"La Nuit du 3 août" est le septième tome de la série "XIII". Cet album cartonné de quarante-six planches est sorti aux éditions Dargaud en octobre 1990 ; il fait suite au "Dossier Jason Fly".
La série a été créée par Jean Van Hamme (au scénario), incontournable scénariste de la bande dessinée franco-belge, coauteur de "Thorgal", "Lady S." ou "Largo Winch" - s'il ne faut citer que quelques-unes de ses œuvres - et William Vance (au dessin), illustrateur de séries importantes, telles que, entre autres, "Ringo", "Bob Morane" ou "Bruno Brazil". Assez curieusement, ces deux géants devaient au départ collaborer sur "Bruno Brazil". Vance est malheureusement atteint de la maladie de Parkinson ; il a dû se retirer il y a quelques années.
Dans "Le Dossier Jason Fly", XIII se rend à Greenfalls, une bourgade enneigée où, selon le dossier de Carrington, il aurait vécu, enfant. Pendant qu'il enquête, Jones se fait agresser chez elle par les sbires de la Mangouste. XIII, lui, est formellement reconnu par Zeke Hattaway, l'ancien propriétaire du journal local. Hattaway, aveugle, affirme reconnaître la voix de XIII comme étant celle de Jason Fly. Les confidences sont interrompues par Quinn, le shérif de la ville. Dwight Rigby, l'homme qui tient Greenfalls sous sa coupe, organise la surveillance de XIII, tandis que la Mangouste arrive en ville et fait piéger la chambre d'hôtel de l'amnésique. Ce dernier, s'étant attiré les grâces d'une jolie pharmacienne, se trouve ailleurs au moment de l'explosion. La déflagration déclenche une avalanche qui emporte le véhicule de Jones, en route pour rejoindre XIII. Elle est trouvée par la police locale et envoyée à l'hôpital où elle tombe, par hasard, sur Hattaway. Le second de la Mangouste retrouve sa trace, mais elle se débarrasse de lui. Le rusé tueur, se présentant comme agent fédéral, convainc Ribgy et Quinn, sans mal, d'organiser une chasse à l'homme pour retrouver XIII.
La Mangouste - il se fait passer pour le capitaine Curtis, Quinn et quelques chasseurs (Digby a mis à prix la tête de XIII) se lancent sur le traces de XIII, alias John Fleming, mais sans succès. En fin de journée, Judith, la pharmacienne, rentre chez elle. Elle est surprise par XIII et Jones, qui ont choisi son domicile comme refuge. XIII lui demande de veiller à ce que rien n'arrive à Hattaway. De son côté, il compte fouiller le domicile du vieil homme. Il se souvient des propos que Jones lui a rapportés et se dirige vers l'escalier, dont il soulève la planche de la troisième marche. À l'intérieur, il trouve de vieilles coupures de presse ainsi qu'un journal écrit à la main portant la mention "Pour Jason". Les articles évoquent le procès des Mountrose. Le cahier, rédigé par Zeke Hattaway, évoque sa rencontre avec Jonathan Mac Lane et comment ce dernier a rejoint le Mountain News...
Van Hamme met en parallèle des révélations qui révèlent une tragédie passée et une chasse à l'homme, ou plutôt à la femme, puisque c'est Jones qui est malmenée. Le père de Jason Fly était un journaliste communiste du nom de Jonathan Mac Lane, assassiné par le Ku Klux Klan il y a une vingtaine d'années. La présence d'une cellule de cette organisation au début des années soixante-dix dans une petite bourgade minière perdue dans les montagnes est étrange. Van Hamme évoque, par le biais des Mountrose, les époux Rosenberg, condamnés à mort et exécutés en 1953. Cinq ans plus tard, en 1995, des archives soviétiques apportaient la preuve que les Rosenberg avaient bien envoyé des informations sur l'arme nucléaire à l'Union soviétique, en pleine guerre froide. Pour le reste, Van Hamme déroule son intrigue avec métier et gère le suspense. On craint sérieusement pour la vie de Jones. Mais les choses rentrent dans l'ordre, les mensonges sont dévoilés et la tragédie se conclut dans le sang. L'album n'est pas dénué d'humour, en témoigne la passe d'armes entre Jones et Judith.
Pour Vance, "La Nuit du 3 août" est un recueil à part dans la série, puisque l'artiste alterne les planches mises en couleur par Petra et le noir et blanc. Les passages en noir et blanc sont réussis, mais la couleur convient mieux au style graphique de l'artiste. Il y a beaucoup de scènes d'intérieur dans ce tome ; Vance profite au maximum des quelques scènes d'action en plein air (avec Jones) que lui a laissées son scénariste.
Van Hamme, pour son intrigue, aurait dû laisser certains aspects idéologiques de côté. Il reste malgré tout de "La Nuit du 3 août" une histoire solide, riche en suspense et avec ce qu'il faut d'action, et dont la conclusion a un goût particulièrement doux-amer.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbuz
Seulement 3 étoiles : ça m'aurait étonné de voir la note ainsi baisser si je n'avais pas été moi-même confronté à une baisse de plaisir pour quelques albums dans les séries longues que j'ai lues, comme Caroline Baldwin, Jessica Blandy.
RépondreSupprimerOriginal cette alternance de planches en couleur et de planches en noir & blanc. De nos, ce serait plutôt avec une palette de couleurs différentes pour le temps présent et le passé, ou une teinte sépia pour le passé. Voire, dans les comics, des dessins plus naïfs, ou un dessinateur différent.
La présence d'une cellule de cette organisation au début des années soixante-dix dans une petite bourgade minière perdue dans les montagnes est étrange : au vu du travail de recherche apparent dans chaque tome de la série, peut-être que Van Hamme était tombé sur un article de journal évoquant une telle découverte dans cette décennie ?
Voilà un album auquel je suis peu attaché. J'ai dû le lire trois fois, et je n'ai jamais été emballé plus que cela. Il y a sans doute un peu trop de poncifs à mon goût.
SupprimerIl est effectivement possible que Van Hamme ait découvert un fait divers similaire, qui sait ; en tout cas, je n'ai aucune information à ce sujet.