Thorgal (tome 2) : "L'Île des Mers gelées" (Le Lombard ; janvier 1980)

"L'Île des Mers gelées" est le second tome de la série "Thorgal". Il est sorti aux éditions Le Lombard en janvier 1980 (tout comme le premier). Les événements qui s'y déroulent font suite à "La Magicienne trahie". Le scénario a été écrit par Jean Van Hamme, qui restera au scénario jusqu'en 2007. La couverture, les dessins ainsi que la mise en couleurs ont été réalisés par Grzegorz Rosiński (actuellement toujours le dessinateur de la série). Cet album compte quarante-six planches. Il constitue la suite et fin du "Cycle de la Reine des Mers gelées".

Le Northland. Perchée au sommet d'une falaise surplombant le village de son enfance, Aaricia, songeuse, se confie à son amie Solveig. Certes, elle va épouser Thorgal Ægirsson, mais elle sait qu'elle quittera son village une fois que le mariage aura été prononcé. Il y a d'autres raisons à ce départ : son père, Gandalf-le-Fou, se fait vieux, et elle soupçonne son frère Bjorn de haïr Thorgal, car il le considère comme un possible prétendant rival au trône. Solveig, intriguée par le manège de deux aigles qui les survolent, écoute à peine. Chassant ses sombres pensées, Aaricia descend vers le village et entraîne son amie lorsque les aigles fondent sur la promise de Thorgal, la saisissent par les bras et l'emportent à tire-d'aile vers une plage déserte, où attend un personnage en armure grecque antique.

Pendant ce temps, au village, sous l'œil moqueur de Gandalf, Thorgal participe à un concours de tir à l'arc avec Bjorn et d'autres Vikings. Alors que Thorgal ridiculise Bjorn et que la situation est sur le point de dégénérer, le fils du roi tirant l'épée, Solveig fait irruption dans le village et appelle au secours. Les Vikings la suivent jusqu'à la plage et découvrent un étrange navire, commandé par le personnage en armure. Aussitôt, Bjorn, Thorgal et quelques autres s'embarquent sur un drakkar et partent à la poursuite du navire en direction des Mers gelées.

Sans la moindre piste, partis avec trop peu de vivres, assaillis par le froid et le vent, les hommes d'équipage, menés pas Jorund-le-Taureau, vont vite se mutiner, d'autant que l'ambiance est empoisonnée par des querelles d'ego. Bjorn d'abord, puis Thorgal, sont assommés et abandonnés à la mer dans une barque. Peu après, l'étrange navire apparaît et file droit sur le drakkar. L'affrontement est aussi rapide qu'implacable, et les Vikings, malgré leur bravoure, sont dépassés par la tactique déployée par leurs adversaires et par les armes de ceux-ci.

Pendant ce temps, Thorgal rêve qu'il retrouve Aaricia dans un décor de jardin d'Éden. Lorsqu'il se réveille, frigorifié, il est aux côtés de Bjorn, dans la barque qui dérive à travers les Mers gelées. Bjorn, cédant à la folie, s'attaque à Thorgal pour se nourrir de son sang, mais tombe de la barque et est projeté sur une plaque de glace. Les deux hommes sont séparés. Thorgal continue son périple, seul face au froid et à la faim...

Que dire de ce second épisode sinon qu'il s'agit d'un classique dans une série qui en compte déjà tant ? L'imagination de Van Hamme semble ne pas avoir de limites. Son scénario, malgré la petite réserve compréhensible que certains lecteurs pourrait avoir à l'égard de cette réconciliation bien facile et très rapide avec Jorund-le-Taureau, est absolument captivant et cohérent, tout en mêlant styles médiéval et science-fiction. Thorgal va découvrir ses origines - et il va les découvrir trop tard, dans une atmosphère particulièrement tragique qui pourra - conceptuellement - faire penser au "Crépuscule des Dieux" et rappeler le déclin de Sparte (il est probable que le style d'armure des Dominants, inspiré de la Grèce antique, n'ait pas été choisi par hasard).

Les illustrations de Rosiński sont splendides. Les lecteurs ne pourront être qu'admiratifs devant le brio avec lequel il retranscrit la grande variété de paysages (voir les Mers gelées, les mines, la scène symbolique du jardin d'Éden), d'ambiances (l'intérieur étouffant, inquiétant, oppressant du vaisseau) et de personnages créés par l'esprit de Van Hamme, notamment grâce à un travail remarquable sur les couleurs. Notons d'ailleurs que l'artiste avait reçu le Prix Saint-Michel (attribué par la ville de Bruxelles) du "Meilleur dessin réaliste" en 1979 pour son travail sur "L'Île des Mers gelées".

"L'Île des Mers gelées" est un récit passionnant, tragique, débordant de l'imagination débridée de Van Hamme et brillamment illustré par Rosiński (la couverture est splendide). C'est sur ce second album que se clôt le "Cycle de la Reine des Mers gelées".

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

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