"Le Cavalier perdu" est le quatrième tome de la série "Blueberry". Cet album est sorti en janvier 1968. C'est le quatrième des cinq tomes de ce qui a été appelé le "Cycle des premières guerres indiennes" par l'éditeur et qui s'étale sur un peu plus de trois années de publication (jusqu'en 1969). Du point de vue de la chronologie de la série, l'intrigue narrée ici se déroule en 1867 ou 1868, un an ou deux après la fin de la guerre de Sécession.
"Blueberry" (précédemment "Lieutenant Blueberry") est une série créée par le scénariste Jean-Michel Charlier (1924-1989) et par le dessinateur Jean Giraud alias Gir ou Mœbius (1938-2012).
À l'issue du troisième tome, Blueberry, malgré l'adversité, réussit à mener le convoi de munitions à Camp David. Mais Quanah-n'a-qu'un-Œil parvient à s'infiltrer à l'intérieur du camp. Le lieutenant se présente au général Crook, lui révèle que ce sont les Mescaleros qui sont à l'origine de la guerre et tente de le convaincre qu'il reste une chance de mettre fin au conflit en négociant avec Cochise. Blueberry se porte volontaire pour aller négocier avec Cochise, mais Crook répond qu'il lui faut l'accord du président des États-Unis. C'est au tour de Craig de se porter volontaire pour se rendre à la station de télégraphe la plus proche envoyer un câble à Washington DC. Craig dispose de dix jours ; le temps presse, d'autant que les trois officiers réalisent que Quanah-n'a-qu'un-Œil a surpris leur conversation.
"Le Cavalier perdu" démarre alors que Blueberry et Miss Dickson commencent à s'inquiéter pour le lieutenant Craig. Le frère d'armes de Blueberry est parti il y a presque dix jours. L'échéance fixée par le général Crook, le jour-même à minuit, approche ; il ne reste à Craig que quelques heures pour revenir.
Celui-ci se trouve justement à moins d'une journée de cheval de Camp Bowie, tout près du but. Sa situation est critique : il est poursuivi par une demi-douzaine d'Apaches. Craig se défend comme un beau diable, mais il est rapidement à court de munitions et son cheval est fourbu. L'un des Indiens fait chuter sa monture à l'aide d'un bolas et Craig en est éjecté. L'un des guerriers se rue sur le soldat pour le scalper, mais il est arrêté par le chef de l'escouade, qui n'est autre que Quanah-n'a-qu'un-Œil, alias Aigle solitaire. Aigle solitaire veut des informations ; il fouille un Craig encore étourdi et met la main sur la réponse de Washington DC, mais le message est chiffré. Craig tente de lui expliquer que même lui ne peut déchiffrer le télégramme, mais l'Apache refuse de le croire. Les Indiens vont soumettre Craig à la torture afin de lui faire cracher le morceau. Ils l'attachent à des cordes fixées à des pieux enfoncés dans le sol et l'exposent au soleil brûlant, à la chaleur et à la soif...
Ce quatrième tome est important, car c'est celui dans lequel est créé le personnage du prospecteur d'argent Jim Mac Clure. Haut en couleur, peu porté sur l'hygiène personnelle, buveur invétéré et pas héroïque pour un sou bien que risquant sans cesse sa vie pour - ou à cause de - Blueberry, Mac Clure est bien connu des Apaches et, surtout, il connaît l'Ouest comme personne. "Le Cavalier perdu" va conter la première mission commune de Blueberry et Mac Clure ; ce dernier va dorénavant partager la quasi-totalité des aventures du lieutenant. Ce personnage permet également à Charlier de distiller davantage d'humour dans un environnement de tragédie et de tension permanentes. Parmi les autres nouveaux personnages figurent les Jayhawkers, des rebelles confédérés ayant refusé de déposer les armes ; les relations entre Blueberry et leur leader, Kimball, vont être particulièrement difficiles. Ici encore, Charlier conçoit un scénario d'une efficacité redoutable. Il prend soin de ne pas confiner ses intrigues dans un espace géographique "réduit" en les faisant passer par le Mexique.
Le style graphique de Giraud continue à s'affiner, bien qu'il soit encore loin du niveau de finition exemplaire qui le caractérisera. Toutes les cases ne sont pas illustrées avec la même réussite. L'encrage de certains visages est trop gras, mais il est impossible de ne pas s'extasier sur les scènes de guérilla qui se déroulent dans le village mexicain de Salinas, dans les toutes dernières pages. Jijé a participé aux dessins.
"Le Cavalier perdu" offre à Blueberry un compagnon d'aventures durable en la personne de Jim Mac Ils devront déjouer les plans de Quanah-n'a-qu'un-Œil afin de laisser une chance aux pourparlers. La fin du cycle est contée dans "La Piste des Navajos".
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
L'arrivée de Jim Mac Clure : j'ai lu des albums où il était présent. Le compagnon du héros : un rôle indispensable pour que le héros puisse dialoguer naturellement avec une autre personne.
RépondreSupprimerLe style graphique de Giraud continue à s'affiner : je suis ce feuilleton sur la progression du dessinateur, avec curiosité.
La mention de Jijé m'a incité à aller consulter la page wikipedia : je ne situais pas bien son époque, et je n'avais pas idée de son importance dans l'histoire de la bande dessinée franco-belge. Je me demande si tu as prévu de lire un ou deux tomes de Jerry Spring.
Bien vu ! Oui, j'ai en effet prévu de lire "Jerry Spring". Un ou deux tomes ; mais peut-être plus, au risque de retomber dans le "piège" d'une série-fleuve, car elle compte quand même vingt-deux tomes. Jijé est mort avant la réalisation du dernier tome, qui a été dessiné par un autre artiste, Franz.
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