"Année 100" ("Year 100" en VO, 2006) est
une histoire de Batman sortie chez Panini Comics en septembre 2007 et publiée
dans leur collection DC Icons. Cette mini-série en quatre chapitres peut être
lue indépendamment de la continuité ; c'est un "Elseworld", une
histoire alternative de Batman en-dehors de son univers canonique.
"Année 100" a été entièrement écrit et illustré
par l'Américain Paul Pope, auteur confirmé de bande dessinée indépendante. Ses planches ont été mises en couleur par
l'Espagnol José Villarrubia.
2039. Batman, légèrement blessé, est poursuivi par des
molosses enragés sur les toits de Gotham City. Réussissant un saut
de près de huit mètres et laissant ainsi les chiens derrière lui, il pense être
à l'abri, mais les navettes de l'agence fédérale du FPC font débarquer leur escouade d'agents d'intervention, les Gotham
Panthers. Batman trouve refuge dans un
appartement crasseux et délabré dont le seul occupant est un jeune garçon qui
semble muet. Les policiers commencent à questionner le gamin avant d'être distraits
par un appel radio et de repartir, n'ayant pas vu Batman qui se cachait
derrière la porte. Après que le jeune garçon lui a offert une figurine de
Superman, Batman sort et reprend sa cavale.
À Washington DC, les analystes du FPC
étudient les vidéos de la tentative d'arrestation. Les
forces de l'ordre sont à la poursuite de Batman, suspect principal dans la mort d'un agent fédéral assassiné dans le métro de
Gotham City. Un analyste obtient une image relativement nette de Batman. Furieux, l'agent principal, Pravdzka, rétorque que Batman n'est qu’une légende urbaine lorsqu'on l'informe que les Gotham Panthers viennent d'appréhender le suspect. Mais
Batman, après avoir assommé l'un d'eux, saute dans le vide. Les Gotham Panthers
descendent au rez-de-chaussée, rétablissent la vidéo et relancent la
traque. Depuis leur sombre bureau de Washington DC, Pravdzka et ses
analystes vont être témoins, en direct, de la raclée que Batman va
infliger à leurs hommes, faisant ainsi d'une prétendue légende urbaine une réalité
bien tangible...
Pope transpose le concept de Batman dans un futur
relativement proche. Une catastrophe mondiale passée (une guerre ?) est très
vaguement évoquée. L'auteur nourrit son scénario de nombreux détails afin de faire comprendre que cette société-là écrase l'être humain, entre
surpopulation, promiscuité, absence d'intimité et utilisation intensive
de l'informatique. Le pays
est devenu un état quasi policier : le Capitole est entouré d'une
enceinte de barbelés et les troupes fédérales d'intervention semblent disposer
de vastes pouvoirs. Gotham City est une ville plus glauque que jamais, aux
ruelles sombres, désertes et inquiétantes, à peine éclairées de néons
commerciaux et survolée non plus par les dirigeables de la police, mais par les
navettes des forces de l'ordre fédérales. Les agents fédéraux s'y comportent en terrain conquis. Ils ont l'ascendant hiérarchique sur la
police locale, dont ils méprisent ouvertement les agents.
Le Batman de Pope est athlétique, en
pleine possession de ses moyens ; il dispose
d'une panoplie d'accessoires moins riche que celle de son prédécesseur. Il travaille avec un assistant (Robin, non costumé), et un
médecin et sa fille. Le lecteur n'apprend pas grand-chose sur lui ; le mystère reste entier. Pope utilise d'ailleurs souvent le
non-dit ; c'est intrigant et frustrant, dans la mesure où
plusieurs concepts ne sont pas développés (l'Ahmbra). De plus, l'auteur, lors de conversations impliquant plusieurs personnages, n'écrit souvent que des fragments de
phrases, une
méthode dont il abuse.
Le style graphique de l'artiste, sa science du mouvement et l'incroyable
dynamisme qui ressort de ses planches, notamment lors des scènes de combat, sont épatants.
Cependant, cela rend le détail de
certaines cases et le découpage de l'action difficiles à saisir. Les
illustrations de Pope regorgent néanmoins d'idées (le visage de Bruce
Wayne, jamais entièrement découvert, ou ce parallèle entre mécanique et chirurgie).
Dans l'ensemble, Thomas Davier réalise une traduction relativement solide, bien que le texte compte une faute de français et que la forme négative soit souvent omise.
"Année 100", réédité par Urban Comics en juin 2016, est une très bonne histoire de Batman, qui prouve que le personnage et
son mythe sont immortels et se déclineront encore longtemps. "Year 100" a valu à Pope le prix Eisner de la
meilleure série 2007.
Mon verdict : ★★★★☆
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Pour le coup, cette histoire de Batman ne m'avait pas enchanté. Paul Pope m'avait donné l'impression de vouloir raconter que Batman est l'incarnation d'une idée, celle de l'individu redressant les torts, d'une justice citoyenne. Mais à contre courant de ce point de vue, il montre un homme bien réel se heurtant à ses limites physiques, tout en disposant de ressources infinies. Les scènes d'action sont remarquables de vitalité, mais l'enjeu est inexistant puisque rien ne peut arrêter une idée. J'ai été incapable d'éprouver de l'empathie pour cet individu réduit à l'état d'idée, et je n'ai pas vu l'intérêt des les découvertes relatives de Gordon sur le passé de Batman qui ne servent en rien l'histoire. Paul Pope m'a donné l'impression de jouer avec les ressorts d'un récit d'aventure avec un superhéros, sans jamais qu'un personnage ne s'incarne.
RépondreSupprimerIntéressant.
SupprimerJ'y ai vu une volonté de montrer que le mythe de Batman est intemporel, éternel.
Je regrette un manque de clarté dans le découpage et, surtout, des dialogues parfois sibyllins.