samedi 4 mars 2017

Blueberry (tome 8) : "L'Homme au poing d'acier" (Dargaud ; septembre 1970)

"L'Homme au poing d'acier" est le huitième tome de la série "Blueberry". Cet album de quarante-six planches est sorti chez Dargaud en septembre 1970. C'est le second des quatre volumes de ce que l'éditeur a appelé "Le Cycle du cheval de fer" ; le cycle s'étend sur deux années de publication (jusqu'à fin 1971).
"Blueberry" (anciennement "Lieutenant Blueberry") est une série franco-belge créée par le scénariste Jean-Michel Charlier (1924-1989) et par Gir, le dessinateur Jean Giraud (1938-2012).

Dans l'album précédent, "Le Cheval de fer", deux compagnies de chemin de fer, l'Union Pacific, partie de la côte Est et la General Pacific, partie de la côté Ouest, sont en course pour couvrir le plus de terrain possible. La General ne recule devant rien et a placé une taupe au sein de l'encadrement de l'Union, l'ingénieur Lewis. Le chantier de cette dernière progresse malgré tout, mais se rapproche des territoires indiens. L'ingénieur en chef de l'Union, le général Grenville M. Dodge, fait mander Blueberry pour sa connaissances des Indiens et la confiance qu'il leur inspire. Blueberry devra négocier avec eux. Sur place, il se fait rapidement un ennemi, Jethro Steelfingers, un tueur à la solde de la General. Il le fait arrêter et réussit à ménager un entretien avec les chefs Red Cloud et Sitting Bull. Steelfingers, grâce à la complicité de Lewis, s'échappe et fait capoter les négociations entre l'Union et les Sioux. Blueberry, poursuivi par les Indiens qui le considèrent comme un traître, parvient à fuir et à sauver les ouvriers du camp de tête.
C'est la panique au chantier de l'Union Pacific. La nouvelle du soulèvement des Sioux s'est répandue comme un traînée de poudre et nombreux sont les ouvriers qui veulent partir. Le télégraphe a, semble-t-il, était saboté, empêchant le général Dodge d'appeler des renforts. À l'extérieur des baraquements, la tension monte ; Dodge charge Blueberry de rétablir l'ordre. Le lieutenant commence par argumenter, mais personne ne semble vouloir l'écouter. Lorsqu'il sort son six-coups, Guffie Palmer, directrice d'une troupe théâtrale itinérante, le tourne en ridicule en l'assommant à moitié avec son sac à main. La démonstration d'autorité et de force de Blueberry ayant échoué, plusieurs chariots n'hésitent plus à quitter la ville, malgré ses avertissements. Profitant de la pagaille, Lewis met le feu aux barils de pétrole entreposés dans la réserve. Les hommes encore présents forment une chaîne, mais ne peuvent maîtriser l'incendie ; il ne reste que des cendres du magasin. C'est maintenant la famine qui se profile à l'horizon. Méfiant, Dodge simule un savon à Blueberry et lui ordonne de ramener Guffie et sa troupe. Puis, en aparté, il lui confie la mission d'atteindre Julesburg et d'y organiser le départ d'un train de ravitaillement...

Charlier continue à mettre sous pression le camp de l'Union Pacific et multiplie les épreuves : attaque imminente des Indiens, départs d'ouvriers, destruction criminelle des provisions, etc. Blueberry est chargé d'une énième mission suicide, accompagné de Mac Clure et Red Neck. Charlier introduit ici un nouveau personnage, Guffie Palmer, directrice d'une troupe théâtrale itinérante, sans doute avec pour objectif d'ajouter une petite touche comique et légère à sa saga. La caractérisation de Palmer n'est guère originale : une femme boulotte, haute en couleur, véritable matrone qui ne s'en laisse pas compter. Assez curieusement, c'est l'unique apparition de Guffie Palmer dans le cycle, mais elle revient néanmoins dans d'autres aventures de la série.
Il n'y a que quelques mois entre cet album (septembre 1970) et le précédent (janvier 1970) ; il est donc difficile de noter les progrès réalisés par Giraud. L'encrage reste très appuyé et l'artiste n'hésite pas à utiliser d'importants aplats de noir pour masquer le vide de fonds de cases qu'il ne souhaite pas - ou n'a pas le temps de - détailler, et ce en de nombreux endroits. Cela n'empêche pas le dessinateur de réaliser des planches d'une incroyable richesse (voir notamment la toute première). Quant à l'affrontement avec les Sioux sur la voie ferrée, c'est un grand moment artistique qui a la force d'une scène de cinéma et qui démontre les sens de la perspective et du cadrage qu'avait Giraud. Sans oublier, bien sûr, sa capacité à varier les physionomies.

Cet album, bien qu'il soit peut-être le moins réussi du "Cycle du cheval de fer", est néanmoins une histoire extrêmement solide avec une fin menée tambour battant. La suite est contée dans le neuvième tome et troisième de ce cycle, "La Piste des Sioux".

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Présence21 mars

    Seulement 8 mois entre 2 albums : une sacrée performance !

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    Réponses
    1. Oui, ce cycle, soit quatre albums, a été produit en moins de deux ans.
      Et la régularité dans la qualité est quand même épatante...
      Mais là, je vais faire une pause dans "Blueberry" et essayer d'avancer dans "XIII" et "Thorgal".

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