mercredi 9 novembre 2016

XIII (tome 4) : "SPADS" (Dargaud ; janvier 1987)

"SPADS" est le quatrième tome de la série "XIII". Cet album cartonné de quarante-six planches est sorti aux éditions Dargaud en janvier 1987 ; c'est la suite de "Toutes les larmes de l'enfer".
La série a été créée par Jean Van Hamme (au scénario), incontournable scénariste de la bande dessinée franco-belge, coauteur de "Thorgal", "Lady S." ou "Largo Winch" - s'il ne faut citer que quelques-unes de ses œuvres - et William Vance (au dessin), illustrateur de séries importantes, telles que, entre autres, "Ringo", "Bob Morane" ou "Bruno Brazil". Assez curieusement, ces deux géants devaient au départ collaborer sur "Bruno Brazil". Vance est malheureusement atteint de la maladie de Parkinson ; il a dû se retirer il y a quelques années.

Dans le tome précédent, XIII est incarcéré dans le quartier général de haute surveillance de l'asile pénitentiaire de Plain Rock après avoir été condamné pour double meurtre (voir le second tome : "Là où va l'Indien..."). Après une tentative d'évasion ratée, XIII - faut-il dorénavant l'appeler Ross Tanner - manque de peu d'être envoyé ad patres par le docteur Ralph Berger, qui a été acheté par la Mangouste. Mais le lieutenant Jones a reçu pour ordre du général Carrington de s'infiltrer dans le pénitencier afin d'en extraire XIII. Après une sortie rocambolesque, Jones et Tanner réussissent à échapper à leurs poursuivants. XIII prend ensuite un repos mérité chez le général Carrington, qui lui propose de se refaire une santé ; il va se retrouver chez les SPADS (SPecial Assault & Destroying Sections).
Lorsque ce quatrième tome commence, les primaires en vue des prochaines élections présidentielles battent leur plein. La bataille électorale fait rage entre Joseph K. Galbrain, le vice-président de William Sheridan qui a été investi après l'assassinat de ce dernier, et Walter "Wally" Sheridan, le frère du défunt. Galbrain prône une politique conservatrice, tandis que le programme de Sheridan repose sur coopération et ouverture.
Pendant que ses hommes font exhumer un corps d'un cimetière afin de confirmer l'identité du cadavre et faire ainsi avancer l'enquête sur l'identité de XIII, le colonel Amos s'est rendu en Floride, accompagné par Nelson, un jeune agent. Amos et Nelson rendent visite à un homme, un présumé oncle de Tanner qu'ils ont retrouvé. L'homme leur ouvre, les fait entrer et patienter dans le salon avant de s'absenter pour leur préparer une boisson chaude. Amos, examinant une photographie de Tanner, flaire un piège. Il se précipite sur la porte, mais celle-ci est fermée à clé. Il saute par une fenêtre et tombe dans le marais en contrebas. Il échappe à l'explosion qui réduit la masure en cendres. L'agent Nelson ne réagit pas et périt dans la déflagration...

Malgré sa construction solide, le scénario de ce tome peut laisser perplexe. D'abord, la campagne pour les élections présidentielles émerge brusquement sans qu'il y ait été fait référence dans aucun des trois volumes précédents. La remise en forme de XIII est à peine évoquée, alors qu'elle aurait été intéressante ; au lieu de cela, on ne retrouve le personnage qu'à la fin de son stage d'entraînement. Cet album tome est néanmoins un tome charnière, pour quatre raisons. La première est que trois nouveaux personnages font leur apparition : le sergent Betty Barnowsky (inspirée de Shirley MacLaine), le colonel Mac Call et l'amiral Heideger (Henry Kissinger). La seconde est que XIII gagne une nouvelle identité : celle de Jason Fly. Ensuite, l'un des membres de la conspiration est démasqué par le colonel Amos. Enfin, le général Carrington va se décider à jouer cartes sur table avec Amos. La gestion de cette partie de l'intrigue laisse certainement à désirer ; elle est compacte, touffue, sans doute trop longue pour ce seul tome. On attendait également mieux de la conclusion.
Vance et la coloriste Petra réalisent ici un travail épatant, notamment lors des scènes de l'exercice des SPADS. Les planches sont superbes, avec les uniformes de ces soldats d'élite qui se fondent, sous la pluie battante, dans la végétation qui les entoure. Deux scènes révèlent le talent de Vance lorsqu'il s'agit de découper l'action ; la fusillade dans le cimetière et la lutte entre XIII et le sergent Quinn dans l'hélicoptère.

Malgré la qualité des dessins, ce quatrième tome est en deçà des précédents. Le cadre de départ (les SPADS) n'est pas assez exploité et n'est donc guère passionnant. La narration des révélations, condensée, aurait gagné à être répartie sur un tome de plus.

Mon verdict : ★★★☆☆

2 commentaires:

  1. Faut-il dorénavant l'appeler Ross Tanner ? Il me semble que je disposais pas assez de temps pour faire l'effort de mémoriser ces retournements de situation, fréquents… Je note d'ailleurs que XIII acquiert une nouvelle identité dans la foulée : Jason Fly. J'avais également été surpris par la forte similitude de la situation du personnage, avec celle de Jason Bourne, héros du roman La mémoire dans la peau (1980, The Bourne identity) de Robert Ludlum que j'avais lu peu de temps auparavant.

    La campagne pour les élections présidentielles émerge brusquement sans qu'il y ait été fait référence dans aucun des trois volumes précédents : peut-on supposer que le scénariste a visionné un film américain du type magouilles et petits arrangements en coulisse (par exemple Les trois jours du Condor, de Sydney Pollack), et que cela lui ait donné l'idée d'ouvrir son récit sur une intrigue supplémentaire ?

    Le travail de Vance & Petra : il faut que je refeuillète cette série car je suis visiblement passé à côté de la qualité de la narration visuelle. Je pense que je n'y prêtais pas la même attention qu'aujourd'hui.

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    1. "The Bourne Identity" est effectivement le terreau dont Van Hamme s'est inspiré pour développer sa saga :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/XIII_(bande_dessin%C3%A9e)#Ressemblances_et_inspirations

      J'ai trouvé cette sous-intrigue des élections présidentielles mal amenée. Je ne pense pas qu'elle soit entièrement opportuniste, car je veux croire que Van Hamme planifiait à l'avance.

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