dimanche 5 février 2017

Batman : "La Résurrection de Ra's Al-Ghul" (Panini Comics ; mars 2009)

"La Résurrection de Ra's Al-Ghul" est un album (à couverture flexible) d'un peu plus de deux cent cinquante planches, sorti dans la collection Big Books de Panini Comics en mars 2009. Urban Comics ont réédité cette histoire en format cartonné en mai 2015. C'est cependant l'édition Panini Comics qui fait l'objet de ce billet.
D'un point de vue éditorial, c'est compliqué. "The Resurrection of Ra's Al-Ghul" comprend les "Batman" #670 et 671, les "Robin" #168 et 169, les "Nightwing" #138 et 139 et les "Detective Comics" #838 à 840 ; curieusement, le #840 (l'épilogue) ne figure pas dans le recueil VO. Panini Comics ont ajouté le "Batman Annual" #26 (excellente idée) et le "Robin Annual" #7 (dispensable, il n'apporte rien à l'intrigue) ; leur édition comprend également l'indispensable #840. Quant à l'édition Urban Comics, si elle inclut l'épilogue (#840), elle ne comprend ni "Batman Annual" #26 ni le "Robin Annual" #7 ; l'éditeur a ajouté le "Detective Comics" #842, qui n'a qu'un lien ténu avec "La Résurrection de Ra's Al-Ghul".
"La Résurrection" est une incursion ("crossover", en bon français), ce qui signifie que plusieurs équipes artistiques participent. Les "Batman" sont écrits par Grant Morrison et dessinés par Tony S. Daniel, les "Detective Comics" par Paul Dini (scénariste) et Ryan Benjamin, Don Kramer et Dustin Nguyen (dessinateurs), les "Nightwing" par Fabian Nicieza, Don Kramer et Carlos Rodriguez, les "Robin" par Peter Milligan, Freddie E. Williams II et David Baldeón, le "Batman Annual" par Milligan et David Lopez, et le "Robin Annual" par Keith Champagne et Jason Pearson.

Lorsque cette histoire commence, Batman a déjà fait connaissance de Damian, le fils - jusque là inconnu - qu'il a eu de Talia Al-Ghul (cf. les épisodes de "Batman and Son" dans "Batman" #655-658). Ra's Al-Ghul, lui, a été assassiné par sa fille Nyssa, qui a, depuis, repris les rênes de la Ligue des Assassins avec sa sœur Talia.
Australie. Devant le trône de Ra's, le Spectre blanc presse Talia ; l'éducation de Damian doit commencer. Talia est réticente ; Damian est un enfant entêté. L'albinos insiste : le garçon doit tout savoir de son grand-père. Il apprend à une Talia surprise qu'il détient des archives qui ont été révisées et complétées par Ra's lui-même. Damian doit s'y plonger. Talia voudrait temporiser ; la puberté de son fils est compliquée. L'albinos refuse d'attendre ; jusqu'ici, l'organisation a été protégée par ses fidèles, mais un adversaire dangereux approche...

L'idée de départ est prometteuse. Les auteurs dévoilent plusieurs secrets concernant Ra's et l'histoire est riche en action, mais le scénario comporte d'importants défauts. Ainsi, les protagonistes passent d'un continent à l'autre avec une rapidité étonnante, laissant une impression de narration trop compressée. Les ninjas, en surnombre, sont de l'insignifiante chair à canon. Alfred, lui, montre d'improbables prouesses au combat. Enfin, passons sur les longueurs. Mais l'intrigue, centrée sur ce personnage encore "frais" qu'est Damian, ici en proie, est passionnante. Les caractérisations sont réussies, les rivalités entre les fils de Batman, présentes. Morrison met à mal notre héros face au Sensei. Les révélations au sujet de Ra's sont surprenantes. Enfin, l'humour n'est pas absent, comme le démontre la présence des "World Public Enemies", des personnages créés en 1966 que Morrison sort ici de l'oubli (une habitude).
Daniel (de par son style moderne, puissant et net) et Nguyen (plus original, plus sombre) sont loin devant les autres dessinateurs. Les visages dessinés par Benjamin sont simiesques. Les dessins de Kramer sont réalistes, mais sans mouvement ni personnalité. Ceux de Williams sont aussi froids que ses fonds de cases sont vides. Pearson, influencé par le manga, exagère les expressions (grandes bouches, grands yeux ronds).

C'est l'excellent et soigneux Jérôme Wicky qui traduit ces pages. Dans l'ensemble, il y a peu à redire, même si les traductions de certains noms des membres de la Ligue des Assassins sont douteuses (cf. "Mousquet" pour "Hook" ou "Étoupille" pour Detonator").

Bien que la qualité des dessins soit irrégulière et qu'il y ait les défauts propres aux incursions, "La Résurrection" est une bonne saga, avec un épilogue brillant. Dommage qu'elle soit mal-aimée. À redécouvrir, avec une préférence pour l'édition Panini Comics.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Présence03 mars

    Je n'aurais pas pensé à utiliser le terme d'incursion pour évoquer un crossover. Je retiens parce que jusqu'ici je ne m'en sortais jamais sans une périphrase pour exprimer ce concept éditorial en bon français.

    World Public Enemies : une référence qui m'avait totalement échappé lors de ma lecture de ces épisodes, merci pour cette précision.

    J'avais aussi trouvé que ce crossover fait tâche dans la suite d'épisodes écrits par Grant Morrison, provoquant une baisse de qualité.

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    1. Oui, mais pourtant, je l'aime bien, moi, cette "Résurrection".
      Et je suis content d'avoir gardé mon édition Panini Comics !

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