mercredi 22 mars 2017

XIII (tome 8) : "Treize contre Un" (Dargaud ; octobre 1991)

"Treize contre Un" est le huitième tome de la série "XIII". Cet album cartonné de quarante-six planches est sorti aux éditions Dargaud en octobre 1991 ; il fait suite à "La Nuit du 3 août".
La série a été créée par Jean Van Hamme (au scénario), incontournable scénariste de la bande dessinée franco-belge, coauteur de "Thorgal", "Lady S." ou "Largo Winch" - s'il ne faut citer que quelques-unes de ses œuvres - et William Vance (au dessin), illustrateur de séries importantes, telles que, entre autres, "Ringo", "Bob Morane" ou "Bruno Brazil". Assez curieusement, ces deux géants devaient au départ collaborer sur "Bruno Brazil". Vance est malheureusement atteint de la maladie de Parkinson ; il a dû se retirer il y a quelques années.

Dans "La Nuit du 3 août", XIII, qui enquête toujours sur son identité (grâce à un rapport fourni par Carrington), élucide un meurtre vieux de vingt ans, celui du journaliste Jonathan Mac Lane (peut-être son père), pendu par le Ku Klux Klan local. Un habitant de la ville de Greenfalls, Zeke Hattaway, reconnaît formellement XIII comme étant Jason Mac Lane au son de sa voix (Hattaway est aveugle). XIII répare, autant que possible, les injustices commises par Dwight Rigby, l'homme d'affaires qui tient la ville - et ses habitants - sous sa coupe. La Mangouste, qui était sur la piste de XIII, est arrêté, et Rigby est abattu. Pour XIII, rien ne change : sa mémoire ne revient toujours pas.
Un avocat se présente au quartier haute sécurité du pénitencier de Bluebanks. Le gardien en chef examine ses autorisations et le fait entrer. Le juriste vient voir son client, le détenu numéro 417, qui n'est autre que la Mangouste. Le tueur à gages semble déjà être une légende au sein de la prison. Lorsque l'un des gardiens ouvre la porte de sa cellule, c'est la surprise : l'homme s'est évadé et n'a laissé qu'un graffiti narquois au mur.
XIII finit de dîner avec Wallace Sheridan, le président des États-Unis. Il souhaite que son père, Jonathan Mac Lane, soit réhabilité, mais Sheridan est réticent à l'idée. Cela entraînerait une révision du procès des Mountrose ; l'opinion publique n'est pas encore prête et le souvenir de la guerre froide est encore vivace. Le président est néanmoins conscient de sa dette - et de celle du pays - envers XIII. C'est pourquoi il s'enquiert des projets d'avenir de l'amnésique (qui a reçu une offre pour rejoindre les services du contre-espionnage) et finit par lui proposer de travailler pour lui. Contrairement à ce que pense XIII, il ne s'agit pas d'embrasser une carrière politique, mais de devenir l'homme du président, un homme destiné à des missions confidentielles, qui ne répondrait qu'au président et ne relèverait d'aucune agence. Sa première mission serait d'identifier le numéro I...

Après sept tomes de surprises et de rebondissements, voici enfin l'album qui dévoile l'identité du fameux numéro I. Ce tome n'est cependant pas la réussite que l'on était en droit d'attendre. Le rythme est lent, notamment à cause des longueurs lorsque XIII est pris en filature par Ned Bancroft. L'enquête elle-même s'enchaîne trop facilement, trop rapidement, et l'épilogue, difficilement crédible, ne tient pas ses promesses, d'autant que XIII reste impassible. Le soufflé de la surprise tombe donc rapidement à plat. Van Hamme essaie, avec la sœur du général Carrington et les scènes de ménage entre XIII et Jones, d'introduire un peu d'humour dans ce récit, mais sans réelle réussite. L'histoire ne comporte malgré tout aucune incohérence majeure.
La mise en scène visuelle de cet album pâtit des longueurs de son scénario et de son manque relatif d'action. En conséquence, de nombreuses cases semblent figées, sans impression de mouvement (Vance n'a jamais aimé dessiner les scènes de bureau). Alors, évidemment, lors des quelques scènes d'action (l'évasion de la Mangouste et le naufrage du yacht, pour lequel il adopte un découpage inhabituel chez lui, avec des bandes de biais, technique permettant de renforcer l'impression du navire en train de sombrer), Vance se fait plaisir. La narration graphique reste exemplaire de limpidité, tout comme le sens du détail dont l’artiste fait preuve (paysages soignés, bureau de Sheridan, etc.). Notons le remarquable travail de mise en couleur de Petra.

L'affrontement tant attendu de "Treize contre Un" laissera plus d'un lecteur sur sa faim. Même si la conspiration est maintenant entièrement dévoilée, les aventures de notre amnésique ne s'arrêtent pas là, et sa quête pour retrouver la mémoire continue.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Sa mémoire ne revient toujours pas : il m'avait fallu un petit moment pour capter que la probabilité qu'il recouvre entièrement sa mémoire allait en s'amenuisant au fur et à mesure des tomes.

    L'enquête elle-même s'enchaîne trop facilement, trop rapidement, et l'épilogue, difficilement crédible, ne tient pas ses promesses : une remarque qui fait bien ressortir que c'est l'intrigue plus que le reste qui fait le sel de cette série.

    Vance n'a jamais aimé dessiner les scènes de bureau : d'un côté, ça me semble normal qu'un artiste ne soit pas polyvalent, d'autant que les bandes dessinées exigent qu'il cumule de nombreux postes différents, de metteur en scène à éclairagiste. D'un autre côté, je me dis qu'arrivé à ce stade de popularité, il peut prendre le temps de s'inspirer de grands cinéastes pour y piocher des idées de mises en scène.

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    1. C'est vrai que la mémoire de XIII, c'est un peu comme l'Arlésienne. On attend le déclic à chaque tome, et pourtant rien de définitif ne vient, malgré les lots de révélations à chaque nouveau volume. Un mécanisme qui a permis à la série de durer dans le temps, puisque l'on parle de presque vingt-cinq ans, et encore : c'est sans compter les albums de la reprise.

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