"Général Tête jaune" est le dixième tome de la série "Blueberry". Cet album cartonné de quarante-six planches est sorti chez Dargaud en octobre 1971. C'est le quatrième et dernier volume de ce que l'éditeur a appelé (plus tard) "Le Cycle du cheval de fer", un cycle qui court sur près de deux années de publication.
"Blueberry" (anciennement "Lieutenant Blueberry") est une série franco-belge créée par le scénariste Jean-Michel Charlier (1924-1989) et par Gir, le dessinateur Jean Giraud (1938-2012).Dans "La Piste des Sioux", Blueberry est capturé par Steelfingers. Le bandit veut mettre la main sur la paye des mineurs. Le lieutenant gagne du temps pour le camp de l'Union, où Red Neck et Mac Clure envoient un faux télégramme annonçant l'arrivée de l'armée. Les Indiens, informés, comprennent que la victoire leur a échappé. La tension monte et Jethro s'enfuit avec ses hommes. Blueberry convainc alors Nuage rouge de négocier. Les Indiens le libèrent. Il part d'abord récupérer la paye, mais est attrapé par les sbires de Jethro, qui s'empare de l'argent et assomme le militaire. Sachant que des hommes de l'Union approchent, il lui bourre la poche de billets pour le faire accuser. Lorsque Sharp et les soldats retrouvent Blueberry, sa culpabilité ne fait aucun doute. Il est incarcéré à Julesburg, où les ouvriers veulent le lyncher. Dodge intervient à temps et rétablit l'ordre. Blueberry et lui se rendent aux pourparlers, où Sitting Bull innocente le lieutenant. Les négociations finissent par aboutir. Dodge charge Blueberry d'un courrier pour le général Allister. Mais celui-ci annonce au lieutenant que tenant ses ordres de Washington DC, il considère cette trêve comme nulle.
Blueberry, Mac Clure et Red Neck ont été incorporés dans le 7e régiment de cavalerie du général Allister, qui s'est mis en campagne. Les éclaireurs découvrent un camp de Cheyennes où les guerriers sont peu nombreux. Allister donne ses consignes pour une attaque à l'aube. La nuit, Red Neck et Mac Clure, sérieusement éméchés, provoquent un accident avec leur chariot de munitions. Le lieutenant Budinglow, s'apercevant que Red Neck fume malgré les consignes, lui ôte le cigare de la bouche d'un geste brusque. Ce faisant, il envoie le cigare sur une coulée de gnôle qui sort du chariot et celui-ci s'enflamme immédiatement. Blueberry, n'écoutant que son courage, s'empare des rênes et éloigne le fourgon à travers les collines enneigées afin d'éviter le carnage. Il saute au dernier moment. Allister est furieux. L'effet de surprise est gâché. Il menace de faire fusiller Blueberry, dont un officier prend la défense, informant Allister que le comportement héroïque du lieutenant a sauvé de nombreuses vies. En bas, les Cheyennes ont compris l'imminence du danger et lèvent le camp. Le général donne l'ordre d'attaquer...
"Général Tête jaune", avec le personnage d'Allister, évoque George Armstrong Custer, mort lors de la défaite de l'US Army face aux Cheyennes et aux Sioux menés, entre autres, par Sitting Bull et Crazy Horse, à Little Big Horn en 1876. Charlier fait référence à la campagne d'hiver de 1868-1869, notamment à la bataille de la Washita, lors de laquelle femmes et enfants amérindiens furent tués. Outre la ressemblance physique (bien qu'Allister soit bien plus âgé que Custer à l'âge de sa mort), le régiment de cavalerie est le même : le 7e (créé en 1866). Allister est dépeint comme un ambitieux qui veut satisfaire les politiciens de Washington DC en cassant de la "vermine", des "sauvages" et de la "racaille". Malgré cela, Allister montre ses faiblesses trop rapidement pour être irrémédiablement détestable. À cet égard, la scène de la quasi-noyade est particulièrement éloquente, comme ses erreurs tactiques et son indécision due à sa peur panique lors de l'embuscade de la ravine. Le scénario se déroule sans longueur, et l'action, menée tambour battant, s'enchaîne à la perfection.
Scènes nocturnes, poursuites dans des paysages vallonnés et enneigés, contraste entre chute de neige et chariots enflammés, combats au corps à corps, charges de cavalerie, gros plans magnifiques... Giraud s'en donne ici à cœur joie dans une intrigue qui lui permet de montrer l'étendue de son talent sans cesse grandissant. Et que dire de cette couverture splendide, dont le crépuscule de sang se reflète sur la neige.
"Général Tête jaune" est une histoire absolument excellente dans laquelle Charlier et Giraud reviennent sur des pages sombres et un personnage controversé de l'histoire des États-Unis. Les auteurs concluent ce second cycle de la série de façon magistrale.
Mon verdict : ★★★★★
Barbuz
Ça doit faire 30 ans que j'ai lu ces albums, et encore pas tous, et pas dans l'ordre, au gré de mes emprunts à la bibliothèque municipale. En lisant tes articles, je me souviens effectivement avoir été frappé par le plaisir généré par les paysages qui m'avaient à l'époque semblé fort authentiques, ainsi que par les points de vue offerts par les cases.
RépondreSupprimerJe dois dire que mon premier "Blueberry" remonte à plus de trente ans. Je n'ai pas tout lu, loin s'en faut. Pour moi, c'est donc un véritable plaisir de découverte. J'ai hâte de m'attaquer au "Cycle de l'or de la Sierra", mais ça devra attendre un peu.
Supprimer