lundi 26 décembre 2016

"The Avengers" : L'Intégrale 1970 (Panini Comics ; avril 2012)

Le septième tome de cette intégrale que Panini Comics consacrent aux Vengeurs comprend les douze numéros de la série régulière "Avengers" de l'année 1970, du #72 de janvier au #83 de décembre. Chaque numéro comptant une vingtaine de planches, cet épais volume en comprend donc environ deux cent quarante.
Roy Thomas écrit les scénarios. John Buscema (1927-2002) en dessine neuf sur les douze ; son frère Sal se charge des #72 et #78, et Frank Giacoia (1924-1988) du #73. Le travail d'encrage et de finition est réalisé en majeure partie par Tom Palmer (dix numéros) ; Sam Grainger (1930-1990) récupère les deux restants.
C'est, à ce jour, la seule édition de ce tome ; l'intégrale est en cours de réédition, au compte-gouttes. La couverture (signée John Buscema et Tom Palmer) est adaptée de celle du #82 (novembre).

À l'issue du tome précédent, la Vision rejoignait le groupe, les Vengeurs se découvraient un nouvel ennemi de taille en la personne d'Ultron et Pourpoint Jaune parvenait à séduire la Guêpe. Dans ces pages-ci, les Vengeurs affrontent les Chevaliers du Zodiaque, luttent contre la Secte du Serpent, secourent la Sorcière Rouge, enlevée par l'Impérion Arkon le Magnifique, frayent avec un promoteur peu amène, retrouvent la Légion fatale, rencontrent Red Wolf et lui viennent en aide, délivrent l'île de Manhattan des envahisseurs et déjouent les plans de vengeance de l'Enchanteresse.

1970, c'est la transition entre Âge d'argent et Âge de bronze. Ce n'est pas un hasard si cette évolution coïncide avec l'arrivée de thèmes sociaux dans la série. En 1966, les Vengeurs avaient déjà eu maille à partir avec l'organisation des Fils du Serpent, un groupuscule créé par une puissance étrangère communiste promouvant un discours raciste et xénophobe afin de semer la pagaille au sein de la population américaine ; ici, la Secte du Serpent revient. Parmi les autres thèmes, Thomas évoque (en toile de fond) les laissés pour compte, donc la Panthère Noire va s'occuper en devenant enseignant. Les Vengeurs viennent aussi en aide à Red Wolf, un justicier masqué amérindien qui lutte contre l'appropriation illégale des terres par Van Lunt, un promoteur méprisable et sans le moindre scrupule. Enfin, la cause féminine est évoquée avec humour dans le dernier numéro de l'année. Parmi les autres adversaires des Vengeurs, la palme revient aux décalés et ridicules "Chevaliers du Zodiaque" (le traducteur a dû se marrer). Bien que les conflits de personnalités semblent appartenir au passé, le quotidien de l'équipe ne serait rien sans quelques tensions internes. Henry et Janet Pym, alias le "Pourpoint Jaune" ("Yellowjacket") et la Guêpe, partent pour un long voyage et Vision, mal dans sa peau d'androïde, quitte l'équipe pour la retrouver aussi vite, car c'est dans ces épisodes que germent les racines de son idylle avec Wanda, la Sorcière Rouge. Les dialogues sont nettement plus travaillés que précédemment (la traduction y est sans doute pour beaucoup) et il y a de beaux efforts de caractérisation : Vif-Argent est une réussite (l'impatience propre au personnage est retranscrite avec réussite), tandis que la Vision est plus marmoréenne que jamais. Bien que l'arc avec Arkon soit un bijou, les autres scénarios ne sont pas les meilleurs de la franchise, mais il s'en dégage une atmosphère spéciale, un ton plus mûr, plus sombre.
Les planches de John Buscema sont splendides ; il n'a jamais aussi bien illustré les personnages féminins que dans ces pages, notamment dans le dernier numéro, qui voit apparaître la Veuve Noire dans son nouveau costume si seyant (créé la même année par Stan Lee et John Romita Sr dans "The Amazing Spider-Man" #86). Sans se hisser au niveau de son frère, Sal Buscema ne démérite pas, comme le prouve son fabuleux travail sur le #78. Les visages des personnages représentés par les deux frères sont expressifs, mais John varie davantage les physionomies des personnages secondaires.

La traduction a été réalisée par Jérôme Wicky, qui succède donc à Geneviève Coulomb. La transition est bienvenue et il est clair que personne ne regrettera le travail de Coulomb. Wicky réalise un bon travail (passons sur une onomatopée non traduite).

Les épisodes de 1970 sont, jusqu'ici, parmi les meilleurs de la franchise, grâce de bonnes caractérisations, un John Buscema en grande forme et - facteur à ne pas négliger - un traducteur sérieux qui respecte l'œuvre en la personne de Jérôme Wicky.

Mon verdict : ★★★★☆

2 commentaires:

  1. 2ème tome à être noté 4 étoiles : visiblement Roy Thomas a trouvé ses marques.

    Les chevaliers du Zodiaque (le traducteur a dû se marrer) : c'est la réflexion que je me suis faîte en voyant leur dénomination en VF dans ton article. Je n'avais jamais réalisé la traduction dans mon esprit.

    La Panthère Noire va s'occuper en devenant enseignant : je me souviens de cet épisode, et de cette décision qui détonnait dans la série, à la fois pour un roi, à la fois pour la préoccupation très pragmatiques de T'Challa par contraste avec les ennemis des Avengers.

    Les dialogues sont nettement plus travaillés que précédemment (la traduction y est sans doute pour beaucoup) : c'est aussi une des raisons qui m'a poussé à lire en VO. Inconsciemment, je ressentais bien que le même épisode en VO et VF n'avait pas exactement la même saveur.

    John Buscema n'a jamais aussi bien illustré les personnages féminins que dans ces pages : le célèbre épisodes 83 resté dans les annales comme exemple d'intégration pataude du MLF, écrit par des hommes.

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  2. Ah, la VO : je n'ai jamais su m'y faire. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Je crois que le fait de devoir parler anglais dans le cadre professionnel me suffit amplement. Peut-être que si je trouves une chouette réédition, qui sait. En attendant, c'est étonnant la différence que peut faire un bon traducteur, surtout quand tu as connu les textes fantaisistes ; ça change tout.

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