lundi 27 mars 2017

Le Mercenaire (tome 7) : "Un rêve inquiétant" (Glénat ; octobre 1995)

"Le Mercenaire" est une série de bande dessinée créée et réalisée (scénarisée, illustrée, encrée et mise en couleur) par l'artiste espagnol (catalan) Vicente Segrelles. Elle a d'abord été publiée en Espagne à partir de mars 1981, dans le premier numéro du journal "Cimoc", sous le titre "El Mercenario". En France, elle a été publiée dans le magazine Circus, qui appartenait aux éditions Glénat. C'est chez Glénat que paraîtront les treize tomes de cette série médiévale fantastique (qui peut être, hélas, considérée comme finie), entre 1982 et 2004.
"El viaje" est le titre VO de ce septième tome, sorti en VF sous le titre "Un rêve inquiétant", chez Glénat, en 1995. Il n'a connu qu'une seule édition. L'album compte quarante-quatre planches.

Le Mercenaire, chevauchant son lézard ailé, vole au ras des flots d'une mer calme. Il aperçoit une île vaste, dont les contours émergent d'une légère brume. Elle ne figure pourtant pas sur la carte qu'il a prise avec lui. Comme il lui faut de l'eau et qu'il a besoin de repos, il compte profiter de cette découverte pour faire une halte. La végétation, dense, rend l'approche difficile. Il pose pied à terre et entend de l'eau couler : une source. Il s'y rafraîchit lorsqu'il entend un cri humain. Son épée à la main, il s'enfonce à travers les arbres. Il débouche sur une clairière entourée d'un amas de roche, au bas duquel se trouve l'entrée béante du terrier d'une araignée géante. Impressionné, il hésite quant à la conduite à adopter et pense à déguerpir, lorsqu'un gémissement se fait entendre. Il distingue une forme sous l'immense toile et entreprend de libérer la créature captive à l'aide de son arme. Il dégage ainsi une jolie jeune fille dont des ailes d'insecte émergent du dos. La voyant inanimée, il pense être arrivé trop tard, mais ses réflexions sont interrompues par un couinement, qui précède l'apparition d'une forme velue et hideuse : une araignée monstrueuse, presque de la taille d'un cheval, émerge du tunnel de toile. Le Mercenaire se place en retrait, parvient à la surprendre, et, d'un seul coup d'épée, lui tranche la tête et deux pattes. Il finit sa besogne en enfonçant sa lame dans le corps de la répugnante bête, lorsqu'il perçoit un bourdonnement. Il pense d'abord à une mouche, mais c'est une autre jeune femme avec des ailes d'insecte, qui fait d'abord mine de se cacher. Il parvient à la rassurer et elle se découvre. La jeune fille est intriguée : celui qui a sauvé sa sœur ressemble à un humain, mais il ne communique pas par télépathie et ne porte pas d'ailes. Le Mercenaire réalise qu'il entend son interlocutrice sans qu'elle lui parle. Quand elle lui demande comment il va échapper aux insectes, il répond que son dragon volant peut l'emmener où il le souhaite. Elle lui apprend que sa monture est tombée aux mains des insectes et qu'ils vont la manger, car les insectes mangent tout...

À peine plus d'un an s'est écoulé depuis "Le Rayon mortel". Segrelles a de l'inspiration, beaucoup, même. Parmi les thèmes, l'on retrouve rêve et réalité qui se confondent, le gigantisme, avec des créatures surdimensionnées bien plus terrifiantes (amis arachnophobes, lisez ce tome !) et nettement moins amicales que dans l'histoire précédente. L'auteur mène la vie dure à son personnage, qui affronte une araignée colossale, porte un masque immonde, défie le roi des insectes, manque de se faire broyer par un ver géant, puis croquer par un monstre marin. Comme si cela ne suffisait pas, l'eau de l'île sur laquelle il s'est arrêté est empoisonnée par un minerai radioactif. Mais la structure du récit laisse à désirer, et l'on pourra s'interroger sur la signification (et la nécessité) de la partie centrale (le rêve), avec Arnoldo de Vinci et Nan-Tay. Le lien entre les trois parties n'est pas suffisamment approfondi.
Malgré une couleur parfois très sombre, les dessins sont absolument splendides, avec, toujours, cet hyperréalisme parfois saisissant. Quelques exemples ? La mer de la première case, plus réelle que nature ou la soie de la toile. La série de dernières planches est incroyable, notamment l'hallucinante scène de la lévitation, directement sortie d'un film de science-fiction, dont l'effet hypnotique est renforcé par une narration très décompressée et un remarquable travail sur la couleur. Et que dire des dernières pages, allant de l'effondrement du volcan à la remise en place du château ?

"Un rêve inquiétant" est inspiré, mais mal structuré. Ce tome reste important, car Segrelles, pour la première fois, intègre dans sa série des éléments de science-fiction, qui prendront d'ailleurs une importante croissante jusqu'à la conclusion de cette saga.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Présence25 avril

    Ton commentaire fait remonter mes souvenirs à la surface, et je me souviens avoir également été envouté par la qualité des illustrations peintes, que tu qualifies d'hyperréalisme parfois saisissant. C'est vraiment la qualité picturale qui m'avait attiré dans cette lecture.

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    1. Oui. Dommage que le scénario soit un peu bancal. Mais bon, ce qui prime, chez Segrelles, c'est surtout la qualité des illustrations, évidemment.

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