mercredi 27 juillet 2016

Superman : "Droit du sang" (Panini Comics ; août 2007)

"Droit du sang" est un album cartonné de deux cent soixante-dix planches sorti dans la collection DC Anthologie de Panini Comics en août 2007. En VO, cette histoire est parue sous le titre "Birthright", une série limitée en douze épisodes publiés entre septembre 2003 et septembre 2004 et intégralement reprise ici.
C'est Mark Waid qui a conçu et écrit le scénario de "Droit du sang". Waid est connu, entre autres, pour avoir été scénariste de "Kingdom Come" (1996, avec Alex Ross) et pour avoir longtemps travaillé sur la série "The Flash" (entre 1991 et 1999) ainsi que sur "Justice League" (voir notamment "Heaven's Ladder", 2000). Les dessins ont été réalisés par le Philippin Leinil Francis Yu, qui est peut-être davantage connu des lecteurs de Marvel (il a dessiné "Wolverine" entre 1997 et 1999) que de ceux de DC Comics ; "Birthright" est d'ailleurs son seul travail "majeur" pour DC Comics.

La planète Krypton est en train de vivre ses dernières instants. Jor-El programme des simulations de voyages spatiaux, mais toutes échouent. Son épouse Lara a programmé l'ordinateur d'une petite navette spatiale afin qu'il cherche un monde où Kal, leur nourrisson, pourra survivre. Les époux, résignés, se remémorent les réalisations de la civilisation kryptonienne avec mélancolie. Lorsque la terre se met à trembler, Jor et Lara comprennent que le moment est venu de se séparer de leur enfant. Dans une tentative désespérée, Jor élargit les paramètres de recherche de l'ordinateur de bord de la navette, qui trouve enfin un résultat : un monde lointain, éclairé et chauffé par une étoile jaune. Le bambin est plongé dans un sommeil paradoxal et décolle dans la capsule sous les yeux de ses parents tandis que Jor lui demande pardon.
Vingt-cinq ans plus tard, en Afrique de l'Ouest. Clark Kent réalise un reportage sur un dissident qui veut mettre fin à la politique discriminatoire du régime. Il prend fait et cause pour ce combat, qui va le marquer. Rentrant ensuite au pays après sept années, il explique à ses parents adoptifs qu'il est temps pour lui d'en faire plus...

Près de vingt ans après le "Man of Steel" de John Byrne, "Droit du sang" remet à jours les origines de Superman. Waid concentre deux chapitres sur les éléments qui amènent Kal-El à prendre la décision de devenir un super-héros, ce qui signifie que l'enfance du jeune homme et son adolescence sont occultées, même si les premières années de Kal-El prennent forme grâce aux souvenirs de Jonathan Kent. Waid dépoussière le personnage ainsi que ses parents adoptifs, bien que Jonathan Kent reste plus ou moins égal à lui-même. Kal-El est un apprenti-journaliste engagé et soucieux des problèmes du monde. Ses relations avec ses parents - surtout avec son père - ne sont pas sans ombre et s'éloignent de l'habituelle image d’Épinal. Il faut noter la qualité des dialogues ainsi que les caractérisations pleines de justesse des principaux personnages. Notons l'important travail sur Lex Luthor et sur l'adolescence de celui-ci.
Yu définit son style comme "pseudo-réalisme dynamique". Certains traits présentent de vagues similitudes avec ceux de Dustin Nguyen ou de Mike Mignola. L'univers de krypton tel que dessiné par l'artiste dans les premières pages de cet album laisse entrevoir une influence (ou en tout cas une connaissance) des travaux de Jean Giraud ou de Juan Giménez. Yu trouve la physionomie parfaite pour chacun des protagonistes et ne néglige par leur expressivité ; son Superman crève l'écran, son Lex Luthor, avec sa part d'ombre quasi palpable (un rendu créé par une importante utilisation du noir), est franchement impressionnant, et sa Lois Lane est craquante. Le soin que l'artiste apporte à chaque case est évident et son sens du détail est franchement remarquable. Son découpage est dynamique et moderne, sans pour autant sacrifier à la lisibilité de l'ensemble. Cet album comprend de nombreuses cases vraiment magnifiques.

La traduction de Nicole Duclos est solide, malgré quelques fautes ("alien" n'est pas un adjectif, etc.). Panini Comics ont regroupé les couvertures originales en fin de volume ; les intercaler entre les différents chapitres aurait permis de rendre la lecture plus digeste.

Bien qu'un peu long, surtout à la fin, "Droit du sang" revient brillamment sur les débuts de "Superman". Les remarquables illustrations de Yu sont la grande réussite de cet album. Urban Comics ont réédité "Birthright" sous le titre "Les Origines" en janvier 2013.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz
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2 commentaires:

  1. Présence19 août

    J'ai longtemps boudé cette version des origines de Superman, préférant rester sur celle de John Byrne. Cette énième version respecte le canon du personnage (et reprend la majeure partie des modifications apportées par Byrne en 1986, à commencer par Ma & Pa Kent toujours en vie), tout en opérant une volte-face concernant la personnalité du héros (= en faisant de Superman, la vraie personnalité, et de Clark Kent le déguisement), à l'opposé de l'idée de Byrne, ce qui constituait un retour en arrière, une vision pré-Crisis. Mon autre réticence vis-à-vis de cette version est imputable aux responsables éditoriaux qui lui ont donné une durée de validité très courte, avec la révision opérée par Geoff Johns quelques années plus tard. Du coup, je n'ai été convaincu ni par l'interprétation de Waid, ni par sa mise à jour caduque en peu d'années. Mais ça reste sympathique à lire.

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    Réponses
    1. Cette histoire reste ma première lecture des origines de Superman - j'ai découvert DC Comics sur le tard. Je ne lui reproche que quelques longueurs à la fin. Avec le recul, je trouve qu'elle est un poil en dessous de celles de Byrne et Johns mais que cette version de Clark Kent mérite la lecture.

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