vendredi 29 juillet 2016

Batman : "Année 100" (Panini Comics ; septembre 2007)

"Année 100" ("Year 100" en VO, 2006) est une histoire de Batman sortie chez Panini Comics en septembre 2007 et publiée dans leur collection DC Icons. Cette mini-série en quatre chapitres peut être lue indépendamment de la continuité ; c'est un "Elseworld", une histoire alternative de Batman en-dehors de son univers canonique.
"Année 100" a été entièrement écrit et illustré par l'Américain Paul Pope, auteur confirmé de bande dessinée indépendante. Ses planches ont été mises en couleur par l'Espagnol José Villarrubia.

2039. Batman, légèrement blessé, est poursuivi par des molosses enragés sur les toits de Gotham City. Réussissant un saut de près de huit mètres et laissant ainsi les chiens derrière lui, il pense être à l'abri, mais les navettes de l'agence fédérale du FPC font débarquer leur escouade d'agents d'intervention, les Gotham Panthers. Batman trouve refuge dans un appartement crasseux et délabré dont le seul occupant est un jeune garçon qui semble muet. Les policiers commencent à questionner le gamin avant d'être distraits par un appel radio et de repartir, n'ayant pas vu Batman qui se cachait derrière la porte. Après que le jeune garçon lui a offert une figurine de Superman, Batman sort et reprend sa cavale.
À Washington DC, les analystes du FPC étudient les vidéos de la tentative d'arrestation. Les forces de l'ordre sont à la poursuite de Batman, suspect principal dans la mort d'un agent fédéral assassiné dans le métro de Gotham City. Un analyste obtient une image relativement nette de Batman. Furieux, l'agent principal, Pravdzka, rétorque que Batman n'est qu’une légende urbaine lorsqu'on l'informe que les Gotham Panthers viennent d'appréhender le suspect. Mais Batman, après avoir assommé l'un d'eux, saute dans le vide. Les Gotham Panthers descendent au rez-de-chaussée, rétablissent la vidéo et relancent la traque. Depuis leur sombre bureau de Washington DC, Pravdzka et ses analystes vont être témoins, en direct, de la raclée que Batman va infliger à leurs hommes, faisant ainsi d'une prétendue légende urbaine une réalité bien tangible...

Pope transpose le concept de Batman dans un futur relativement proche. Une catastrophe mondiale passée (une guerre ?) est très vaguement évoquée. L'auteur nourrit son scénario de nombreux détails afin de faire comprendre que cette société-là écrase l'être humain, entre surpopulation, promiscuité, absence d'intimité et utilisation intensive de l'informatique. Le pays est devenu un état quasi policier : le Capitole est entouré d'une enceinte de barbelés et les troupes fédérales d'intervention semblent disposer de vastes pouvoirs. Gotham City est une ville plus glauque que jamais, aux ruelles sombres, désertes et inquiétantes, à peine éclairées de néons commerciaux et survolée non plus par les dirigeables de la police, mais par les navettes des forces de l'ordre fédérales. Les agents fédéraux s'y comportent en terrain conquis. Ils ont l'ascendant hiérarchique sur la police locale, dont ils méprisent ouvertement les agents.
Le Batman de Pope est athlétique, en pleine possession de ses moyens ; il dispose d'une panoplie d'accessoires moins riche que celle de son prédécesseur. Il travaille avec un assistant (Robin, non costumé), et un médecin et sa fille. Le lecteur n'apprend pas grand-chose sur lui ; le mystère reste entier. Pope utilise d'ailleurs souvent le non-dit ; c'est intrigant et frustrant, dans la mesure où plusieurs concepts ne sont pas développés (l'Ahmbra). De plus, l'auteur, lors de conversations impliquant plusieurs personnages, n'écrit souvent que des fragments de phrases, une méthode dont il abuse.
Le style graphique de l'artiste, sa science du mouvement et l'incroyable dynamisme qui ressort de ses planches, notamment lors des scènes de combat, sont épatants. Cependant, cela rend le détail de certaines cases et le découpage de l'action difficiles à saisir. Les illustrations de Pope regorgent néanmoins d'idées (le visage de Bruce Wayne, jamais entièrement découvert, ou ce parallèle entre mécanique et chirurgie).

Dans l'ensemble, Thomas Davier réalise une traduction relativement solide, bien que le texte compte une faute de français et que la forme négative soit souvent omise.

"Année 100", réédité par Urban Comics en juin 2016, est une très bonne histoire de Batman, qui prouve que le personnage et son mythe sont immortels et se déclineront encore longtemps. "Year 100" a valu à Pope le prix Eisner de la meilleure série 2007.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz
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2 commentaires:

  1. Présence19 août

    Pour le coup, cette histoire de Batman ne m'avait pas enchanté. Paul Pope m'avait donné l'impression de vouloir raconter que Batman est l'incarnation d'une idée, celle de l'individu redressant les torts, d'une justice citoyenne. Mais à contre courant de ce point de vue, il montre un homme bien réel se heurtant à ses limites physiques, tout en disposant de ressources infinies. Les scènes d'action sont remarquables de vitalité, mais l'enjeu est inexistant puisque rien ne peut arrêter une idée. J'ai été incapable d'éprouver de l'empathie pour cet individu réduit à l'état d'idée, et je n'ai pas vu l'intérêt des les découvertes relatives de Gordon sur le passé de Batman qui ne servent en rien l'histoire. Paul Pope m'a donné l'impression de jouer avec les ressorts d'un récit d'aventure avec un superhéros, sans jamais qu'un personnage ne s'incarne.

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    1. Intéressant.
      J'y ai vu une volonté de montrer que le mythe de Batman est intemporel, éternel.
      Je regrette un manque de clarté dans le découpage et, surtout, des dialogues parfois sibyllins.

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