mardi 29 novembre 2016

Maggy Garrisson (tome 3) : "Je ne voulais pas que ça finisse comme ça" (Dupuis ; août 2016)

"Je ne voulais pas que ça finisse comme ça", sorti en 2016, est le troisième tome de la série "Maggy Garrisson", créée par Laurent Chabosy, alias Lewis Trondheim ("Donjon", "Ralph Azham" ou "Texas Cowboys") et Stéphane Oiry ("La Nouvelle Bande des Pieds nickelés"). Ce volume clôt le premier cycle de la série.
Trondheim a écrit le scénario de cet album de quarante-six planches. Oiry en a réalisé toutes les illustrations, l'encrage, ainsi que la mise en couleur ; il signe également la couverture.
La deuxième de couverture et la première page sont ornées d'un plan de la ville de Londres (donc en double page), sur lequel se détache la silhouette de Maggy Garrisson, en train de fumer.

À l'issue du tome précédent, Maggie et Alex comprennent que Sheena les a démasqués après avoir consulté les enregistrements de la vidéosurveillance du Brighton Pier. Devant le chantage et les menaces d'Alex, la policière ripou n'a d'autre choix que de s'avouer temporairement vaincue, mais va rapidement préparer sa revanche. Wight résout l'affaire des bijoux volés et Maggy participe à l'arrestation des cambrioleurs.
C'est dimanche matin ; il pleut. Alex et Maggy roulent en direction d'Ipswich, à une bonne centaine de kilomètres au nord-est de Londres. Ils arrivent dans une zone industrielle avec plusieurs rangées de conteneurs. Alex a rendez-vous avec Ashley, une connaissance. Ashley est policier, sans en avoir ni l'allure ni la tête de l'emploi ; il affiche un certain embonpoint, a le crâne rasé et porte un survêtement Sergio Tacchini. Les présentations faites, Ashley explique à Maggy que les conteneurs dont les mensualités ne sont plus payées sont vendus lors d'enchères tenues sur place. La particularité de ces enchères et que les participants n'ont pas le droit d'examiner le contenu des conteneurs ; il y a donc un risque d'enchérir sur du matériel sans valeur. Ce matin, Ashley vient de procéder à l'acquisition d'un conteneur ; il espère rentrer dans ses frais. Parmi ses trouvailles, un pistolet automatique Browning. À la surprise de Maggy, Ashley propose l'arme à Alex, qui la lui rachète pour quatre-vingts livres sterling. Maggy, fouinant un peu, met la main sur un album photo. Après une courte négociation, elle parvient à un accord avec Ashley ; si elle retrouve les propriétaires de l'album, ils partageront l'éventuelle récompense ; une enquête qui risque d'être ardue, car les noms des ex-propriétaires des conteneurs ne sont pas divulgués. Sur le chemin du retour, Maggy confie à Alex qu'elle ne se sent pas à l'aise à l'idée de le voir détenir une arme à feu. Alex lui répond que c'est pour elle qu'il a acheté l'arme ; il craint que Sheena ne revienne leur causer des ennuis et veut donc que Maggy puisse se défendre...

Des trois premiers tomes, celui-ci est le plus complexe. Maggy et Alex font face à une Sheena déterminée à récupérer le magot. Maggy et Wight enquêtent ensuite sur des macchabées dépouillés lors de leur crémation. Finalement, Maggy élucide une affaire de vol à la caisse et un meurtre commis il y a quinze ans. Ce tome est aussi le plus noir. Trondheim narre le lent, prudent épanouissement de la romance entre Maggy et Alex (visite à la grand-mère d'Alex, scènes de la vie quotidienne, etc.). Malgré quelques soucis (Alex est interrogé par la police, puis refuse une sale mission que lui confie son cousin), la première moitié de l'album flotte dans une agréable torpeur routinière. Le réveil est brutal, vicieux, inattendu ; Sheena contre-attaque (passons sur les talents de cascadeuse de Maggy). Puis vient la résolution, triste et tragique, de cette affaire vieille de quinze ans. Trondheim signe ici son intrigue la plus aboutie pour cette série. L'émotion est très (trop ?) maîtrisée et distillée à de petites doses. L'ambiance est toujours légèrement dépressive, malgré les quelques notes d'espoir.
Le travail d'Oiry est remarquable. La fausse simplicité qui se dégage de l'ensemble surprend, tout comme les contrastes d'ambiances (par exemple, grisaille du ciel londonien et atmosphère chaude du pub). Le travail sur les ombres, les lumières et la couleur est à noter. D'aucuns estimeront que les scènes d'action manquent de fluidité, de mouvement ; est-ce un effet voulu par l'artiste afin d'en renforcer l'impact ?

Trondheim et Oiry closent le premier cycle de leur série avec un troisième tome abouti. Dans l'ensemble, ce cycle aura été particulièrement équilibré au niveau de la qualité. Espérons que les deux auteurs parviendront à maintenir ce rythme pour la suite.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Bilan : 3 tomes à 4 étoiles.

    Ce tome est le plus complexe : en lisant ton article, je vois que le scénariste est parvenu à tisser une intrigue plus dense, sans rien sacrifier des émotions ou de la personnalité des protagonistes.

    La fausse simplicité des planches : je prends cette caractéristique comme une preuve du degré de maîtrise par le dessinateur de son art. Je suis allé consulter sa page wikipedia et je vois qu'il n'a fait que deux albums après cette trilogie, étant également enseignant et rédacteur en chef.

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    1. Un bon souvenir que cette trilogie. C'est vrai, oui, l'intrigue gagne en densité au fil des tomes.
      Je ne sais pas si Trondheim va reprendre sa série un jour.

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