur est parvenu à le faire exister.

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    1. Oui, c'est vraiment une très belle trilogie, qui a achevé de me convaincre de me mettre sérieusement à "Tif et Tondu".

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