"La Piste des Navajos" est le cinquième tome de la série "Blueberry". Cet album est sorti en janvier 1969. C'est le dernier des cinq tomes de ce qui a été appelé le "Cycle des premières guerres indiennes" par l'éditeur et qui s'étale sur un peu plus de trois années de publication (septembre 1965 à janvier 1969). Du point de vue de la chronologie de la série, l'intrigue narrée ici se déroule en 1868, trois ans après la fin de la guerre de Sécession.
"Blueberry" (précédemment "Lieutenant Blueberry") est une série créée par le scénariste Jean-Michel Charlier (1924-1989) et par le dessinateur Jean Giraud alias Gir ou Mœbius (1938-2012).
À l'issue du quatrième tome, Blueberry, Crowe et Mac Clure sont en route vers le Mexique, traversent le Rio Grande et arrivent en vue du petit village de Salinas. Blueberry y tombe sur Finlay et ses Jayhawkers, des rebelles confédérés ayant refusé de se rendre. Ces derniers dépouillent Blueberry et ses amis avant de quitter Salinas. Au même moment, le gouverneur Armendariz (accompagné de Quanah-n'a-qu'un-Œil) et ses troupes entrent dans le village et les font prisonniers. Le gouverneur ordonne que Blueberry et ses compagnons soient pendus séance tenante. Crowe réussit néanmoins à s'enfuir et galope à la poursuite de Finlay, qu'il parvient à convaincre de faire demi-tour pour sauver Blueberry et Mac Clure. Finlay accepte et la charge des Jayhawkers permet à Blueberry et Mac Clure de se tirer d'affaire.
"La Piste des Navajos" démarre en mai 1868, alors que les tribus apaches sont réunies dans la Sierra Madre. Les chefs participent à un conseil organisé par Cochise. Plusieurs d'entre eux se plaignent du manque de vivres et nombreux sont ceux qui veulent repartir vers le nord. Mais Cochise craint l'encerclement par les tuniques bleues et estime que fusils et munitions sont prioritaires ; il est donc préférable d'attendre que les Mexicains, en plus de nourriture, leur fournissent des armes à feu. Quelques chefs sont dubitatifs ; n'ont-ils pas déjà suffisamment attendu ? Ils se mettent néanmoins d'accord pour attendre cinq jours de plus et Cochise envoie un messager demander aux Mexicains de se hâter.
Blueberry, Crowe et Mac Clure se rapprochent du camp apache. Les soldats d'Armendariz semblent avoir perdu leur piste... à moins qu'ils ne les attendent au camp de Cochise. Crowe propose de partir seul demander audience à Cochise pour Blueberry...
Blueberry, Crowe et Mac Clure se rapprochent du camp apache. Les soldats d'Armendariz semblent avoir perdu leur piste... à moins qu'ils ne les attendent au camp de Cochise. Crowe propose de partir seul demander audience à Cochise pour Blueberry...
Charlier conclut ce premier cycle - et ces cinq premiers albums - avec maestria, dans un déluge d'action, de suspense haletant et de rebondissements. Comme précédemment, il n'y a ici ni temps mort, ni longueur ; le lecteur ne peut que retenir son souffle devant les incroyables péripéties de Blueberry et de Mac Clure. L'implacable désir de vengeance du lieutenant au nez cassé pourra surprendre plus d'un lecteur ; après tout, il n'hésite pas à scalper le cadavre de Quanah-n'a-qu'un-Œil pour le déposer sur la tombe du lieutenant Crowe, comme il en avait fait le serment. Charlier n'hésite donc pas à développer une certaine part d'ombre et de violence vengeresse chez son héros et prend ainsi soin d'éviter une caractérisation trop lisse.
C'est dans ce cinquième tome que le style graphique de Giraud montre des signes évidents de progrès, bien que l'artiste soit encore loin du sommet de son art ; les postures des personnages sont moins rigides, plus naturelles, et la qualité et la finesse de l'encrage sont plus régulières. Notons plus particulièrement l'ensemble de scènes nocturnes se déroulant dans le cadre de la mine de San Feliu : un travail magistral.
"La Piste des Navajos" est sans aucun doute le meilleur et le plus aboutis des cinq premiers tomes. C'est donc sur ce dernier volume que se clôt le "Cycle des premières guerres indiennes", le premier de la série. Blueberry s'y fait un nom, s'y construit une réputation et y montre l'étendue de ses capacités. Émerge ainsi un personnage fort en gueule, qui se bat pour ses idées sans se soumettre à sa hiérarchie, qui montre du courage, un tempérament de leader, qui ne renonce jamais et sait se montrer impitoyable lorsqu'il le faut. Blueberry va se faire des amis fidèles, nouer des alliances contre-nature et affronter des ennemis sacrément coriaces. Surtout, ses créateurs vont lui faire vivre une incroyable saga dans laquelle il va jouer un rôle majeur ; après tout, il va quand même mettre fin à un conflit entre Apaches et pionniers - rien que ça. La série continue avec le sixième tome, "L'Homme à l'étoile d'argent" (1970).
C'est le dernier des cinq tomes de ce qui a été appelé le Cycle des premières guerres indiennes : ça ramène à mon esprit la question de savoir si le scénariste avec un plan de principe pour ces 5 albums, ou s'il a construit au fur et à mesure. Au vu de ce que tu décris, je pencherais pour la 1ère hypothèse, suivre la trame des guerres indiennes.
RépondreSupprimerLe style graphique de Moebius (lapsus dans le texte) montre des signes évidents de progrès : en 1 an (depuis le tome précédent), l'artiste a donc dû bien bosser pour progresser dans sa conception et son appréhension de la narration visuelle. Une volonté de d'aller de l'avant, peut-être avec les conseils d'autres artistes ou en s'inspirant de prédécesseurs.
Émerge ainsi un personnage fort en gueule, qui se bat pour ses idées sans se soumettre à sa hiérarchie, qui montre du courage, un tempérament de leader, qui ne renonce jamais et sait se montrer impitoyable lorsqu'il le faut : intéressant de voir un caractère se dessiner, pas juste tout gentil.
Il va quand même mettre fin à un conflit entre Apaches et pionniers - rien que ça ! Et dire que les manuels d'Histoire n'ont pas retenu son nom... :)
Concernant ta première question, je ne peux pas y répondre. Pour ça, il aurait fallu connaître la façon de travailler de Charlier ou des scénaristes qui composent des cycles (idem avec Van Hamme et "Thorgal"). Je pense qu'il savait pertinemment que son arc allait couvrir plusieurs albums, sans peut-être forcément savoir au départ combien il y en aurait.
SupprimerMerci pour la boulette ! C'est corrigé.
"Les manuels d'histoire" : Excellent 😂 !